On savait déjà que "tout ce qui est petit est mignon" , même si personne ne sait vraiment d’où vient l’étrange dicton. Mais peut-on y ajouter l’attribut de rentable ? C’est en tout cas le message qu’a envoyé la société de biotechnologies MaaT Pharma aux startups françaises, avec son entrée en Bourse sur le marché d’Euronext, à Paris, le 3 novembre 2021.
Il faut dire que cette opération financière vise à faire grandir la jeune pousse créée en 2014, dont le cœur de métier concerne une innovation thérapeutique particulièrement prometteuse pour les patients atteints de cancer, entre autres. Elle conçoit des traitements permettant de restaurer le microbiote intestinal endommagé par les maladies lourdes. Car le microbiote, anciennement nommé "flore intestinale" par le grand public, est un petit concentré de défenses immunitaires.
Objectifs XXL
"Nous sommes très fiers de cette opération, qui nous a permis de devenir la première entreprise microbiote cotée sur Euronext en Europe continentale" , se félicite la directrice financière et des opérations de MaaT Pharma, Siân Crouzet. Pas question pour autant de s’arrêter en si bon chemin, pour la jeune BioTech qui a levé 35,7 millions d’euros sur les marchés. "L’objectif est de toucher une patientèle plus large et de se faire connaître du grand public, bien que le microbiote et ses implications commencent à être de plus en plus connus. En outre, cela nous permettra de structurer la société, qui compte 40 collaborateurs, mais aussi d’augmenter notre visibilité et nos partenariats potentiels, notamment à l’international."
Et d'ajouter : "Notre ambition est de nous maintenir au rang de pionnier et leader dans le domaine de la restauration et la modulation du microbiote dans le cancer, mais également de nous développer sur d’autres indications thérapeutiques dans le futur."
Visibilité et perspectives chiffrées
C’est évidemment le potentiel de cette jeune thérapie - elle est apparue en 2010 - en plein essor qui a attiré les investisseurs institutionnels et privés, souligne Laurent Marty, directeur Entreprises Régions chez BNP Paribas qui a accompagné MaaT Pharma dans son ascension des sommets financiers. "Cette opération fait la démonstration que la Bourse est accessible à tous types d'entreprises et de toutes tailles. C’est une démarche très positive et qui présente beaucoup d'avantages pour toutes les entreprises ayant un fort potentiel de croissance. Pour aller sur le marché, il faut avoir un solide projet d'entreprise et de réelles perspectives de développement : voilà les indicateurs clefs que retiennent les investisseurs."
Un constat partagé par Siân Crouzet, qui conseille toutefois aux startups d’avoir un minimum de visibilité, à 12 ou 24 mois. "Il faut aussi bien évaluer ses besoins de financement, le potentiel de croissance envisagé et la manière dont on compte utiliser les fonds récupérés" , ajoute la directrice. Enfin, souligne-t-elle, une entrée en Bourse nécessite une évaluation de sa propre maturité : "Quel est l’état des entreprises concurrentes sur le marché ? Ai-je les épaules pour gérer ça en même temps que l'opérationnel ? Pourra-t-on répondre aux exigences d'une entreprise cotée par la suite ?"
Un partenaire privilégié
Autant dire que ce parcours nécessite de choisir les bons compagnons de route, indique la directrice financière, qui résume l'entrée en Bourse accélérée de MaaT Pharma (six mois seulement !), comme une "période très intense". Il est donc crucial de s’attacher les services d’un banquier capable d’aller chercher les investisseurs et de bien maîtriser les démarches afin d’obtenir toutes les autorisations auprès des autorités de marché dans les délais impartis. Mais plus que cet aspect obligatoire, souligne Siân Crouzet, c’est un compagnon de route bienveillant qu’il faut trouver. C’est l’une des raisons pour lesquelles MaaT Pharma a fait le choix "d’un partenaire historique, qui l'accompagne depuis la création de l'entreprise".
En effet, explique Laurent Marty, l'accompagnement des banques dans le cadre d'une introduction en Bourse est particulièrement important, car "c’est aussi l’occasion pour l’entreprise de structurer son organisation interne, de s’équiper d’outils de gestion et de pilotage performants, pour délivrer des informations de qualité nécessaires pour rassurer le marché".
L’entreprise et son banquier vont en amont préparer cette entrée en Bourse, poursuit Laurent Marty. "L'introduction en Bourse est précédée d’un travail essentiel qui vise à adapter les structures de l’entreprise sur le plan juridique et comptable, afin d’être conforme avec le cadre réglementaire de la Bourse. Il s’agit notamment de préparer l’évaluation de la société, la rédaction du prospectus, la présentation à l'AMF (Autorité des Marchés Financiers) et Euronext et, bien entendu, d'assurer la coordination de l’ensemble des parties-prenantes à une opération aussi structurante pour l’entreprise."
Tout l’enjeu est ensuite, explique-t-il, "de tester l’appétit des investisseurs et la réactivité du marché. Mais grâce à cette préparation en amont, le processus de présentation aux investisseurs peut se dérouler de façon fluide". Bien accompagnée, l’entrée en Bourse est donc tout à fait jouable de la petite à la plus grande entreprise. Elle représente le début d’une nouvelle aventure entrepreneuriale. Ce que retient Siân Crouzet de cette période, c’est d'ailleurs "une expérience positive qui a permis de fédérer autour d’objectifs communs et d’intégrer de nouvelles compétences".
Maddyness, partenaire média de BNP Paribas