L’investissement s'établit, en mars 2022, à un niveau sans commune mesure avec ce qui a été observé à cette période les années précédentes. Selon nos calculs, les entreprises innovantes françaises ont réuni 1,451 milliard d’euros au cours du mois écoulé. C’est une progression de plus d’un milliard d’euros par rapport aux montants qui avaient été relevés en 2021 et 2020, à savoir 349 millions d’euros et 177 millions d’euros respectivement. Ce qui permet d’allonger la liste de records battus ces derniers mois dans le financement de l’écosystème.
Quelque 77 tours de table ont été annoncés, ce qui est largement mieux que ce qui a été enregistré les deux années passées – avec 67 opérations recensées en 2021 et 37 en plein cœur du confinement décrété en réponse à l’émergence du Covid-19, en 2020. Ces quatre dernières semaines s’inscrivent, en volume, dans la moyenne de ce qui est relevé depuis le début de l’année – 70 opérations en janvier et 80 en février.
Doctolib dope largement la MedTech
Les amorçages se sont maintenus à bon niveau tout le mois, représentant à eux seuls 39% des levées enregistrées (30 opérations). Les séries A ont, elles aussi, poussé comme des champignons : on en recense pas moins de 27, soit 35 % du nombre total de tours de table. Les opérations plus avancées n’ont pas, pour autant, cédé de terrain. On dénombre ainsi cinq séries B, une série C et deux levées en late stage. Le top 10 de mars 2022 est, somme toute, en meilleure forme que celui du mois passé avec trois tours de table de plus de 100 millions d’euros : ceux réalisés par Doctolib (500 millions d’euros, dont une portion non dévoilée a été levée en dette), Deepki (150 millions) et Akeneo (123 millions). À elles trois, elles représentent ainsi plus de la moitié (53 %) des fonds collectés par l’écosystème ces quatre dernières semaines. +Simple (90 millions d’euros, dont une part non dévoilée a été levée en dette) et Weglot (45 millions) suivent à un niveau quelque peu plus modeste.
Contrairement à ce qu’elle nous avait habitués ces derniers mois, la FinTech ne figure pas parmi les secteurs ayant amassé les plus grosses sommes. Elle cède sa première place à la MedTech, qui a amassé 548,3 millions d’euros, quasiment uniquement avec l’opération de Doctolib. Suivent de loin la MarTech (178,3 millions d’euros), la GreenTech (166 millions), l’AssurTech (90 millions) et les technologies RH (75 millions). Un classement qui bouge beaucoup en volume, ces dernières prenant la première place avec 8 opérations. Les secteurs de la MarTech (7), la MedTech (6), la DeepTech, la FinTech et l’IT suivent (5 opérations chacun). Les autres secteurs n’ont pas enregistré plus de 4 levées. À noter que la FinTech déçoit en valeur (46,9 millions d’euros, contre 718,2 millions en janvier et 182,7 en février), comme l’énergie (7,1 millions d’euros, contre 22,3 millions et 25,5 millions).
En ce qui concerne la répartition géographique des capitaux, l’Île-de-France continue de régner sans partage. La région-capitale a attiré 84 % de la somme totale levée en mars, soit 1,2 milliard d’euros. Paris concentre, à elle toute seule, 1 milliard d’euros (soit 71 % du montant total). Quatre autres régions réalisent, plus modestement, un beau mois à leur échelle : les Pays-de-la-Loire (126,2 millions d’euros en 4 opérations), mais également la Nouvelle-Aquitaine (53 millions en 4 opérations), l’Auvergne-Rhône-Alpes (29,3 millions en 11 opérations) et le Centre-Val-de-Loire (9,3 millions en 2 opérations). À l’autre bout du spectre, la Bretagne fait chou blanc pour la première fois en 2022. Normandie, Corse et Outre-mer n’ont eu les faveurs d’aucun investisseur depuis le début de l’année.