Après avoir longtemps fait la course derrière les Etats-Unis, la France rattrape petit à petit son retard, constate Salomon Aiach. Preuve de cette belle dynamique, les startups françaises ont levé 10 milliards d'euros en 2021, contre 4,3 milliards d'euros en 2020. Des résultats qui ont convaincu le fonds allemand Earlybird, spécialisé dans le financement d’innovations technologiques européennes, de renforcer son positionnement sur la France en y créant un bureau à Paris.
Un fonds d’amorçage
Pas de changement de stratégie à l’horizon. La branche française investira en seed dans les entreprises françaises innovantes oeuvrant dans les secteurs suivants : FinTech, AssurTech, Web3, cryptomonnaie, software et DeepTech. “Énormément de capitaux étrangers arrivent en late stage, surtout lors des gros tours de table, constate Salomon Aiach. En early stage, il y a en beaucoup moins” . C’est aussi leur méthode d’investissement qui a séduit l’ancien de Goldman Sachs et Facebook. “On a récemment fait une opération, hors de France, il n’y avait pas d’équipe, pas de produit. Pour rentrer dans les meilleurs deals aujourd’hui, il faut avoir du courage” , poursuit-il.
Sans compter qu'avec l'argent qui coule à flot, les choses ont changé. “Le pouvoir est passé de l’investisseur à l’entrepreneur, ce qui est génial. Il y a trois ou quatre ans, c’était dur d’être un entrepreneur early stage, il fallait faire le tour des investisseurs. Maintenant, l'entrepreneur a le pouvoir de choisir ses investisseurs” . Ce qui nécessite d'être beaucoup plus réactif. “Autrefois, un deal se concluait en deux ou trois semaines. Maintenant ça doit se faire en 0 à 72 heures” . Avoir un bureau sur place est donc une manière de s’intégrer davantage dans le paysage pour y déceler le plus rapidement possible les jeunes pépites qui feront les licornes de demain. Cette implantation couplée à une force de frappe de 2 milliards d’euros sous gestion laissent envisager de beaux investissements pour les startups qui visent l'Europe.
Aider à craquer le marché allemand
“Au cours des 4 dernières années, les tours de table sont devenus tellement grands que les entrepreneurs pensent immédiatement Europe quand ils se lancent" , constate-t-il. Et l’Allemagne est le premier marché quand on pense extension à l'international pour les sociétés françaises, car c'est le pays le plus important d'Europe en termes de population. "Mais c’est très compliqué de s’y lancer car c’est une culture très différente et un langage différent" , alerte Salomon Aiach. Avoir un fonds allemand à ses côtés peut être un atout de taille. Earlybird ne compte pas se dérober et a clairement l’intention de se positionner comme un soutien pour favoriser le développement et le déploiement de son portefeuille sur le territoire allemand. Il pourra notamment les aider “à recruter des C-level, sur leur stratégie marketing ou acquisition mais aussi sur les enjeux de régulation" , confirme le nouveau directeur du bureau parisien.
Fin connaisseur des FinTech -le fonds est au capital de N26- et d’autres thématiques comme la santé, le fonds allemand dispose d’un bon réseau de partenaires européens et mondiaux, qui répondront présents pour mentorer et favoriser le développement des startups si besoin.
Porte d’entrée pour les startups
De son côté, Salomon Aiach aura pour rôle de diriger la France et ainsi d'être la porte d'entrée pour les startups françaises en quête de financement. “J’aurai trois missions principales en France : faire connaître Earlybird, ouvrir les bureaux mais aussi recruter et investir” . “J’ai une passion pour les FinTech, j’ai été un des premiers employés de la banque en ligne Marcus lancé par Goldman Sachs. J’ai une excellente connaissance et un intérêt pour le consumer, peu développé en France” , confie l'investisseur. En cas de besoin sur une thématique où il n'est pas expert, il bénéficiera également des expertises internes basées à Berlin sur des sujets comme le B2B ou la blockchain. Ce qui laisse un grand terrain de jeu au fonds. “Tant que la startup entre dans nos verticales, est au stade de développement que nous cherchons et dispose d’un marché suffisant” , Earlybirds pourra envisager un investissement.
Salomon Aiach ne sera pas seul à porter ces missions. Une première recrue est déjà là pour l'épauler, Cécile Treboit, passée par la formation Baby VC et nommée investisseur de la Gen Z à suivre par Sifted. D’autres membres devraient les rejoindre prochainement afin de conclure les premiers investissements dans l'Hexagone.