Avez-vous déjà entendu parler du Web3 ? Si, pour certains, " ça ressemble plus à un mot marketing à la mode qu'à la réalité ", comme le tweetait Elon Musk en décembre 2021, ce concept dessine pour d’autres les contours du futur de l’Internet. C’est dans la seconde opinion que se positionne Fabien Poggi, ancien élève de la première promotion de l’école 42. Défini comme un Internet décentralisé basé sur la blockchain, le Web3 s’oppose à l’ère du Web 2.0, qui a vu naître la centralisation et le contrôle des plateformes et réseaux sociaux qu’on connait tous, comme Amazon, Apple, Meta ou Google.
Et pas question pour ce geek entrepreneur de manquer l’opportunité que laissent entrevoir " les débuts de ce nouvel Internet, dans lequel on peut encore se lancer pour devenir des pionniers ", insiste Fabien Poggi. C’est pour cette raison que Cédric Cervantes et lui, qui se sont rencontrés sur les bancs de 42, ont décidé de créer Starton en 2020. L’idée ? Développer une API qui permette aux entreprises de se positionner sur la technologie blockchain " en quelques jours de développement seulement " et en permettant à " n’importe quel développeur, expert ou pas de ces technologies, de transformer des applications mainstream en applications blockchain ", promet le CEO.
Et s’ils ont développé cette solution, c’est parce qu’ils ont eux-mêmes expérimenté les problématiques spécifiques liées aux technologies de la blockchain. " À l’origine, nous avons développé un premier produit autour de la finance décentralisée, une plateforme de tokenisation en marque blanche, explique Fabien Poggi. Si le produit a trouvé son public, la startup a rencontré des problèmes techniques liés à la blockchain quand il a fallu scaler, et nous avons dû revoir toute notre infrastructure. " C’est forte de cette expérience que la startup a développé son API et, face à la forte demande des entreprises et développeurs qui la contactaient, a décidé de pivoter pour centrer son activité autour de cette dernière.
" Le métier de développeur est déjà en tension, alors ne parlons même pas de ceux qui sont spécialisés dans les technologies blockchain, il n’y en a que 18 000 dans le monde. Il faut donc trouver des solutions, comme la nôtre, pour permettre aux codeurs qui n’ont pas cette corde à leur arc de pouvoir intégrer plus simplement ces technologies dans leurs systèmes ", avance le président de Starton, qui aime à se comparer à la FinTech américaine Stripe, qui assure le traitement des paiements en ligne pour les entreprises sur l'Internet : " Ce que fait leur API dans le secteur du paiement, nous le faisons pour la blockchain. "
3,8 millions d'euros levés
Et l’ambition de la startup est grande : " Nous partons du postulat selon lequel, demain, toutes les entreprises qui font leur business sur Internet migreront sur le Web3, ce qui entraînera un changement d’architecture et de paradigme du Web, et nous sommes en train de construire les fondations de tout ça, s’enorgueillit Fabien Poggi. Nous comptons bien devenir leader du secteur et référence du Web3 en donnant aux entrepreneurs et développeurs les outils pour créer ce nouveau monde du logiciel. "
Pour commencer à se donner les moyens de ses ambitions, la startup annonce d’ailleurs une première levée de fonds. Si le montant - 3,8 millions d’euros - peut sembler dérisoire à l’aune des tours de tables qui s’enchaînent actuellement dans la French Tech, les noms qui se cachent derrière cette opération montrent que le projet de la startup a su convaincre des investisseurs de renom. " Trop d’investisseurs nous ont approchés, et nous avons donc fait le choix de mêler des entrepreneurs qui ont cartonné dans le Web 2.0 et des précurseurs du Web3 pour engranger les différentes expertises ", justifie le CEO de Starton.
Aux côtés des fonds SpeedInvest, Daphni et Kima Vneutres, la startup compte dans son tour de table Ledger, Arianee, Alexandre Yazdi et Laurent Ritter - les fondateurs de Voodoo -, Rand Hindi - fondateur de Zama et de Snips -, mais aussi Aircall et de Feed, " puisqu’on a aussi besoin de personnes comme Anthony Bourbon [le fondateur de Feed, ndlr] pour nous conseiller dans le personal branding, qui n’est souvent pas trop le fort des équipes très techniques ", s’amuse l’entrepreneur.
Déjà présente dans la liste des Future 40 - ces 40 startups considérées comme les plus prometteuses de Station F sur le campus des 1 000 jeunes pousses incubées -, Starton compte d’abord utiliser cet argent pour recruter une vingtaine de personnes dans les équipes tech et marketing, mais aussi pour améliorer son service, " qui repose sur une technologie qui change très vite et qu’il faut sans cesse travailler pour rester à la pointe ", conclut l’entrepreneur. Et, pourquoi pas, s’internationaliser en recrutant une première équipe aux États-Unis, puisque " la France est un tout petit marché dans ce secteur, on vise le monde ".