C'est le cinquième candidat déclaré à la primaire Les Républicains : Denis Payre, entrepreneur à succès, compte bien peser dans la difficile équation de la droite en vue de l'élection présidentielle de 2022. De manière pragmatique, il souligne que son objectif premier est " d’animer cette primaire pour que Les Républicains aient un programme gagnant en 2022 " . Une candidature " surprise " selon plusieurs médias puisqu'il n'est encarté au parti de droite que depuis vendredi 27 août ! Mais l'engagement de l'entrepreneur, fondateur notamment de l'association Croissance Plus et du mouvement politique #NousCitoyens, n'a rien de nouveau.
" Je souhaite relever trois défis majeurs, esquisse Denis Payre dans un communiqué officialisant sa candidature, révélée par Le Figaro. D’abord celui d’une réforme de l’Etat au sens des trois administrations (Etat, Collectivités Locales, Sécurité Sociale [sic]), pour assurer la prospérité. Je souhaite ensuite travailler à retrouver l’unité du pays en réparant les principales fractures. La première est celle entre les métropoles et le reste du pays. Enfin, dernier défi, je souhaite travailler à une transition énergétique rapide et acceptable socialement. " Autant de combats préfigurés par ses engagements passés.
Co-fondateur - avec Bernard Liautaud, aujourd'hui partner du fonds Balderton - en 1990 de l'éditeur de logiciels Business Objects, il anticipe deux révolutions : d'abord celle de la data, l'entreprise permettant aux salariés d'extraire des données du système d'information de leur entreprise sans recourir systématiquement aux équipes informatiques ; ensuite celle de l'actionnariat salarié, la société ayant très tôt fait le choix d'associer un grand nombre de salariés au capital. Denis Payre peut aussi se targuer d'avoir été le premier entrepreneur dont la société tricolore a été cotée au Nasdaq, dès 1994.
Il a déjà pesé sur des décisions politiques
L'entrepreneur est loin d'être un novice du combat politique. Certes, ses batailles n'ont pas été menées dans le cadre de partis mais il a des idées bien arrêtées sur un certain nombre de sujets et ne s'est jamais caché de les mettre à l'agenda des décideurs. Cela a été le cas dès 1997 avec la création de Croissance Plus, association de dirigeants d'entreprises en forte croissance - des scaleups avant l'heure. À l'époque, il est engagé dans un bras de fer avec l'administration après la décision du gouvernement Juppé, en 1995, d'appliquer rétroactivement des cotisations sociales sur les stocks-options. Grâce à la mobilisation de Croissance Plus, Denis Payre obtient du gouvernement Jospin, arrivé au pouvoir après la dissolution de l'Assemblée en 1997, l'abandon de la mesure.
C'est aussi un fervent opposant à l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), sujet qui a longtemps agité la classe politique avant sa suppression en 2017, après l'arrivée à l'Élysée d'Emmanuel Macron. C'est notamment cette taxe qui a motivé Denis Payre à s'exiler en Belgique entre 1998 et 2008. Il n'est revenu en France qu'à la faveur d'un plafonnement de l'ISF.
En 2013, l'entrepreneur replonge dans la politique en créant le mouvement "Nous, citoyens" , en réponse au " Moi, président " de François Hollande, entre temps élu à la plus haute fonction politique. Le mouvement, qui ne se déclare ni de gauche ni de droite, présente des listes lors des élections européennes de 2014, où il obtient 1,41% des suffrages. Dans la foulée, Denis Payre cède sa place à la tête du mouvement, laissant certains de ses soutiens désabusés.
Je n’étais pas dans une démarche personnelle mais collective avec l’objectif de peser sur la Présidentielle 2017 ce que nous avons réussi. Cette fois ci je suis prêt à aller jusqu’au bout, j’ai compris qu’il faut être là avec ses convictions pour avoir un effet maximum. https://t.co/k0wuyCPNwL
— Denis Payre (@DenisPayre) August 29, 2021
Un challenger issu de la société civile
Depuis, Denis Payre a ajouté une nouvelle corde à son arc : celle de l'écologie, grâce à son entreprise Nature and People First, qui est active en France mais aussi aux États-Unis et développe une technologie de stockage d'énergie grâce à des stations de pompage d'eau.
Autant d'arguments que l'entrepreneur utilise dans sa déclaration de candidature pour s'ériger en recours pour la droite. " Je pense être capable d’inventer un État moderne encourageant les fonctionnaires à donner le meilleur d’eux-mêmes dans un environnement agile et digital pour rendre un service efficace. Mon expérience du monde me permettra de plaider efficacement pour que les règles du commerce mondial prennent en compte les normes sociales et environnementales pour les industries stratégiques ", argue-t-il. Et à celles et ceux qui doutent du sérieux de ce challenger des ténors du parti Les Républicains, il assure qu'il est décidé à " aller jusqu’au bout ". " Si je suis élu, je suis prêt à servir mon pays pour un mandat. "