Pour réaliser cette étude, KPMG et Croissance Plus ont recueilli les témoignages de 15 dirigeants d’entreprise française ayant réalisé un chiffre d’affaires de plus de 5 millions d’euros en 2021 et connaissant une croissance de 15 % minimum depuis trois ans. On note également 57 participations à l’enquête qualitative.
Les dirigeants sondés se montrent très optimistes, et envisagent un avenir " radieux ". Et il y a de quoi, puisque 72 % d’entre eux envisagent une croissance de leur activité pour 2022. Seuls 7 % imaginent un ralentissement. Pour maintenir un rythme de croissance élevé sur les deux prochaines années, les entreprises interrogées estiment devoir transformer, en premier lieu, les fonctions marketing et commerciale (49,1 %), IT/Digital (35,1 %) et RH (31,6 %).
Dans cette même optique, la quasi-totalité des participants (97 %) tablent sur un renforcement de leur activité en France et leur expansion à l’international notamment au sein de la zone euro. Un optimisme et une ambition qui seront peut-être remis en question à l’aune du conflit opposant la Russie à l’Ukraine, qui pourrait obliger certains acteurs à revoir leurs intérêts dans ces pays.
Financer son hypercroissance
Malgré ces perspectives encourageantes, gérer l’hypercroissance est un défi, financier comme humain dont les dirigeants d’entreprise ont conscience. Nombre d'entre eux se trouvent confrontés à l’équation entre hypercroissance et financement. Selon les modèles économiques, l’hypercroissance peut générer des besoins importants en capitaux. La R&D, le souhait d’accélérer la conquête de nouveaux marchés, le développement à l’international ou l’acquisition de technologie par la croissance externe nécessitent de nouveaux moyens de financement, dits de haut de bilan, dettes ou equity, note le rapport.
Au cours des dernières années, les sociétés ont pu bénéficier de taux d’intérêt extrêmement favorables qui les ont poussées à se tourner vers ce mode de financement. Ce qui n’est pas sans risque, si la commercialisation d’un produit ou les revenus peinent à arriver dans ses caisses.
"Si les dirigeants ont des projets ambitieux de croissance organique comme externe, qu’ils souhaitent accélérer leur développement à l’international, donner davantage de notoriété à leur entreprise, ou bénéficier de marges de manœuvre financière tout en renforçant leurs fonds propres et en conservant le contrôle de leur entreprise, alors le financement pour les marchés financiers est une option à considérer sérieusement" , met en avant l’étude. Longtemps laissée aux mains des grands groupes, la Bourse attire désormais les scaleups. Waga Energy, Believe ou encore OVH, ont déjà franchi ce cap.
L’année 2021 a été une "année record" pour les marchés d’Euronext (Euronext, Euronext Growth et Euronext Access) qui ont comptabilisé 64 opérations dont 32 cotations de sociétés tech avec une prépondérance de CleanTech et BioTech, précise le rapport. Ce choix permet à la fois d’augmenter son capital, mais aussi d’accroître la notoriété de l’entreprise auprès des investisseurs mais aussi des talents, ce qui n'est pas négligeable dans le contexte actuel. Mais attention : une entrée en Bourse nécessite aussi des capitaux et du temps.
La RSE intégrée à tous les domaines de l’entreprise
"De nombreuses entreprises marquées par une forte croissance intègrent des critères ESG, afin de prendre en compte les enjeux sociétaux dans leur stratégie" , indique le rapport. Et non sans raison. L’intégration de ces critères permet de "renforcer la confiance avec l’écosystème de l’entreprise, l’attractivité de la marque employeur, la capacité à embarquer les équipes et renforcer leur cohésion autour d’un cap stratégique porteur de sens, l’accès à de nouveaux financements et la démonstration d’un positionnement différenciant à travers son engagement sociétal". Aujourd’hui, les consommateurs, clients, talents et même fonds d’investissement recherchent tous de la transparence et des valeurs communes avec les marques.
