Avec un closing de 250 millions d'euros réalisé auprès d'investisseurs institutionnels — Allianz, Generali ou encore Maif — Bpifrance, de plusieurs fonds de pension, de 50 family offices et d'entrepreneurs, Gaia Capital Partners passe un cap. Le fonds change d'envergure et symboliquement de nom, pour prendre celui de Revaia. "Gaia est un nom grec très utilisé qui fait référence à la déesse mère. Avec Revaia, nous avons un nom unique qui marque notre ambition de financer des nouveaux champions de la technologie ", indiquent les deux fondatrices. Alice Albizzati et Elina Berrebi sont fières de souligner qu'il s'agit d'un des plus gros montants levés par un fonds européen détenu par des femmes. Ce capital leur offrira la possibilité de renforcer leurs positions et élargir leur spectre d'investissements.
Déjà une licorne
En janvier 2020, Maddyness dressait le portrait de Gaia Capital Partners. À l'époque, le fonds avait déjà réussi à sécuriser 100 millions d'euros. De quoi leur permettre de poursuivre leurs investissements malgré la pandémie. "L'année a été chargée, nous avons réussi à réaliser 10 investissements dans différentes thématiques, toujours avec une dimension technologique. Nous comptons même notre première licorne avec Aircall, nous avions participé à son précédent tour de table et au dernier qu'elle a mené" , développe Alice Albizatti.
Dans le portefeuille de Revaia, on trouve également le très remarqué réseau social Yubo ou Planity. "Nous avons également recruté plusieurs personnes, nous sommes une quinzaine aujourd'hui et nous avons ouvert un nouveau bureau à Berlin. " D'autres recrutements sont d'ailleurs en cours, sur la partie opérationnelle comme investissement.
Former les équipes à la diversité
Après ces dix premiers investissements, dans la FinTech ou les réseaux sociaux, Revaia va se focaliser sur la santé, le climat et la diversité pour les cinq derniers investissements à effectuer. "La diversité est un véritable challenge pour nous" , reconnaît en toute transparence Alice Albizatti. L'objectif du fonds est clair : investir dans davantage de startups avec "des backgrounds variés" .
Cette ambition sera inscrite dans le pacte d'actionnaires avec une intention d'inclure au board des personnes issues de la diversité. Pour avancer sur ce sujet, l'ensemble de l'équipe de Revaia sera formée sur cette thématique pour développer des actions à mettre en place auprès de son portefeuille et apprendre à déceler et déconstruire leurs propres biais. L'autre enjeu majeur sera de soutenir financièrement les pépites dont les fondateurs et fondatrices sont issus de la diversité. "C'est une démarche pro-active de notre part. Ce sera à nous d'aller les chercher" , confie la co-fondatrice.
La Bourse comme ligne de mire
Revaia ne cache pas son objectif : financer des pépites de la tech qui ont déjà fait leurs preuves, ambitionnent un développement rapide à l'international et, pourquoi pas, une entrée en Bourse. Pour mener ces deux objectifs de front, Alice Albizzati et Elina Berrebi ont fait appel à des operating partners, à New York et Toronto notamment, pour aider les entreprises soutenues à se lancer et se développer aux États-Unis.
Pour accompagner ses participations sur l'aspect technique de la cotation, Revaia a noué un partenariat avec Sycomore AM. "Ils ont des experts spécialisés sur ces questions. Nous faisons appel à leurs services lorsque des entreprises envisagent cette voie" à la fois longue et complexe. "Nous avons toujours souhaité faire collaborer le private equity et la cotation" , reconnaît Alice Albizatti. L'introduction en Bourse en Europe débute tout juste pour les startups européennes et plus particulièrement françaises et c'est loin d'être un long fleuve tranquille. Believe en a fait les frais, avant de se ressaisir.
Une charte d'investissement responsable
En écho au nom originel du fonds - Gaïa, la Terre - la structure souhaite financer des startups technologiques avec une dimension responsable, au niveau environnemental ou social. Les deux associées n'utilisent pas seulement les critères ESG pour analyser les dossiers qu'elle reçoivent, elles ont développé une série de 80 critères en collaboration avec leur partenaire, Sycomore AM, "un fonds très engagé sur cet aspect précis" .
Ensemble, ils ont ainsi établi une charte qui repose sur trois niveaux : le modèle financier (le tech for good), les pratiques proposées (le good in tech) et la trajectoire. "Nous ne sommes pas un fonds à impact, nous ne cherchons pas à investir dans les sociétés les plus vertueuses mais dans des startups qui cherchent à améliorer leur engagement et leur responsabilité ESG. " Les critères seront d'ailleurs analysés au fil du temps pour identifier les changements effectués par l'entreprise financée.