Un récent sondage réalisé par Yougov souligne l’attention grandissante portée par les consommateurs français sur les engagements environnementaux pris par les entreprises. Et ils ne sont pas les seuls : les investisseurs se montreraient, eux aussi, plus attentifs à leurs actions en faveur de l’environnement. C’est ce qui ressort de l’étude menée par HBSC auprès de 2000 entreprises européennes cotées en Bourse et d’investisseurs institutionnels.
Des entreprises (enfin) conscientes de leur responsabilité
Pointées du doigt pour certaines de leurs pratiques - comme le gaspillage - les entreprises semblent avoir conscience de leur rôle sur l’environnement. L’étude de HBSC révèle, en effet, que la quasi-totalité des entreprises (97%) jugent qu’il est essentiel pour elles d'opérer une transition vers un modèle plus durable d’ici 5 ans. Un quart d’entre elles indiquent même travailler sur leur neutralité carbone. La pandémie a modifié leur vision de leur responsabilité sur ces enjeux précis (82%). Mais d’autres facteurs les poussent à repenser leur modèle : 78% pointent les avantages financiers en matière d’amélioration des rendements et de réduction des risques, 64% notent également une attente de la part de leurs clients.
Tous les investisseurs s'intéressent de près aux questions climatiques et aux engagements pris par les entreprises. Pour des raisons un peu différentes cependant car les exigences réglementaires arrivent comme première justification (65%), suivie de très près par la pression des clients (64%) et des employés (62%). Les avantages financiers en termes d’amélioration des rendements et réduction des risques n’arrivent que loin derrière (46% contre 78% du côté des entreprises).
Des investisseurs en quête de transparence
Pour évaluer l’engagement des entreprises, les investisseurs s’intéressent essentiellement à deux points : les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) et la transparence des entreprises. Si le premier point est important, les investisseurs en tiennent beaucoup moins compte que l’an dernier - 26% contre 39%. La majorité d'entre eux (65%) se montrent, par contre, particulièrement attentifs à la communication et à la transparence des entreprises concernant leurs actions et leurs avancées alors qu’un tiers d’entre eux s’y intéressaient l’an dernier. Leur regard ne se porte pas uniquement sur l’environnement, ils observent également l’équité des rémunérations (52%) et les éléments relatifs à la santé des salariés (57%).
Si les entreprises européennes sont globalement satisfaites de leur degré de communication sur ces enjeux (69%), 20% d’entre elles envisagent de s’améliorer sur ce point. Côté investisseurs, le bilan est moins positif : 40% d’entre eux jugent les informations de qualité, 23% estiment qu’elles sont excellentes et 37% insuffisantes. Il reste donc un peu de travail.
Fait intéressant souligné par l’étude, les investisseurs européens feraient plus facilement confiance aux entreprises et à leur communication alors que leurs homologues Américains, par exemple, sont moins confiants et demandent des gages de changement concret des entreprises avant d’y investir. Une exigence portée par une crainte accrue de greenwashing de la part des sociétés.
L’énergie, un secteur visé par les investisseurs
Entreprises et investisseurs tirent les leçons du changement climatique en cours qui devrait se traduire par des changements parfois radicaux dans leur développement. Quelque 58% d’entreprises européennes estiment qu’elles abandonneront certaines de leurs activités confrontées aux enjeux environnementaux et 78% qu’elles se tourneront vers des activités avec des externalités moins nocives pour l’environnement.
Dans cette logique de neutralité carbone et de réduction de leur impact environnemental, les investisseurs se disent particulièrement intéressés (90%) par les projets d’énergie durable. Un tiers se sont d’ors et déjà positionnés sur le sujet. Mais les solutions visées sont un peu différentes de celles de la dernière décennie. Si les projets d'énergies renouvelables comme la production d'énergie éolienne, solaire, marémotrice et hydroélectrique, ont jusqu’ici dominé les investissements, des projets de technologies émergentes attirent leur attention. On en note déjà trois principaux : la capture et le stockage du carbone (59 %), l'énergie solaire (39 %) et les véhicules et transports électriques (38%).
L'appétit de l'Europe pour les investissements dans les infrastructures durables est un signe encourageant pour atteindre l’objectif de réduction des émissions nettes de gaz à effet de serre à zéro d'ici 2050, souligne le rapport de HBSC. Celui-ci pointe, plus largement, une croissance de l'appétit des investisseurs dans la finance durable.