La moitié des entrepreneurs interrogés souhaitent intégrer leur stratégie RSE dans tous leurs domaines d’activité. D’autres se sont fixées pour cap de devenir entreprise à mission (21 %), de constituer une équipe dédiée à la RSE (19,3 %) et une petite part (8,8 %) visent une labellisation BCorp. "Dans certaines firmes, la RSE fait l’objet d’un plan pluriannuel porté par la Direction et les actionnaires. Car pour certaines entreprises, le choix de ses partenaires financiers est primordial, comme s’adosser à un fonds ISR ou un fonds à impact, pour impulser des transformations de long terme" , précise le rapport. L’environnement est aussi une verticale réellement prise en compte par les entreprises. Le volet IT s’impose aussi comme un facteur de progrès au profit de l’environnement, via la sélection stricte des fournisseurs datacenters et des constructeurs IT.
Si la prise de conscience est bien là, la mise en action est parfois compliquée. Non par manque de conviction ou de motivation, mais parce que les entrepreneurs ne savent pas toujours par quel chantier commencer. Ainsi, 56 % des répondants indiquent ne pas toujours savoir comment s’y prendre et auraient besoin de ressources et de soutien pour structurer cette démarche. Faire appel à un tiers ou créer un poste dédié est parfois nécessaire, afin d’éviter de s’éparpiller sans résultat concret.
"Plusieurs ingrédients essentiels sont remontés par les dirigeants déjà bien engagés sur cette trajectoire responsable : l’implication de la Direction incontournable pour irriguer toute l’organisation, la nécessité de poser un cap et une feuille de route priorisée sur les vrais sujets RSE qui sont sources de création de valeur, au risque de s’éparpiller et ne pas être en cohérence avec la raison d’être et le modèle d’affaires de l’entreprise" , met en exergue le rapport.
L’humain au cœur de la croissance
Afin de les aider à structurer l’entreprise et faciliter la diffusion des messages en interne, les entrepreneurs en croissance qui envisagent de renforcer leurs équipes dirigeantes comptent d’abord capitaliser sur les DRH (40,4 %). D’autres comptent recourir à des experts ponctuellement ou à des consultants externes. Moins d’un quart d’entre eux (22,8 %) souhaitent mettre en place un nouveau type de gouvernance (comité d’experts, comité de direction, etc.).
Les deux enjeux prioritaires des entreprises en croissance sont la mise en place d’une stratégie d’attractivité et de rétention des talents (38,6 %), l’évolution de leur positionnement ou de leur modèle économique et le renforcement de leur internationalisation (26,3 %).
Pour réussir à créer un pool de talents, les entreprises prévoient la mise en place d’un intéressement au capital des meilleurs talents (57, 9 %), d’une politique de gestion des talents et de leur carrière (50,9 %), mais aussi de faire évoluer les méthodes de travail (souplesse des horaires). Un quart d’entre eux prévoit également de renforcer les initiatives favorisant le bien-être des salariés (salle de sport, salle de détente, conciergerie, etc.).
"La dimension humaine passe aussi par la confiance qui doit être placée au cœur de la stratégie d’entreprise, afin de garantir la performance collective et d’engager les organisations vers une transformation durable. C’est par la confiance que l’entreprise en hypercroissance parviendra à mettre en place une gouvernance et un leadership engagés pour se transformer vers un modèle à impact" , souligne également l’étude. Qui propose trois leviers pour engager ses équipes : la concertation à grande échelle, l’incarnation de sa vision - qui passe par l’émotion et la raison - et la capacité à nourrir un discours de preuve pour faire vivre les valeurs de l’entreprise.
Sans ses équipes et donc ses salariés, un entrepreneur ne peut pas concrétiser ses idées ni ses ambitions. C’est à lui que revient d’incarner sa vision, mais aussi ses valeurs et de leur faire infuser dans toute son entreprise afin de motiver et mener ses équipes où il souhaite.