Né dans les années 1970, le concept de smart city - ou ville intelligente en français - a pris son essor dans les années 2000 pour devenir un idéal dans de nombreuses métropoles. Les données récoltées et les technologies sont utilisées, au profit de ses habitants et de ses entreprises, pour rendre plus efficace les réseaux et services traditionnels. Mais ce modèle commence à se heurter à certaines résistances, en Amérique du Nord, au Moyen-Orient ou en Europe où les craintes liées à la reconnaissance faciale, notamment, se font sentir. Et si, nous décidons finalement d’utiliser cette technologie pour rendre la ville plus inclusive ? C’est l'appel que lance Urban AI, un think tank français lancé par Hubert Beroche et qui a déjà récolté la signature d’une soixantaine de personnalités mondiales.
La Smart City ne répond aux vrais besoins des habitants
Dans le paradigme de la Smart City, la technologie est utilisée pour optimiser la ville en permettant de choisir le trajet le plus court afin d'atteindre les services et les biens que l'on souhaite - travail, supermarché, cinéma...-. Cette approche a des avantages, reconnaît Hubert Beroche, comme "l’optimisation des services urbains tels que la gestion de l'eau, la logistique urbaine et l'entretien des infrastructures peuvent contribuer à des villes ". Mais elle oublie une partie des enjeux. "Les villes sont plus qu'une plateforme optimisée offrant une expérience utilisateur sans friction. La participation citoyenne ne se réduit pas à la transmission de données et les êtres humains ne sont pas des machines" , estime l’auteur de cet appel.
Le think tank a développé six postulats : les villes appartiennent à leurs habitants; elles sont incomplètes; elles sont des systèmes complexes et évolutifs; elles sont des espaces de liberté et d’opportunité; des espaces où des histoires se créent et se développent; et surtout, elles ne sont pas des bulles artificielles. Selon Hubert Beroche, certaines technologies de la smart city ont tendance à "atrophier" certaines de ces qualités. Les signataires de l’appel lancent une alerte et proposent un nouveau modèle de développement où la technologie serait toujours au centre mais servirait l’urbanité des villes, c'est-à-dire leur caractère inclusif et la bonne entente entre les citoyens.
La population doivent s'emparer des datas
Pour le think thank, afin de façonner ce nouveau dessein, les technologies doivent être :
- localisées car elles émanent d’un contrat social, d’une culture, d’une géographie;
- ouverte à toutes et tous pour être utilisables et compréhensibles;
- décentralisées pour qu'elles responsabilisent les communautés sur leurs usages;
- frictionnelles en encourageant les interactions entre différentes communautés;
- expressive en permettant d'amplifier les idées des habitants;
- écologique en étant frugales.
Hubert Beroche n’appelle pas à repartir d’une page blanche mais à utiliser d’une autre manière les technologies existantes. "Les données et les codes peuvent devenir transparents et compréhensibles pour tous. Les algorithmes peuvent faciliter l'exploration et l'errance et le numérique peut servir le récit urbain" , conclut-il.
Des scientifiques, des experts du sujet mais aussi des élus politiques français et étrangers ont signé cet Appel à l'image d lex Pentland, professeur MIT Connection Science, Sloan IDE and Media Laboratory; Akim Oura, adjoint au maire de Lille; Steve Grimes, assistant Director of Data Analytics at City of New York, Frédéric Mazzella, cofondateur de BlaBlaCar ou encore Cédric Villani, député de l'Essonne, conseiller de Paris ou encore Luc Julia, nouveau directeur scientifique de Renault.