L’introduction en Bourse, ou IPO en anglais, est l’un des Graal des entreprises tech du monde entier. Si elle présente de nombreuses opportunités, elle répond à un cadre juridique et à des contraintes précises en fonction du marché sur lequel elle a lieu. Parmi les caractéristiques d’une IPO, le choix de son implantation géographique en est une essentielle. Si les mastodontes de la technologie sont en grande majorité américains, les marchés financiers de l’Oncle Sam n’en sont pas moins un eldorado pour les entreprises de la tech en Europe.
De l’importance du contexte et de la réalité de l’entreprise
Quand ? Comment ? Où ? C’est à ces questions qu’on doit répondre en priorité avant de lancer un processus d’IPO. Comme toutes les étapes de développement d’une société, l’IPO s’inscrit dans une réalité à un temps donné, du marché comme de l’entreprise elle-même.
Le choix de la place de cotation doit ainsi correspondre à l’ADN de l’entreprise, à son activité et ses débouchés business et à ses ambitions de développement. Selon Camille Leca, les marchés européens sont de plus en plus friands d’entreprises tech : "Il y a un vrai appétit des investisseurs actifs sur les marchés européens pour les entreprises technologiques. Elles représentent l’économie de demain, et figurent une nouvelle génération d’entrepreneurs qui suivent les exemples de leurs aînés ou transposent les modèles américains en osant franchir le pas ambitieux d’une IPO" . Les chiffres corroborent cette analyse, puisqu’en 2020, 64 entreprises tech se sont introduites en bourse sur les marchés d’Euronext. Et cette bonne dynamique se poursuit depuis le début de l’année, avec d’ores-et-déjà des nouvelles opérations annoncées, comme celle d'OVH.
Autre élément de contexte favorable à l’Europe, l’attrait de plus en plus grand des investisseurs individuels pour la Bourse. Camille Leca y voit une aubaine : "La crise sanitaire a mis en lumière nombre d’entreprises à forte valeur technologique. D’un côté, de l’e-santé au télétravail, le numérique a pénétré nos vies à vitesse grand V. De l’autre, on remarque que les confinements ont souvent donné lieu à plus d’intérêt de la part des particuliers pour la bourse en général, et pour les entreprises technologiques en particulier. Les investisseurs privés sont donc aujourd’hui plus actifs que jamais et le volume d’investissements privés a doublé sur ces 18 derniers mois."
L’Europe : un marché plus accessible et qui répond aux besoins de financement
Le contexte n’est pas pour autant le seul élément à prendre en considération pour choisir son marché. Un processus d’IPO est complexe et normé. Mais là aussi, le processus d’introduction en Bourse n’est pas identique d’une place à l’autre. Ainsi aux États-Unis, la réglementation est plus stricte qu’en Europe, notamment en ce qui concerne les exigences de reporting ou de divulgation d’informations financières. Les coûts d’introduction y sont en moyenne deux fois plus élevés qu’en Europe. Les risques juridiques, notamment en termes de responsabilité du dirigeant peuvent y être supérieurs également.
Certes, le marché américain est plus profond, et accueille plus d’entreprises technologiques. Mais il est aussi plus volatil, comme le précise Camille Leca : "Les entreprises tech qui entrent en bourse aux États-Unis sont mieux valorisées, mais il faut aussi préciser qu’elles y entrent généralement plus tard. Elles sont plus matures, plus développées et offrent ainsi plus de garanties aux investisseurs. Il y a plus d’acteurs, plus de choix, et donc moins de droit à l’erreur. Si les investisseurs se désintéressent d’une valeur, il devient très difficile de remonter la pente. Les marchés européens ne présentent pas ce caractère si variable" .
Euronext - qui rassemble les bourses de Paris, Amsterdam, Bruxelles, Lisbonne, Dublin, Oslo et Milan – permet de de bénéficier de d’un bassin d’investisseurs très international et de programmes d’accompagnement avant la cotation, comme le décrit Camille Leca : "Nous avons développé TechShare, un programme de formation pré-IPO, qui a déjà été suivi par 400 entrepreneurs qui souhaitent mieux comprendre l’opportunité et les implications d’une introduction en bourse. Nous leur apportons conseil, expertise, et les mettons en contact avec des dirigeants de sociétés déjà cotées et des experts des marchés. OBIZ, qui s’est cotée récemment, avait par exemple suivi ce programme… ".
Ensuite, contrairement à une idée reçue, l’Europe a les moyens d’une ambition globale qui promeut la tech européenne. Par exemple, Adyen, la fintech néerlandaise, a vu le prix de son action doubler le jour de son introduction. Preuve que le marché européen est prêt à foncer quand le projet s’y prête. Cette nouvelle donne financière s’accompagne d’une tendance de fond, sociétale celle-là : celle de la souveraineté. En accélérant le soutien aux entreprises tech, l’Europe dans son ensemble se positionne dans la course à la technologie face à ses concurrents asiatiques et américains. Or, dans le contexte mondial actuel, c’est tout sauf un détail.
Enfin, d’après Camille Leca, l’implantation européenne n’est pas nécessairement exclusive : "Si le développement d’une entreprise nécessite de développer une présence et une crédibilité importante aux États-Unis, il est tout à fait possible de se coter à la fois sur les marchés européens et américains. S’implanter en Europe ne signifie pas du tout abandonner le marché américain. D’ailleurs, de plus en plus d’investisseurs américains viennent investir dans nos pépites Tech cotées sur les marchés européens" .
Symbole de cet essor de la capitalisation européenne des entreprises tech, l’indice Tech 40 d’Euronext rassemble des PME du secteur afin d'accroître leur visibilité auprès d’investisseurs potentiels. Entre 2015 et 2018, les entreprises du Tech 40 ont levé plus de 2 milliards d’euros. Le vieux continent a de l’avenir.
Maddyness, partenaire média de Euronext