En France, les effectifs féminins du secteur du numérique sont bien en hausse depuis des années sans pour autant casser le plafond de verre. Remontés de 12% à 17% entre 2018 et 2020, ces taux restent loin des 20% espérés. Si la bataille n'est pas encore gagnée, "la France commence à rattraper son retard sur ses voisins" , tempère l'autrice de ce rapport Gender Scan, Claudine Schmuck, grâce à une explosion de la demande de produits et services liés au numérique.
Dans le détail, le nombre de femmes augmente timidement dans les emplois de type ingénieurs, avec une hausse de 5% entre 2011 et 2019 contre 16% en Europe. Du côté des emplois manufacturiers de haute technologie, en revanche, les effectifs féminins s'effondrent sur la même période (-14%), alors qu'ils progressent de 13% dans l'UE. La faute, selon Claudine Schmuck, à une "panne globale" de l'industrie en France.
La hausse du nombre de femmes diplômées du secteur du numérique en France (+33% entre 2013 et 2019) constitue toutefois une lueur d'espoir pour l'avenir, relève l'autrice du rapport.
Un équilibre vie privée-vie pro menacé
La crise sanitaire a aussi creusé les écarts du secteur : le sentiment d'équilibre entre vie privée et professionnelle a baissé de 19% chez les femmes ces deux dernières années, alors qu'il est resté relativement stable chez les hommes. Le manque d'encadrement du télétravail au début de la crise a pénalisé les salariées du numérique, détaille Claudine Schmuck, qui gagneraient à être mieux accompagnées sur des questions d'horaires ou de garde d'enfants. Dans ce milieu très masculin, nombre d'entre elles plaident aussi pour un meilleur accès au mentorat ou au coaching, afin de gagner en confiance.
L'enquête relève par ailleurs que 46% des femmes travaillant dans ce secteur ont déjà été victimes de comportements sexistes (propos discriminants, harcèlement sexuel) depuis le début de leur carrière.