C'est fait : trois mois après le départ de Kat Borlongan, la French Tech a une nouvelle tête. C'est Clara Chappaz, actuellement Chief business officer de la licorne Vestiaire Collective, qui reprendra le flambeau à partir du 1er novembre. Elle a notamment été préférée à Louis Fleuret, qui continuera d'assurer l'intérim jusqu'à l'arrivée de la nouvelle directrice. Et elle aura fort à faire pour se démarquer de sa prédécesseur, qui a largement contribué à faire décoller la French Tech pour en faire un hub incontournable de la Tech européenne et mondiale.
Bienvenue à @ClaraChappaz dans la grande aventure d’@LaFrenchTech ! L’objectif : massifier l’accompagnement et faire grandir, encore, toujours et partout notre écosystème. Il en va de notre prospérité et de notre souveraineté. Au travail :fusée: #FrenchTech https://t.co/tWgbHZpLcW
— Cédric O (@cedric_o) September 30, 2021
Comme avec Kat Borlongan, Bercy a donc fait le choix d'une personnalité issue de l'écosystème plutôt que d'un profil politique pour mener à bien la Mission French Tech. Clara Chappaz a ainsi obtenu l'assentiment du jury de sélection, dans lequel siégeaient notamment plusieurs entrepreneurs, à l'instar du fondateur d'Alan, Jean-Charles Samuelian, mais aussi de Cédric O qui l'a investie pour un mandat de trois ans. Pour la French Tech, ce processus de sélection et le profil choisi seraient des gages d'indépendance, à l'aube d'une période si particulière - celle de la campagne présidentielle. D'autant que si Emmanuel Macron confirme être candidat à sa réélection, la réussite de l'écosystème startup devrait forcément devenir un argument politique... Il sera temps de juger à ce moment-là de la liberté d'action de Clara Chappaz.
Elle devrait être relativement limitée, comme le laisse supposer le fait que ce soit Cédric O qui a détaillé aux Échos la feuille de route de la nouvelle directrice plutôt que de lui laisser prendre elle-même la parole sur ce sujet. Le secrétaire d'État au numérique a fixé le cap : davantage de startups accompagnées (1000 d'ici fin 2022 contre 200 aujourd'hui, à travers le Next 40, le French Tech 120, le Green 20 et le French Tech Tremplin), davantage d'entrées en Bourse, davantage de collaborations entre startups et grands groupes et une meilleure formation des talents tech.
Un rayonnement international
Le parcours de la future directrice de la Mission French Tech laisse aussi penser qu'une des priorités pour le bras armé de l'innovation tricolore sera de renforcer son rayonnement à l'international. Passée par le Royaume-Uni, la Thaïlande et les États-Unis - où elle a créé Lullaby, une place de marché de vêtements de seconde main pour enfants - elle devra reprendre la route pour fortifier les capitales et communautés French Tech en région et à l'étranger. Car si la marque French Tech est devenue un atout d'attractivité, l'écosystème parisien en est encore le principal bénéficiaire - à la fois en termes de capitaux levés et de talents recrutés.
Cette nomination atteste aussi de la détermination de Bercy à mettre la French Tech sur les rails de l'impact. Lors de l'ouverture du France Digitale Day, la semaine dernière, le secrétaire d'État au numérique, Cédric O, avait rappelé combien cette notion serait déterminante dans l'émergence d'un modèle alternatif à ceux proposés aujourd'hui par les entreprises Tech américaines et chinoises. Et alors que les méga-tours de table se multiplient, pour la plupart au bénéfice d'entreprises bien loin d'avoir un quelconque impact autre qu'économique sur la société, la nomination de Clara Chappaz, qui est de longue date convaincue par la seconde main dans le secteur de la mode, constitue un signal fort.
Priorité à l'hypercroissance
Avec Clara Chappaz, Bercy a aussi fait le choix d'une enfant du sérail, représentative de l'écosystème. Âgée de 32 ans, la fille de Pierre Chappaz, qui a cofondé Kelkoo - vendu à Yahoo! - et Teads - vendu lui à Altice en 2017 - est diplômée de l'Essec et de Harvard. " C'est dommage qu'il y ait encore peu de femmes dans la tech car on sait que plus une entreprise est diverse, mieux elle réussit " , a commenté Clara Chappaz auprès de nos confrères des Échos. Difficile pour elle d'incarner cette diversité, même si elle espère promouvoir la féminisation de la Tech.
Elle travaille surtout depuis près de trois ans pour l'une des entreprises les plus en vue de la French Tech, Vestiaire Collective, qui a enchaîné les levées de fonds conséquentes jusqu'à sa dernière opération de 178 millions d'euros, révélée la semaine dernière. Qui de mieux que celle qui était, jusqu'à l'année dernière, responsable de la croissance d'une licorne pour mener celle de la désormais mythique French Tech ? Le ton est donné. L'avenir de la French Tech sera l'hypercroissance ou ne sera pas.