6 octobre 2021
6 octobre 2021
Temps de lecture : 4 minutes
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Winequity, le nouveau fonds qui mise sur les startups fondées par des femmes

Les présidentes du réseau Femme Business Angels, Cécile Bassot et Florence Richardson, annoncent la création d’un fonds d’amorçage dédié uniquement aux startups comptant au moins une femme dans l’équipe fondatrice.
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Aux États-Unis, les fonds d’investissement dédiés aux femmes et aux minorités se multiplient pour tenter de mieux répartir les capitaux accordés aux startups prometteuses. C’est notamment le cas de Backstage Capital, le fonds créé par Arlan Hamilton, qui n’investit que dans des startups fondées par des femmes, des personnes noires et/ou LGBTQ+. " J’ai toujours trouvé ça fou que 90% des fonds de capital-risque aillent à des hommes blancs, alors que, dans le monde réel, l’innovation et l’intelligence ne sont pas répartis comme ça, s’indigne-elle. Si les autres VC peuvent voir cela comme un problème, j’y vois les plus grandes opportunités d’investissement ! ".

Et ce genre d’initiatives, encore timides dans la culture universaliste française, pourraient bien se multiplier. C’est en tout cas ce que souhaitent développer Florence Richardson et Cécile Bassot, présidente et vice-présidente du réseau Femmes Business Angels, qui viennent d’annoncer la création du fonds Winequity, dont la principale thèse d’investissement repose sur le fait de n’investir que dans les startups qui comptent au moins une femme dans l’équipe fondatrice.

Chercher aussi la surperformance

On sait qu’on va passer à côté de beaux dossiers fondés par des équipes masculines, mais nous sommes toutes les deux convaincues de la performance, voire de la surperformance, des entreprises cofondées par des femmes, explique Cécile Bassot. On veut porter et mettre en lumière ces projets ", poursuit l’investisseuse, qui se désole de voir plus de 90% des capitaux européens levés aller dans des équipes entièrement masculines, selon le rapport annuel du fonds Atomico. Avec Winequity, les deux entrepreneuses, qui détiennent déjà chacune une trentaine de participations dans des startups en tant que business angels, investissent dans des startups en phase d’amorçage, avec des tickets allant de 100 à 200 000 euros pour accompagner des levées entre 500 000 et 2 millions d’euros.

Avec Femmes Business Angels, on milite depuis 2003 pour plus de mixité dans l’environnement de l’investissement, poursuit Florence Richardson. Ce réseau présente déjà des statistiques encourageantes et atypiques par rapport aux autres fonds français puisqu’entre 30 et 50% des projets soutenus ont une équipe fondatrice mixte ou féminine ". Avec Winequity, les deux business angels ont voulu pousser le curseur encore plus loin, en faisant de la présence d’une femme dirigeante une condition sine qua non de l’investissement. " Je ne connais pas de société d’investissement en France dont la thèse est aussi engagée ", ajoute-t-elle.

Si la phase d’investissement n’a pas encore commencé et que les premiers dossiers sont à l’étude, " Winequity, avec sa majorité de femmes actionnaires, apportera une vraie féminisation des instances de gouvernance et d’accompagnement, comme les comités exécutifs et stratégiques, ce qui permet aussi aux startups qui partagent nos valeurs de développer leurs performances à travers la mixité ", insiste Cécile Bassot. 

Éliminer les projets qui trouvent preneur ailleurs

Si ce nouveau fonds ne se limite pas en termes de secteurs d’investissement, il sera, par nature, plus " attirant " pour des secteurs comme la FemTech, qui se concentre sur les initiatives liées au bien-être et à la santé des femmes et peinent souvent à lever des fonds dans les instances d’investissement. " On regardera ces sujets avec grand intérêt et, dans une démarche de co-investissement avec d’autres fonds, on pourra apporter ce regard féminin à des investisseurs intéressés par le domaine mais qui n’ont soit pas les compétences pour déceler les bonnes initiatives soit sont encore lestés par le poids des tabous qu’engendrent ces thématiques ", précise Cécile Bassot.

Avec Winequity, les investisseuses affirment surpasser les engagements des fonds français. " Il y a une prise de conscience sur la nécessaire féminisation des investissements et c’est une bonne chose, poursuit Florence Richardson. Mais il est difficile de mettre en place des politiques pour féminiser son portefeuille quand les équipes sont majoritairement masculines et ont donc forcément des biais dans leur façon de regarder les dossiers ". Winequity précise au passage " devancer les objectifs de féminisation des fonds signataires de la charte Sista, puisqu’on s’oblige, dès le départ, à éliminer une grande partie des projets, qui pourront trouver des capitaux ailleurs ", conclut Cécile Bassot. " Sans cet engagement fort, on risque de perdre de vue notre objectif et de ne pas aller jusqu’au bout : il faut y aller à 100% et ne pas diverger de notre thèse initiale pour agir réellement ".

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Légende photo :
Florence Richardson et Cécile Bassot, fondatrices de Winequity.