Plus de 2,5 % de la population mondiale est concernée par un trouble du langage, affirme l’application Helpicto. Parmi les pathologies les plus fréquentes qui affectent la production et la compréhension du langage, on retrouve l’autisme (700 000 personnes en France), la trisomie 21 (70 000), la dysphasie (245 000 enfants en France), l’aphasie (300 000), mais aussi la maladie d’Alzheimer (900 000)*.
C’est face à ce constat que Helpicto a été pensé, avec un objectif bien précis : permettre à toutes les personnes dont la faculté de parler est altérée de communiquer. Comment ? En traduisant les mots en images. En effet, imaginez que vous ne compreniez pas ce que votre interlocuteur vous raconte : cela peut être frustrant, et chez certaines personnes cela engendre des réactions allant jusqu'à la violence. C’est ce que l’on appelle des troubles du comportement, que Helpicto cherche donc à réduire par une meilleure compréhension des consignes.
Imaginez ensuite que vous ne puissiez exprimer ce que vous souhaitez, que vous ne puissiez utiliser des mots pour demander à boire, pour dire vos sensations, pour répondre à une question. Encore une fois, Helpicto a trouvé la parade et propose des écrans faciles à personnaliser avec des pictogrammes et des photos pour s'exprimer.
Un traducteur instantané
À l’origine, Helpicto a été pensé pour Arthur, un jeune adolescent de 16 ans autiste non verbal. En l’occurrence, depuis son enfance, sa mère ainsi que Carine Mantoulan, directrice de l’association InPACTS à Toulouse et son équipe, utilisent un classeur de pictogrammes appelé "classeur PECS". Ce classeur contient toutes les images du quotidien d’Arthur.
À l’usage, plusieurs constats : ces images sont souvent soit perdues, soit abîmées. Créer plus de pictogrammes prend du temps, le classeur est volumineux, et ce n’est pas évident pour la mobilité. Et puis, chercher la bonne image dans les feuillets est fastidieux au risque de perdre l’attention d’Arthur ou de le frustrer. Toutes ces problématiques donnent l’idée à Carine Mantoulan de mettre au point un outil qui permettrait de traduire instantanément ses propos en images, et de les afficher sur un écran tactile.
Pour matérialiser le concept, l’association se rapproche de la société toulousaine Corpus Solutions. En s’appuyant sur les dernières innovations en matière d‘intelligence artificielle, Anthony Allebée et son équipe parviennent à créer dès 2017 Helpicto, avec le soutien financier de la Fondation John Bost. En 2018, la toute première version de l’application est déployée sur les plateformes Android et Apple. Prix du service ? À partir de 14,99 euros par mois pour les particuliers, et 24,99 euros pour les professionnels.
À la recherche de fonds
Depuis, Helpicto a fait ses preuves et cherche à investir les établissements spécialisés. En ce moment, une campagne de financement participatif est d’ailleurs en cours sur Ulule pour aider à financer le déploiement de l’application au sein de l'Institut médicoéducatif (IME) La Convention, à Auch (Gers). Les fonds récoltés devront permettre d’équiper toutes les familles de l’association avec une licence Helpicto. Pendant six mois, les équipes de Helpicto accompagneront aussi les familles et professionnels de l’établissement dans leur usage de l’application. Cerise sur le gâteau : si l’objectif de financement est dépassé, Helpicto sera en mesure de financer d’autres centres. Parce que la communication est l'affaire de tous !
* Données de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale)