À bas les plans quinquennaux de formation. Avec sa plateforme et sa solution dite de collaborative learning — une méthodologie d’apprentissage dans laquelle les membres d’une entreprise partagent leur savoir et leur expertise — 360Learning veut se différencier des solutions comme Openclassrooms ou Coursera qui proposent des cursus de formation clé en mains. Un concept qui a déjà séduit 1500 clients (LVMH, Aircall, Veolia). Son atout repose sur sa plateforme technologique qui offre aux collaborateurs la possibilité de signaler les formations qu’ils veulent suivre et même de se former entre eux.
Nick Hernandez, co-fondateur de la structure avec Guillaume Alary-Raisonnier, nous détaille la stratégie qu'il va déployer grâce à la levée de 200 millions de dollars annoncée ce 21 octobre, et réalisée auprès de ses investisseurs historiques dont Bpifrance, XAnge, Educapital et des nouveaux fonds entrants, Sumeru Equity Partners, SoftBank Vision Fund 2 et Silver Lake Waterman. Le déploiement passera par l'Europe, l'Amérique du Nord et du Sud mais aussi en Asie et en Océanie avec l'Australie. Elle ne compte cependant pas que sur ses investisseurs pour y arriver mais aussi sur l'acquisition de pépites locales.
Utiliser les compétences de ses salariés
"Les formations en ligne proposant des contenus à étudier à distance et des tests représentent aujourd’hui la majorité du marché. Ces expériences fonctionnent de manière silotée et sont trop descendantes" , lance Nick Hernandez pour introduire la solution de 360Learning. “Nous ne réalisons pas de formation en propre, nous nous concentrons sur la technologie. Nous nous sommes appliqués à rendre notre plateforme la plus collaborative possible. Les salariés peuvent indiquer leurs besoins en formation, voir celles demandées par leurs collègues et voter pour celles qui leur paraissent les plus pertinentes. Ce qui permet aux managers de voir, en temps réel, ce dont ont besoin leurs équipes pour avancer” .
Mais aussi à d’éventuels experts ou spécialistes de se positionner sur le sujet et de proposer leur propre formation, de manière totalement volontaire et autonome. “En général, réaliser une formation prend 17 minutes, l’expert peut ensuite organiser une session de questions/ réponses pour échanger avec les collaborateurs” . L’avantage est évident : les formations répondent aux usages réels et immédiats des collaborateurs et peuvent être réalisées facilement, en interne avec un expert à disposition pour échanger. Ce système peut aussi “renforcer la confiance de l’expert dans ses capacités” et lui permettre d’évoluer dans son poste.
360Learning s’appuie aussi sur un autre outil, sa technologie. “Nous récoltons énormément de données sur la plateforme grâce aux commentaires des participants, à leur retour sur les formations suivies, etc. Les analyser nous permet de mettre en exergue les points des formations qui ne conviennent pas et ainsi de pouvoir les faire retravailler , détaille Nick Hernandez. Demain, nous pourrons peut-être même comprendre pourquoi l’explication ne convient pas”.
Entreprises recherchent talents désespérément
Les nombreux changements intervenus durant la pandémie et les confinements - comme la mise en place de mesures sanitaires - ont obligé les entreprises à adapter leur process, note Nick Hernandez. Mais pour l’entrepreneur, un virage plus profond est en train de s’opérer. “Tous les CEO se rendent compte que leur premier problème actuellement est le recrutement de personnes possédant les compétences dont ils ont besoin” , surtout dans ce contexte de reprise économique.
Si le départ à la retraite des baby boomers est une des raisons avancées pour expliquer cette pénurie de talents, le CEO de 360Learning met en exergue deux autres points : la perte d’attractivité des entreprises traditionnelles et les mutations technologiques. “Il y a deux ans, le monde de l’automobile a lancé une stratégie pour développer l’électrique, aujourd’hui on parle de décarboner toute la chaîne de production. Il faut des compétences pour répondre à ces virages technologiques de plus en plus rapide” , insiste t-il. Les jeunes diplômés seraient en quête d’une équipe plus que d’une entreprise au sein de laquelle ils pourraient perpétuellement apprendre et enrichir leurs connaissances. En devenant collaborative, “la formation devient un vecteur et un moteur de la culture d’entreprise'" car elle permet d’initier un échange de compétences.
L’Asie et l’Amérique du Sud en ligne de mire
Deux ans et demi après une levée de fonds de 40 millions d’euros, 360Learning a bien évolué. Plus de 3 millions de formations sont suivies chaque mois par les collaborateurs de ses 1500 clients (LVMH, Galeries Lafayette, Aircall ou encore Veolia). Pas question de se reposer sur ses lauriers pour autant, la startup ne cache pas son ambition de devenir leader mondial de son marché. Pour gravir les prochains échelons, elle vient de réaliser un tour de table de 200 millions de dollars auprès de ses investisseurs historiques dont Bpifrance, XAnge, Educapital et de nouveaux fonds, Sumeru Equity Partners, SoftBank Vision Fund 2 et Silver Lake Waterman. Le choix de ces derniers n’est pas anodin.
“Sumeru a une grande notoriété aux États-Unis et a déjà accompagné deux startups françaises qui ont très bien réussi aux États-Unis, Talend et Kyriba. Ils sont très pointus dans leur domaine. De son côté, SoftBank est très présent au Japon et en Australie” , analyse le CEO. Leurs connaissances de ces pays devrait aider 360Learning à s'attaquer à ces territoires.