29 mars 2022
29 mars 2022
Temps de lecture : 4 minutes
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9,5 milliards d'euros investis dans la FoodTech et l'AgriTech en Europe

Le Digital Food Lab vient de publier une étude sur l’état de l’écosystème foodtech européen. Premier constat : les investissements ont triplé en 2021, portés par le marché de la livraison et l’innovation alimentaire.
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Les années se suivent mais ne se ressemblent pas forcément dans le domaine de l’alimentation. Après une année 2020 vraisemblablement identique à 2019, les investissements ne sont pas seulement repartis à la hausse en 2021 mais ils ont grimpé en flèche. En un an, ils ont triplé, passant de 3,1 milliards d’euros investis en 2020 à 9,5 milliards d’euros investis l’année passée, selon une étude du Digital Food Lab. Résultat, la part de l’Europe dans l’écosystème FoodTech mondial représente désormais 18%, 6 points de plus qu’en 2020. Un niveau jamais atteint, selon l’étude du cabinet de conseils en stratégie pour les entreprises de la FoodTech.

Cette croissance des financements n’a pas seulement profité à une poignée d’entreprises en hypercroissance. L’investissement médian a doublé, passant de 900 000 euros à 1,8 millions d’euros. Ce qui se traduit par une croissance (+59%) des transactions de plus d’un million d’euros (361 en 2021 contre 227 en 2020), un chiffre multiplié par 8 en 7 ans. 

On note également des tours de table plus que significatifs avec 19 opérations de plus de 100 millions d’euros. Ce qui a conduit à l’émergence de sept nouvelles licornes (Flink, Gorillas, Infarm, Oda, PicNic, Rohlic, Swile), sans compter les deux déjà annoncées depuis le début de l’année (Deliverect et Flipdish). On notera également deux exits, réalisés par Glovo et Wolt, qui avaient levé plus de 100 millions d’euros l’année précédente, et deux IPO - celles de Deliveroo et Oatly. Deux types d’opérations qui tendent à souligner une possible concentration des acteurs ainsi qu’une structuration de l'écosystème.

Le rapport rappelle néanmoins que la moitié des startups de cet écosystème sont autofinancées. 

La livraison, principale cible 

L’écosystème FoodTech étudié par le Digital Food Lab comprend de nombreux domaines : AgriTech, Food Science, Food Service, Livraison, Supplychain et les services aux consommateurs. Si on entre dans le détail de l’étude, on s'aperçoit que les investissements n’ont pas ruisselé de la même manière sur tous ces marchés. Le secteur de la livraison attire, à lui seul, 6,1 milliards d’euros, suivi par la Food Science (innovation alimentaire comme la viande de synthès) qui capte 950 millions d’euros et du Food Service (gestion des restaurants, réservation à distance, etc) qui récolte 881 millions d’euros. Le secteur de la livraison a ainsi bénéficié de 67% du montant total investi dans l’écosystème. 

Globalement, l’année 2021 a sonné l’avènement des startups du quick commerce, pourtant arrivées récemment en France. L'entreprise allemande Gorillas illustre parfaitement ce phénomène. Fondée en 2020, elle a déjà levé 1,2 milliard d’euros dont 809 millions d’euros en un seul tour de table. Flink a, elle aussi, signé une opération à 750 millions de dollars en 2021. 

Le développement de protéines alternatives - à destination de l’alimentation animale (avec les insectes) et humaines - suscite l’intérêt des investisseurs. Plusieurs procédés technologiques sont déjà sur la table (substituts, fermentation de précision, agriculture cellulaire, agriculture moléculaire, fermentation de la biomasse) et tentent de répondre à de nouveaux besoins mais aussi à des enjeux géopolitiques et stratégiques (réchauffement climatique, croissance démographique, etc). 

La France, une exception 

L’étude menée par le Digital Food Lab révèle également une disparité dans les pays bénéficiaires. En effet, 75% des investissements sont tournés vers 10 villes européennes (Amsterdam, Barcelone, Berlin, Copenhague, Dublin, Helsinki, Londres, Paris, Stockholm et Tallin). À une échelle étatique, c’est l’Allemagne qui rafle le plus d’investissements (2,7 milliards d’euros) devant le Royaume-Uni (1,1 milliard d’euros) et la France (860 millions d’euros). Chaque Etat possède ses propres caractéristiques et se distingue dans un ou deux domaines d’activité. 

La France fait figure d’exception. Malgré la présence de Cajoo et la Belle Vie, la disruption de la distribution alimentaire n’est pas un sujet majeur, pointe l’étude. Même si Paris est très clairement visé par des concurrents comme Gorillas, Flink, etc. On note également l’absence d’opérations majeures en Food Service mais un haut potentiel concernant l’AgriTech et plus précisément l’élevage et la production d’insectes. L’Hexagone possède plusieurs pépites du secteur dont Ÿnsect, InnovaFeed, Micronutris ou encore Nextprotein qui ont déjà attiré l’oeil de plusieurs investisseurs. 

Autre tendance majeure, la numérisation des systèmes de paiement portée par des startups comme Swile ou Sunday. Un phénomène qui a clairement bénéficié de la pandémie et des restrictions sanitaires. 

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Crédit : Micronutris, plat préparé par Laurent Veyet, chef du restaurant Inoveat.