C’est un nouveau venu dans le monde du capital-investissement français. AFI Ventures a vu le jour en novembre 2020. Le fonds est le fruit d’un partenariat entre trois acteurs bien connus de l’écosystème startups : le réseau d’incubateurs locaux La Ruche, la compagnie d’assurances britannique Aviva – à travers sa filiale tricolore – et le fonds de capital-risque Ventech. "Tout est parti du constat que beaucoup de projets sont positionnés sur le social et l’environnement, un créneau qui attire moins de capitaux que d’autres, explique Charles Fourault, partner. Nous avons l’ambition de structurer l’amorçage, jusqu’en série B." Pour ce faire, AFI Ventures a réalisé un closing à hauteur de 15 millions d’euros. Un montant que la structure veut "doubler d’ici à la fin 2021 pour réaliser un investissement par mois".
Un ticket moyen de 250 000 euros
AFI Ventures investit d’habitude des tickets compris "entre 150 000 et 500 000 euros, avec une moyenne autour de 250 000 euros". Avant de réaliser un investissement, la structure applique une "grille d’analyse visant à déterminer l’intention des entrepreneurs en matière d’impact et au regard des critères ESG [Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance]". Un processus qu’ont traversé les huit jeunes pousses qui composent le portefeuille. Parmi elles : Colette, qui propose une solution de colocation intergénérationnelle visant à créer du lien social et faciliter l’accès au logement; Faircraft, qui crée du cuir en laboratoire à partir de cellules souches pour éviter la souffrance animale; ou bien WildSense, dont l’outil permet aux exploitants forestiers de faire une veille sanitaire pour préserver la biodiversité.
Climat, lien social, consommation durable… Ce sont autant de sujets que compte investir AFI Ventures, en entrant au capital de 90 sociétés à l’horizon 2028. "Nous allons amplifier l’impact du fonds au travers du volume d’opérations, indique Charles Fourault, qui précise co-investir aux côtés de business angels et d’autres fonds. Nous prenons rarement le lead et nous n’avons pas de velléités de jouer un rôle actif, comme le fait d’être au board." De précédents tours de table l’ont mené à collaborer avec des fonds tels que Blue Wire, Elaia ou Citizen Capital. AFI Ventures réaffirme sa volonté de devenir "un accompagnateur des entreprises sur le volet impact" , estimant son expertise "complémentaire vis-à-vis de celle des VCs traditionnels". Il s’agit d’aider à identifier les indicateurs structurants au plus tôt, ainsi que les bons outils et la méthodologie visant à ne pas dévier d’un modèle vertueux.
Un prisme technologique… mais pas que
AFI Ventures utilise un outil qui permet de mesurer les indicateurs d’impact des sociétés en portefeuille, quelle que soit leur verticale. "Cela permet de suivre leur évolution dans le temps, puis de faire connaître les résultats à nos LPs" , souligne Charles Fourault, qui met l’accent sur les "modèles scalables" au moment d’investir. Le fonds, qui affiche un prisme technologique marqué, ne s’interdit pas de voir bien plus large en matière d’innovation for Good. "L’impact peut être direct ou indirect. Un changement dans la chaîne de valeur est parfois aussi intéressant qu’une révolution systémique" , pointe le responsable du fonds, qui reconnaît toutefois rechercher des entreprises "en forte croissance". Sans partager ses objectifs chiffrés en matière de retour sur investissement, Charles Fourault se dit "convaincu que la performance est assurée" et que "le fonds prendra la trajectoire les acteurs classiques".
Le partner, qui a précédemment co-fondé 50 Partners Capital, peut compter sur Damien Roch – lui-même passé par Rocket, Numa ainsi que Ventech – pour l’épauler dans ses opérations. Charles Fourault juge l’écosystème impact "bouillonnant, comme l’écosystème tech l’a été avant lui entre 2010 et 2015" . Alors que les projets se multiplient, l’investisseur avance que "l’impact se structure à son tour" . AFI Ventures veut croire que l’alliance mise en place entre La Ruche, Aviva France et Ventech jouera un rôle dans ce phénomène.
En sus des 90 startups qui recevront un investissement de la part du fonds, 300 autres seront accompagnées par AFI Factory. Cette structure sœur, dotée de quelque 7 millions d’euros de budget à date, est un accélérateur pour les sociétés du domaine. De quoi contribuer à créer, comme Charles Fourault l’appelle de ses vœux, "un écosystème français vertueux".