La crise du Covid-19 laissera des souvenirs douloureux à la quasi-totalité des secteurs industriels. Elle aura pourtant permis un progrès : " Matérialiser dans l’industrie une forme d’engagement sur l’idée du passage à un monde d’après un peu différent, tout particulièrement d’un point de vue de l’empreinte environnementale ", observe Laurent Kraif, CEO de Perfesco. En effet, 85% des entreprises cherchent aujourd’hui des solutions pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, d’après une étude publiée en octobre par le Boston Consulting Group.
L’un des moyens pour y parvenir réside " dans l’optimisation de leur consommation énergétique ", dans des domaines que les industriels " n’ont pas l’habitude d’externaliser, comme l’éclairage ", indique l’entrepreneur. Perfesco, la filiale d’EDF qu’il a fondée en 2014, leur propose justement de " financer des projets énergétiques mal adressés " pour réduire leur empreinte carbone.
Financer la réduction des émissions carbones
Concrètement, Perfesco identifie des " gisements d'efficacité énergétique " chez les industriels et leur suggère des améliorations à apporter, que la filiale d’EDF finance intégralement. Quand le résultat est obtenu et que l’industriel consomme moins, Perfesco se paie alors sur une partie des gains financiers engrangés. " Grâce à ce mécanisme de tiers-investissement, nos clients peuvent conserver leurs fonds pour financer leur cœur de métier, tout en réduisant leur empreinte carbone ", résume Laurent Kraif.
Comme " il n’y a pas de baguette magique pour réduire son empreinte carbone ", poursuit l’entrepreneur, Perfesco n’hésite pas à consacrer plusieurs mois à la phase d’identification de ces gisements, afin de s’assurer qu’ils sont assez conséquents.
Pour y parvenir, la filiale s’appuie notamment sur le Protocole International de Mesure et de Vérification de la Performance (IPMVP), un ensemble de standards créés dans les années 1990 par le ministère américain de l’Énergie, qui recommande aux sociétés de services énergétiques (Esco) " une manière de définir les mesures qui serviront à juger du succès d’un projet énergétique et de vérifier l'atteinte des objectifs fixés ", détaille Laurent Kraif. L’IPMVP, recommandé en France par l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), permet notamment de calculer les économies d’énergie effectivement dues au projet mis en place et non à des facteurs externes au projet comme des aléas climatiques (hiver particulièrement doux, été exceptionnellement frais…).
Une fois le projet validé par le client, Perfesco se met à l’ouvrage. " L’un des premiers projets que nous avons réalisés, en 2015, consistait à transformer l’éclairage d’un site français de General Electric, raconte par exemple Laurent Kraif. Nous avons remplacé tous les éclairages par des LED, ce qui permet généralement de réduire la consommation électrique de manière sensible. Mais ce n’est pas tout : nous avons redesigné l'éclairage sur le site, c’est-à-dire que nous avons fait en sorte qu'il y ait moins de sources lumineuses pour arriver à un éclairage de même densité et de même qualité. "
De plus, l’équipe de Perfesco a installé un système de gestion de luminaires connectés à distance, fourni par Enlighted, une startup américaine dans laquelle EDF avait investi quelques années auparavant et rachetée par Siemens depuis. L’objectif : " Faire en sorte que chaque point d'éclairage soit piloté individuellement afin de réduire les espaces où il y avait parfois de la lumière en pleine journée et ceux éclairés la nuit alors qu’il n'y avait personne alentour ", développe Laurent Kraif.
La facture d’électricité d’un site français de General Electric réduite de 10%
La méthode Perfesco semble payer. " Nous avons réduit de 90% la consommation des éclairages du site et d’un peu plus de 10% la facture électrique globale, tous usages confondus. Et, dans le même temps, nous avons rehaussé tous les niveaux lumineux sur le site, ce qui a permis d’améliorer considérablement la qualité de vie au travail ", se félicite le fondateur qui affirme avoir reproduit la même chose sur de nombreux sites du groupe américain dans l’Hexagone.
Aujourd’hui, la clientèle de Perfesco est constituée de grands groupes industriels, " des entreprises mondiales avec des sites en France ", précise Laurent Kraif, parmi lesquels, outre General Electric, on retrouve Air France, le japonais Toray Industries ou même EDF, la maison-mère de Perfesco, avec qui la filiale travaille également à réduire l’éclairage, cette fois-ci de certains bâtiments au sein de sites de production.
Depuis la tour Légende, siège d’EDF à La Défense, la vingtaine d’employés de la filiale y mène des projets de l’ordre d’un à plusieurs millions d’euros, essentiellement dans l’éclairage des sites industriels, l’optimisation de moteurs électriques et de la consommation de fours industriels.
" Décarboner sa production est une priorité pour l’industrie "
Mais récemment, à l’aune d’une prise de conscience environnementale dont se réjouit Laurent Kraif, les choses s’accélèrent pour la filiale d’EDF. " Beaucoup de nos prospects qui se contentaient jusqu’alors de déclarations d’intention, commencent à passer aux actes, indique-t-il. Par ailleurs, de plus en plus d’industriels nous suggèrent d'appliquer la même méthode que nous avons déployée pour des projets d'éclairage ou de motorisation dans des projets plus proches de leur process (fabrication, assemblage…). Depuis quelques mois, décarboner son outil de production commence à devenir vraiment une priorité pour l’industrie. "
Cette vision d’espoir, l’entrepreneur veut qu’elle profite à d’autres sociétés que la sienne. C’est pourquoi, le 10 novembre, alors que se déroulait la COP26 à Glasgow, Perfesco s’est associé à Microsoft et huit autres partenaires pour lancer l’Environmental Start-up Accelerator, un programme de soutien aux startups engagées dans la réduction de l’empreinte carbone des entreprises, hébergé à la Station F, à Paris. C’est ce qui s’appelle joindre le geste à la parole.
Maddyness, partenaire média d’EDF Pulse