32,3 milliards de dollars. C’est le montant des investissements réalisés en capital-risque à destination des startups de la ClimateTech depuis janvier 2021, selon un rapport publié par London & Partners et Dealroom. Depuis l’Accord de Paris, en 2016, les investissements mondiaux dans le secteur ont été multipliés par cinq. Le rapport précise que l’Europe serait le continent avec la plus grande croissance en la matière, puisque l’investissement dans les ClimateTech serait sept fois plus élevé qu’en 2016, passant de 1,1 à 8 milliards de dollars levés par les entreprises. Les startups européennes auraient aussi réussi à attirer une part croissante du capital mondial, représentant 28 % des investissements en 2021, grâce notamment à des levées de fonds records comme celle de Back Market de 276 millions d’euros en mai 2021.
Si ces chiffres sont encourageants, le dernier rapport du Giec est sans appel : il est urgent d’accélérer les efforts de décarbonation de l’économie mondiale pour ralentir le réchauffement climatique. C’est dans cette perspective que s’inscrit Marble, un nouveau startup studio dont le but est d’accélérer le développement de technologies et solutions nécessaires aux secteurs dits " difficiles à décarboner ". Installée à Paris, cette nouvelle structure est créée par le Français Benjamin Tincq, ingénieur et entrepreneur expert des ClimateTech et ancien dirigeant de l’agence Good Tech Lab, et le Britannique Jonny Everett, ancien mentor et manager du programme Entrepreneur First.
Entreprendre pour agir vite
Pour faire émerger de nouvelles innovations de rupture et adresser des défis climatiques complexes, Marble fait équipe avec des profils hybrides d’ingénieurs, de chercheurs et d’entrepreneurs. Le startup studio compte adresser des thématiques aussi diverses que la décarbonation de l’industrie chimique par la bio-production, la captation du CO2 dans l’atmosphère avec un cout énergétique minimal, ou encore l’exploitation de sols agricoles dans les milieux arides.
La structure est financée par un panel international d’investisseurs climat et DeepTech, dont la Fondation Grantham, prestigieux fonds CleanTech américain, David Helgason, fondateur d'Unity Technologies ou encore Alexis Angot, co-fondateur d’Ynsect. À l’occasion de programmes d’une durée de neuf mois, les fondateurs de solutions pour le climat peuvent bénéficier d’expertises techniques et industrielles, d’un soutien opérationnel des équipes scientifiques et business, de mentorat et d’un sourcing optimisé de co-fondateurs.
Par ailleurs, Marble investit 250 000 euros en pré-seed dans les projets qui lui semblent les plus prometteurs. " L'entrepreneuriat est le moyen le plus rapide d’avoir de l’impact à l'échelle mondiale. Mais j’ai rencontré tellement de chercheurs qui souhaitent s’attaquer à l’urgence climatique, sans savoir où démarrer, explique Jonny Everett, par voie de communiqué. Nous avons conçu Marble pour être ce point de départ, aller beaucoup plus vite et éviter les écueils. "
4 startups déjà en création
Marble compte déjà quatre startups en cours de développement, dont voici les projets :
- Steven Bardey, docteur en physique et chimie des matériaux à l’université de Strasbourg, travaille sur une solution d’intégration intelligente du captage et du recyclage du CO2 pour décarboner les matières premières chimiques à haute efficacité énergétique ;
- Jerome Unidad, scientifique qui travaille sur une nouvelle piste pour produire à grande échelle des carburants à faible émission de carbone ;
- Amandine Cadiau, docteure en sciences des matériaux, se concentre sur le développement d’une nouvelle génération de solutions de capture de CO2 à haute efficacité énergétique ;
- Paul Hervé, expert en ingénierie mécanique, développe un projet de brumisation d’eau de mer dans les régions côtières arides pour créer des microclimats stables, terraformer de nouvelles terres agricoles et refroidir les zones urbaines.
Le startup studio est, par ailleurs, d’ores et déjà en train de recruter les futurs fondateurs de ses prochains projets, et les candidatures au programme Founder in Resistance sont ouvertes. À terme, le but de Marble est de contribuer à rattraper le retard de l’Europe en matière de création de spin-outs dans la ClimateTech par rapport aux États-Unis, afin de placer le continent en leader de l’innovation pour le climat. Un objectif que la commissaire européenne à l'Innovation et à la Jeunesse, Mariya Gabriel, nous disait fin janvier 2022 partager. Pour ce faire, Marble va jusqu'à chiffrer son ambition : la structure compte, par ses innovations, éliminer " au moins un milliard de tonnes de CO2 ".