Une startup du Next 40 ne sera bientôt plus française : Frichti a annoncé ce lundi, après des fuites relatées par nos confrères de Bloomberg, être entré en négociations exclusives avec Gorillas en vue d'un rachat. " Avec Gorillas, nous avons trouvé le partenaire idéal pour franchir la prochaine étape de notre expansion mondiale, a réagi Julia Bijaoui, co-fondatrice de Frichti, dans un communiqué. Je ne pouvais pas imaginer une meilleure adéquation, et je suis enthousiaste pour notre chemin à venir en tant qu’entreprise commune. "
Le communiqué laisse entendre que la marque Frichti perdurera, sans l'établir clairement. Une information qui aura son importance : Gorillas étant arrivé en France il y a moins d'un an, au printemps 2021, alors que Frichti est née en France en 2015. Un sondage réalisé en décembre par Yougov plaçait d'ailleurs Frichti en tête des marques de quick commerce les plus connues des consommateurs, juste devant... Gorillas. 13% des consommateurs disaient connaître la marque française, contre 8% pour l'Allemand, les autres services (Cajoo, Flink, Getir...) ne dépassant pas les 5%.
L'opération verrait ainsi naître un acteur puissant de la livraison ultra-rapide, ou quick commerce, en pleine expansion depuis 1 an en France et notamment à Paris. " L'efficacité opérationnelle et l'expertise de Frichti en matière de marques de distributeurs et de produits prêts à consommer permettront de toucher un plus grand nombre de communautés grâce au solide réseau mondial de Gorillas ", s'enthousiasme la marque française dans un communiqué. De son côté, Gorillas a su s'imposer face à ses concurrents, notamment en nouant des partenariats avec des distributeurs traditionnels, comme le groupe Casino qui a même investi dans la startup.
Positionnée à ses débuts sur la livraison de repas que la startup préparait elle-même - contrairement à ses concurrents Deliveroo et Uber Eats -, Frichti, épinglée pour la gestion de livreurs sans papiers en 2020, n'aura eu cesse depuis ses débuts de faire évoluer son service en essayant de trouver des relais de croissance, notamment à travers une place de marché de produits alimentaires.
Alors que le service Kol vient de fermer ses portes, faute d'investisseurs, l'avenir semble dual pour les autres acteurs français du secteur : se faire racheter ou mourir. Malgré des tours de table pour un total de près de 50 millions d'euros depuis sa création, notamment auprès des fonds Alven ou Eurazeo, l'entreprise fondée par Julia Bijaoui et Quentin Vacher, n'aura pas pu résister à la fulgurante ascension et aux poches pleines de Gorillas, qui a bouclé en septembre une levée de 950 millions de dollars (809 millions d'euros). En France, tous les yeux sont désormais tournés vers Cajoo, qui a levé en septembre 40 millions d'euros, notamment auprès de Carrefour.