La déclaration en douane relève d'un véritable casse-tête au quotidien pour les importateurs et exportateurs. La moindre erreur dans la classification d'un produit peut entraîner son immobilisation, voire un refus d'importation. Ce qui présente à la fois un surcoût et un risque d'amende. En 2020, les douanes françaises ont effectué des redressements de droits et taxes pour fraude commerciale à hauteur de 385 millions d'euros.
Pour compliquer la donne, les entreprises doivent composer avec une accumulation de nomenclatures et de textes. Le socle commun, le système harmonisé de l'Organisation mondiale des douanes (OMD), est complété par des règles propres à une zone géographique comme le tarif intégré de l'Union Européenne (Taric). À cela s'ajoutent des renseignements tarifaires contraignants (RTC) pour chaque pays et, enfin, des documents annexes comme les jugements de la Cour de justice européenne.
Un tel enchevêtrement de règles donne parfois des résultats ubuesques. "L'importation d'olives, qu'elles soient brutes ou préparées, ne relève pas du même code douanier", illustre Loïc Poisot, PDG de Customs Bridge, une startup qui aide les entreprises à maîtriser les enjeux financiers et de conformité liés au processus de dédouanement. Plus gênant encore, "un même pistolet à colle peut renvoyer, en fonction des États membres européens, à deux chapitres différents." Un vrai problème pour les entreprises.
L'IA, réponse à la phobie administrative ?
Créée en octobre 2020, Customs Bridge a décidé de faire appel aux technologies d'intelligence artificielle pour s'affranchir de cette complexité douanière. Son moteur de recommandations suggère ainsi des propositions de classement. Dans le futur, il sera capable de demander, si nécessaire, des informations complémentaires comme le poids ou la puissance d'un produit pour affiner la description et les résultats associés.
"L'IA est là pour assister l'humain, lui faire gagner du temps, mais ce dernier reste le décideur final”, complète Loïc Poisot. “Notre solution en mode SaaS a pour vocation de simplifier la douane en assurant à une entreprise qu'elle parle le même langage que cette dernière."
Customs Bridge s'adresse aux industriels, aux chargeurs, aux importateurs et aux transitaires. Son interlocuteur en entreprise est directement le dirigeant pour une PME ou le Responsable douane chez un grand groupe. La startup compte notamment le groupe BBL (transport international) parmi ses références.
Sur sa feuille de route R&D, Customs Bridge entend aller encore plus loin dans la simplification des démarches douanières. "Au-delà du classement, il s'agira d'indiquer pour un produit donné quelles sont les restrictions à l'exportation ainsi que les mesures à respecter comme les normes sanitaires", explique Loïc Poisot. La startup, qui emploie actuellement 9 personnes, finalise une levée de fonds pour se développer en Europe dès 2022.
Jusqu'à 100 000 euros de crédits technologiques
Pour développer sa solution, la jeune pousse lilloise a bénéficié du soutien d'OVHcloud via son Startup Program. Le fournisseur d’accès au Cloud qui est récemment entré en Bourse octroie jusqu'à 100 000 euros de crédits technologiques aux startups sélectionnées dans son programme d’accompagnement, utilisables sur ses solutions Cloud. Customs Bridge a ainsi eu la possibilité d’entraîner et exécuter ses modèles d’IA sur les services IA & Machine Learning d’OVHcloud et notamment AI Training. Ce qui permet aux startups partenaires de développer de nouveaux modèles d’IA ou d’optimiser les performances de modèles déjà existants directement sur les infrastructures d’OHVcloud.
Pour rentrer dans ce programme, Customs Bridge a tout simplement participé à un concours de pitchs organisé à Lille par CITC-EuraRFID, un cluster dédié à l’Internet des Objets. La startup est arrivée finaliste de cet événement, qui comptait sur un jury de différents experts dont Fanny Bouton, responsable de l'OVHcloud Startup Program France BeNeLux.
"Nous étions une des premières entreprises à utiliser la version préliminaire de cette offre. En tant que bêta testeur, nous avons aidé à l'améliorer en remontant des bugs", précise le dirigeant de Customs Bridge. En parallèle, la startup exploite des instances de l'infrastructure d'OVHcloud pour exécuter ses modèles en production. Elle a aussi recours aux services du fournisseur pour son infrastructure interne ou le partage de documents.
Le programme d'OVHcloud ne se limite pas à la mise à disposition de ressources techniques. Il prévoit jusqu'à vingt heures d’accompagnement spécifique. En termes de réseautage, le fournisseur agit comme un facilitateur et Customs Bridge a pu participer à des webinaires et être invité à VivaTech. Il facilite aussi la mise en relation avec des experts en propriété intellectuelle ou des acteurs du financement comme des sociétés de capital-risque.
La souveraineté nationale, un enjeu-clé
Entre OVHcloud, dont le siège est basé à Roubaix, et la jeune société lilloise, Loïc Poisot voit, bien sûr, une proximité régionale mais surtout un enjeu de souveraineté nationale. "En tant que startup, nous devons nous battre contre des concurrents solidement implantés à l'international. C'est un peu David contre Goliath. Il semblait pertinent de nous rapprocher d'un acteur français plutôt que d'un hyperscaler américain", affirme-t-il.
La localisation des serveurs sur le sol français constitue, par ailleurs, un argument qui peut être potentiellement décisif pour les clients de Customs Bridge avec la menace du Cloud Act et du principe d'extraterritorialité propre au droit américain. Si, pour le moment, la startup ne stocke pas de données clients, elle pourrait être amenée à le faire demain en proposant un outil de télédéclaration avec des champs pré-remplis et une aide à la saisie. La souveraineté des serveurs devient alors un enjeu clé, puisque, selon le Cloud Act, si les données sont stockées sur des serveurs américains, elles peuvent être consultées sans justificatif par la justice américaine.
Pour s’inscrire au Startup Program d’OVHcloud, c’est ici.
Maddyness, partenaire média d’OVHcloud.