Selon un rapport de l’Insee, publié en 2019, 12% des personnes vivant en France ne disposent d’aucun accès à internet, et plus de 30% des usagers manquent des compétences numériques de base. "Ce phénomène est encore plus inquiétant chez les jeunes, puisqu’une personne sur deux, entre 22 et 33 ans, n’a pas les moyens de s’équiper" , se désole Victor Estienney, responsable national des opérations chez Emmaüs Connect, association qui agit pour l’inclusion numérique des personnes précaires. La startup normande Weem, créée en 2017, compte bien apporter une solution à ce problème, grâce à ses cabines acoustiques.
Accompagnement par un médiateur
Contrairement à d'autres entreprises à l'origine de cabines connectées, la startup développée par Clément de Souza et Emmanuel Ratel, s'attaque à un enjeu, qui reste souvent dans l'ombre : celui de l'inclusion numérique. Avec comme objectif d’être déployée dans l’espace public - gares, collectivités, campus étudiants, centres commerciaux, aéroports… -, cette cabine connectée se destine également aux personnes qui ne savent pas utiliser ou n'ont pas accès aux nouvelles technologies. Une fois installée dans la cabine, l'utilisateur ou l'utilisatrice peut être mis en relation avec un médiateur, en visioconférence, qui l'accompagne dans la réalisation de démarches diverses auprès de la Caisse des allocations familiales (CAF), de Pôle Emploi, de l’Assurance Maladie mais peut aussi l'épauler pour sa déclaration d’impôts, pour ne citer que quelques exemples. Afin de proposer un panel d’applications accessibles de faciles d'accès sur l’écran tactile de la cabine, Weem a noué des partenariats avec plusieurs acteurs publics et privés.
"En donnant accès à des services dans des lieux publics, nous visons par ailleurs à transformer du temps perdu — à commencer par les trajets domicile-travail — en du temps utile, explique Emmanuel Ratel à 76actu. Effectuer telle ou telle tâche dans une cabine, c’est autant de temps libre gagné chez soi".
Un déploiement accéléré en 2021
Avec sa cabine, Weem couvre également d'autres usages comme la réalisation de téléconsultation médicale. Dans ce contexte, elle peut être adaptée pour disposer des outils médicaux nécessaires, comme un thermomètre, un oxymètre, un stéthoscope, un tensiomètre… Un moyen, assure la startup, de réintégrer des espaces de consultation dans les déserts médicaux, dans lesquels vivent 7,4 millions de Français. Elle peut également trouver un usage dans le cadre du télétravail en offrant un lieu calme et équipé des outils nécessaires à la réalisation d'une visioconférence de bonne qualité.
Après une levée de fonds de 2,1 millions d’euros en septembre 2020, l’entreprise de 15 personnes a déployé 19 cabines -toutes confectionnées en Normandie- sur le territoire national, et ambitionne d'en essaimer 100 de plus courant 2021. Parmi les dispositifs déployés, trois se trouvent en Île-de-France, deux à Reims et deux autres à Nantes.