9 mars 2022
9 mars 2022
Temps de lecture : 5 minutes
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Multi-activité, formation… Comment les Français s’imaginent travailler en 2035

Alors que la transformation numérique a d’ores et déjà chamboulé certaines habitudes des travailleurs, dont certains ont même vu leur métier évoluer, Onepoint explore divers scénarios en la matière pour la décennie à venir. Le cabinet de conseil a fait appel à des experts pour établir ces derniers, qu’il a ensuite soumis à l’avis des Français.
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Les modes de travail sont sujets à de nombreuses mutations. Les outils numériques, aussi bien que l’avènement du télétravail et l’enrichissement des offres de formation sont autant de paramètres qui expliquent ce phénomène. Dans une étude publiée ce mercredi 9 mars 2022, Onepoint revient sur les évolutions à attendre d’ici à 2035. Le cabinet de conseil, expert de la transformation numérique, a confronté quelque 2 000 Français* aux analyses d’une vingtaine d’experts – économistes, sociologues, experts académiques et juridiques, etc. – qui se sont livrés à un exercice de projection pluridisciplinaire. Et dresse un premier constat : les deux tiers d’entre eux jugent que les changements en cours dans la manière de travailler ne suscitent pas suffisamment le débat au sein de la société, au vu de l’enjeu.

1/ L’avènement de la multi-activité

La multi-activité est le premier facteur évalué dans le cadre de l’étude. Le concept désigne le fait de "cumuler plusieurs casquettes professionnelles" et de "jongler quotidiennement entre elles". Alors que le salariat unique a longtemps été valorisé, ce nouveau modèle de travail séduit de plus en plus de Français. Une grande marche reste toutefois à franchir en vue d’une démocratisation selon le rapport paru ce jour, qui met en exergue le fait que 8 % des actifs français exercent au moins deux activités rémunérées de façon concomitante. Cela dit, les trois quarts des sondés pensent que l’on se dirige vers davantage de multi-activité. "En 2035, nos scénarios prospectifs nous amènent à établir qu’un collaborateur combinera en moyenne 2,3 activités différentes chaque jour, avec des statuts multiples" , note l’étude, selon laquelle ce phénomène "traduit la fragmentation des quotidiens des travailleurs".

Cette évolution se fait, de nos jours, déjà sentir à travers la hausse sensible du nombre de travailleurs indépendants actifs en France – ils seraient aujourd’hui un million et pourraient être 1,5 million en 2030, selon certaines projections. L’étude de Onepoint appelle toutefois à "créer des repères à l’échelle individuelle et organisationnelle" de manière à ce que "le développement de la multi-activité n’accroisse pas les inégalités de façon spectaculaire". À la manière dont la crise du Covid-19 a joué en faveur d’une meilleure couverture sociale des freelances, le rapport enjoint à "raccrocher les protections à la personne et non plus au statut". Une réflexion qu’il reste à bâtir, tant le changement de paradigme est important.

2/ Le renforcement de la formation continue

Deuxième aspect à surveiller : la formation continue, à laquelle s’adonnent de plus en plus d’actifs bien qu’une part minoritaire de Français se soit jusqu’ici lancée. Selon le rapport, seuls 37 % d’entre eux se forment régulièrement en suivant des formations au moins une fois par an. Mais ils sont pas moins de 9 sur 10 à estimer que les travailleurs se formeront plus régulièrement à l’avenir. Alors que, pendant des années, "les parcours de vie active linéaires faisaient de l’expérience acquise à un même poste l’unique gage de montée en compétences" , l’avènement de l’apprentissage à distance pendant la crise du Covid-19 a fait "gagner 10 ans de développement au secteur". C’est pourquoi Onepoint met en avant l’enjeu d’autonomisation et de fluidification de l’apprentissage en entreprise d’ici à 2035.

Dans son exercice prospectif, le cabinet pointe le fait que "délivrer le bon contenu au bon moment suppose d’intégrer l’apprentissage dans le quotidien du travail de l’apprenant". Ce concept d’"apprentissage dans le flux du travail" (learning in the flow of work) fait, en effet, son chemin dans le monde anglo-saxon. Il est né de la conviction que les entreprises qui ne seraient pas en mesure d’investir dans la formation de leurs collaborateurs sont vouées à disparaître. "Cette modalité visant à superposer des couches de temps d’apprentissage et de temps productif amène à établir qu’en 2035, un actif consacrera en moyenne 2h48 à sa formation par jour contre 30 minutes actuellement" , note l’étude, abondant en ce sens.

3/ La naissance du travail augmenté

Alors que de multiples professions ont déjà évolué du fait de la transformation numérique, les professionnels du recrutement s’accordent à dire, avec le reste de la population active, que de nouveaux métiers vont voir le jour dans les années à venir. Une assertion réaffirmée dans l’étude de Onepoint, qui relève que 7 Français sur 10 pensent que la majorité des métiers exercés demain n’existent pas encore. Selon les calculs du cabinet, un nouveau métier sera créé pour trois métiers concernés ou substitués par des systèmes automatisés. 42 % des sondés ont affirmé qu’ils constatent déjà des changements dans la pratique de leur métier dûs au développement des nouvelles technologies. "Nos analyses font apparaître que, pour une grande majorité de métiers concernés par l’automatisation, le professionnel se retrouve plutôt augmenté que remplacé" , rassure toutefois Onepoint.

Projetant que 55 % de l’activité professionnelle de 2035 se basera sur des compétences humaines, restées inégalées par la machine, le cabinet met surtout en exergue le fait que 80 % des répondants à son enquête jugent que beaucoup de tâches et de compétences humaines ne seront pas remplaçables par la technologie. Plus des deux tiers des jeunes de 18 à 24 ans (68 %) se disent convaincus que le "savoir-être" de l’être humain gardera l’ascendant sur le "savoir-faire" de la machine. C’est la raison pour laquelle la majorité des Français imagine que l’intelligence humaine conservera sa place centrale dans le futur du travail et restera, à ce titre, une source de création nette d’emplois. Ne serait-ce que ceux qui consisteront à mettre en œuvre l’automatisation et innover au sein des organisations.

* Réalisée en ligne courant janvier 2022, l’étude Onepoint/Kantar Public a sondé quelque 2 000 Français. 1 212 actifs – dont 1 153 en emploi – et 788 inactifs – dont 614 retraités – composent ainsi l’échantillon, qui se veut représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus en appliquant la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne de référence), mais également la stratification par région et catégorie d’agglomération.

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Légende photo :
Ross Findon