Hydrogène, semi-conducteurs ou encore batteries électriques : Emmanuel Macron a détaillé ce 12 octobre les secteurs prioritaires pour "faire émerger les champions de demain" , face aux concurrences chinoise et américaine et aux critiques sur le "déclin" de la France. Le président de la République a présenté, à six mois de l'élection présidentielle et pendant près de deux heures, son plan France 2030 devant près de 200 chefs d'entreprises, ministres, élus, étudiants et chercheurs, réunis à l'Elysée. Avec une enveloppe de 30 milliards d'euros, le Président a esquissé trois défis auxquels l'industrie doit répondre : "climatique, démographique et des inégalités" .
"Il y a aujourd’hui un déficit de croissance potentielle, un déficit public, un déficit du commerce extérieur : ce triple déficit se nourrit depuis des décennies, a exposé le chef de l'État. La clé pour y répondre, fait-il mine de s’interroger, c’est d’avoir une stratégie macroéconomique d’innovation industrielle qui permette justement de produire ses résultats."
Emmanuel Macron a ainsi égrené dix objectifs industriels afin de "mieux produire, mieux vivre, mieux comprendre le monde en servant un humanisme français et européen" :
- développer des réacteurs nucléaires de petite taille;
- devenir leader de la production d'hydrogène vert;
- décarboner l'industrie;
- produire 2 millions de véhicules hybrides et électriques;
- produire le premier avion bas carbone;
- investir dans une alimentation "saine, durable et traçable";
- créer 20 biomédicaments contre les cancers et les maladies chroniques;
- déployer une stratégie culturelle pour faire face aux plateformes étrangères de streaming;
- miser sur la recherche spatiale mais aussi des fonds marins;
- augmenter la capacité de composants électroniques.
Réconcilier startups et industrie
La logique de France 2030, a-t-il expliqué, est de "réconcilier cette France des startups" , objets de toutes les attentions depuis le début du quinquennat, et "cette France de l'industrie" , qui se sent parfois délaissée et ne représente plus que 13,5% du PIB contre 22% en Allemagne. "L’opposition que j’entends encore dans nos débats publics entre les startups et l’industrie est une opposition du XXe siècle" , a tancé le chef de l'État.
Le chef de l'État souhaite ainsi miser à la fois sur les acteurs industriels existants, les "laboratoires publics" et les "startups privées" . Emmanuel Macron a récemment souligné que le "super vaccin" de Pfizer avait été "inventé par une startup allemande qui a une dizaine d'années" tandis que l'autre vaccin ARN messager, celui de Moderna, a également été mis au point par une jeune entreprise américaine qui "a 10 ans d'âge" .
"Innovations de rupture, innovations technologiques et industrielles sont beaucoup plus liées qu’on ne l’avait pensé jusqu’alors" , a-t-il encore estimé au moment de faire le bilan de la crise. "La France a longtemps pensé qu’elle pouvait se désindustrialiser en continuant à être une grande nation d’innovation et de production. Je crois qu’il est établi que c’est faux. Quand on se désindustrialise, on perd la capacité à tirer de l’innovation dans l’industrie et donc de l’innovation."
Un "rêve possible" à concrétiser rapidement
Il s'agit donc de fixer "un objectif à 10 ans d'être les meilleurs du monde sur telle technologie de rupture, telle innovation, tel développement industriel" , avait-il ajouté jeudi dernier au forum annuel Bpifrance Inno Génération (BIG) à Paris. Pour faire éclore ces champions "français et européens" , France 2030 vise à se déployer rapidement avec le déblocage de 30 milliards d'euros afin "qu'en 2030 il y ait déjà des projets sortis de terre" , selon l'entourage du président. Une première partie de cette enveloppe, de l'ordre de 3 à 4 milliards, sera intégrée, par amendement, au projet de budget pour 2022, actuellement en discussion au Parlement.
La crise sanitaire "nous a fait toucher du doigt notre vulnérabilité" et "notre dépendance vis-à-vis de l'étranger" , a relevé Emmanuel Macron. "On doit rebâtir les termes d'une indépendance productive française et européenne" , a-t-il enjoint, estimant que "nous avons un besoin impérieux d'accélérer les investissements publics créateurs de croissance et d'emplois" . Avant de conclure que ce plan France 2030 était "quelque chose qui relève du rêve possible, de l’ambition faisable" .