C'est le grand remaniement du côté de la French Tech. Sa directrice, Kat Borlongan, a quitté mercredi ses fonctions de directrice, après un baroud d'honneur : les dispositifs French Tech Tremplin et French Tech Visa, qui lui tenaient particulièrement à coeur, sont renforcés et élargis. Le premier accueillera 500 entrepreneurs et entrepreneuses lors de sa deuxième saison, dont 300 intégreront un des 50 incubateurs partenaires dès janvier. 10 millions d'euros seront consacrés au projet, contre 7,5 auparavant. Le French Tech Visa, lui, est complété par deux dispositifs : une plateforme Welcome to la French Tech, opérée par Business France, qui permet d'améliorer l’accès à l’information et d'optimiser les procédures administratives ; ainsi qu'un accompagnement très concret des talents, y compris en région, grâce au référencement de prestataires en relocation et à la création de la "French Tech International Community" à Station F pour fédérer ces nouveaux arrivants.
"Il y a un sentiment d’appartenance à une communauté qui est plus fort dans la Tech que dans d'autres secteurs et la French Tech s’organise pour accueillir les talents, qu'ils se sentent appartenir à une famille" , observe Franck Riester, ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité. Le président de la République, Emmanuel Macron a rappelé mi-juin 2021 dans un entretien à Maddyness que 150 000 et 200 000 emplois directs et indirects ont été créés au sein des entreprises du Next 40 et French Tech 120. L'enjeu de la French Tech est donc toujours le même : attirer davantage de talents mais aussi à en faire émerger sur son territoire.
Mettre en lumière les startups régionales
C'est ainsi l'autre cheval de bataille du gouvernement : le financement de ces milliers de startups qui éclosent sur l'ensemble du territoire et ne trouvent pas toujours une oreille attentive auprès des investisseurs, encore majoritairement parisiens. La French Tech lance donc French Tech Rise, un concours de startups régionales destiné à promouvoir auprès des investisseurs parisiens en capital-risque (VCs) des pépites régionales en recherche de fonds. Des jurys régionaux sélectionneront cinq startups dans chaque capitale French Tech - trois dans les communautés sans capitale - et les Outremers auront huit représentantes (trois pour les Antilles, trois pour l'Océan Indien et deux pour le Pacifique). Il n'y a pas de critère de secteur mais toutes ces entreprises doivent chercher à lever entre 500 000 et 5 millions d'euros et avoir moins de 15 ans. Elles seront invitées en novembre à un événement de networking à Bercy, afin de leur faire rencontrer les investisseurs parisiens.
"On cherche à faciliter la rencontre des pépites en région et des investisseurs, explique Cédric O à Maddyness. Il y a des investisseurs en région mais quand les startups commencent à chercher 2 à 3 millions d'euros, c'est moins simple. Il faut créer ce rendez-vous entre eux et mettre en valeur ce tissu industriel du numérique présent dans tous les territoires. " L'objectif étant évidemment d'encourager les investisseurs à élargir leur spectre de recherche à l'ensemble du territoire. Car même si certains le font, force est de constater que l'Île-de-France, et surtout Paris, cristallise encore la très grande majorité des investissements en capital-risque. "On ne peut pas décréter que les VCs s'intéressent aux régions, soupire Cédric O. La seule manière de faire est de les attirer, les appâter et c'est l'objectif de French Tech Rise. On y arriverait sans cela mais cela prendrait plus de temps. " Le ministre compte sur un effet de "capillarité" pour que les financements ruissellent ensuite sur les autres pépites régionales.
Et si "Paris a historiquement une place très importante" dans l'écosystème Tech, le ministre constate "un embouteillage en région parisienne, de la même façon que la Silicon Valley est embouteillée" . Et vante les ManoMano, Doctolib ou Mirakl qui ont fait le choix d'implanter une partie de leurs effectifs loin de la capitale. "L’émergence de scaleups partout en France aura un effet mécanique d’attraction des talents comme des financements" , veut croire le ministre.
C'est particulièrement vrai pour les Outremers, trop souvent oubliés par les investisseurs professionnels. Les trois dispositifs annoncés par la French Tech s'attacheront donc à mettre en valeur l'ensemble des communautés d'Outremer, qui ont chacune leur spécificités. Cédric O estime que le moment est particulièrement bien choisi pour "capitaliser" sur les Outremers. "Les territoires ultramarins ont une carte à jouer après le confinement : pourquoi les talents auraient-ils davantage envie de télétravailler depuis Bali qu'en Outremer ? " Nos régions ont du talent : il s'agirait maintenant que les investisseurs le récompensent.