Valneva est sur la rampe de lancement. La BioTech, dont le siège social se situe près de Nantes, a annoncé ce lundi 23 août 2021 avoir déposé au Royaume-Uni une demande d’autorisation progressive de son candidat-vaccin contre le Covid-19. VLA2001, c’est son nom, fait actuellement l’objet d’un essai clinique de phase III outre-Manche. Les résultats définitifs sont attendus d’ici au "début du quatrième trimestre 2021" , selon l’entreprise, qui espère se voir octroyer une autorisation de mise sur le marché britannique d’ici à la fin de l’année. Aucune BioTech française n’est, jusqu’ici, arrivée à ce stade d’avancement dans la quête d’un vaccin contre le Covid-19. Même le groupe pharmaceutique Sanofi, fleuron de l'industrie tricolore, a été contraint de repousser la sortie de son produit face à des essais jugés "décevants" début 2021. Reste que le Royaume-Uni a perçu le potentiel de Valneva avant la France, ce qui lui a permis de préempter des doses.
Le Royaume-Uni a soutenu Valneva
Dès le mois de septembre 2020, Valneva avait indiqué avoir reçu des financements – plusieurs dizaines de millions d'euros – de la part du gouvernement britannique dans le cadre du développement de VAL2001. Ce lien permet à ce dernier de réserver jusqu’à 190 millions de doses d’ici à 2025 – un contrat à 1,6 milliard d’euros. Il aurait, à ce jour, déjà "commandé quelque 100 millions de doses à livrer en 2021 et 2022" . L’investissement a incité la BioTech à implanter l’usine chargée de produire son vaccin à Édimbourg (Écosse), tandis que les opérations de remplissage et de conditionnement se tiennent dans la banlieue de Stockholm (Suède). Dans un entretien aux Échos, le président-directeur général de Valneva, Franck Grimaud, a estimé "avoir mis en place les processus pour remplir [ses] engagements" vis-à-vis du Royaume-Uni malgré les "risques de tension au niveau mondial sur l’approvisionnement" en matières premières.
Sa capacité à produire suffisamment de doses pour répondre à la demande d’autres pays que le Royaume-Uni interroge toutefois. Tandis que les négociations avec la Commission européenne se poursuivent, la BioTech chiffre son besoin de financement à 300 millions de dollars selon Les Échos. Forte d’une capitalisation boursière de 1,35 milliard de dollars, elle a déjà levé 90 millions d’euros au Nasqad au printemps 2021 pour se financer face à l’inertie de l’État français.
Valneva est la troisième société la plus importante de l’indice européen Next Biotech et la première française, devant AB Science. Et son directeur médical, Juan Carlos Jaramillo, se veut rassurant : "Nous estimons que chacun devrait avoir accès à la technologie la plus adaptée pour se protéger contre ce virus. Nous travaillons activement pour que notre candidat-vaccin soit disponible le plus rapidement possible" , indique-t-il dans un communiqué. Avec deux produits déjà commercialisés, Valneva fait état d’une solide expérience en matière de vaccins à virus inactivé et adjuvantés.
Cette technique, plus éprouvée que l’ARN messager utilisé par les vaccins anti-Covid les plus répandus à l’heure actuelle – ceux de Pfizer-BioNTech et Moderna –, est de nature à rassurer les gouvernements. La BioTech a une carte à jouer, malgré le retard accumulé face à ses concurrents. Afin de rester dans la course sur le moyen terme, elle a déjà initié un essai clinique de phase III complémentaire afin de "générer des données d’utilisation chez les personnes âgées" – et jauger l’éventuelle baisse d’efficacité quelques mois après l’injection.
Valneva cherche, en parallèle, à "évaluer des vaccins sur la base des variants" du Sars-CoV-2. Pour s’assurer que son vaccin soit exploité en deuxième ligne, quand des rappels seront effectués, la startup prend part à une étude financée par le gouvernement britannique pour établir la liste des produits répondant à cette indication. Pour mémoire, VAL2001 devrait d’abord être autorisé pour les 18-56 ans. Franck Grimaud a assuré aux Échos que "cela arrivera très vite, en 2022, pour les plus de 56 ans et adolescents".