Les outils numériques pour aiguiller les jeunes dans leur orientation prolifèrent depuis le premier confinement et l'instauration du travail et des études à distance. Mais parfois un accompagnement humain est nécessaire. Ainsi, dans le cadre du plan "1jeune1solution" qu’Emmanuel Macron a annoncé, en mars dernier, la création d’un nouveau dispositif, "1jeune1mentor" , pour "soutenir les associations et entreprises dans le mentorat" , expliquait alors l’Élysée. Avec un budget de 30 millions d’euros pour l’année 2021, le gouvernement affiche un objectif ambitieux : celui d’augmenter le nombre de mentorés en France de 25 000 à 100 000 fin 2021, et à 200 000 en 2022.
Si certaines structures déplorent leur absence de cette initiative étatique, l’association Article 1, qui lutte contre l’inégalité des chances chez les jeunes entre 16 et 25 ans, prend part à la réalisation de ce plan. "Nous ne voulons pas avoir seulement quelques belles histoires ou réussites à raconter, mais vraiment impacter la mobilité sociale des jeunes en France, et cela passe par la digitalisation des processus de mentorat, pour acquérir du volume et donner du poids à nos actions" , estime Benjamin Blavier, co-fondateur et président de l’association Article 1.
Compatibilité et mise en relation automatisées
C’est dans ce contexte que la structure a développé Dema1n -anciennement appelé 1A1, une plateforme qui automatise la compatibilité et la mise en relation de jeunes et de mentors bénévoles pour répondre à leurs problématiques. "Pendant le premier confinement, nous avons été confronté à des situations de détresse inédites, avec une explosion des inégalités, des difficultés scolaires et matérielles accrues pour les personnes défavorisées et une perte de sens, voire un abandon des études de la part des jeunes, se désole le dirigeant de l’association. Nous avons donc créé, en quelques semaines, un dispositif digital d’urgence, originellement appelé 'Réussite virale', pour mettre en relation les jeunes avec des volontaires pour les aider sur des sujets ponctuels et immédiats" .
L’association a ensuite transformé l’essai pour faire de cet outil d’urgence une initiative pérenne, qui aide les jeunes sur la durée. "Avec Dema1n, on a digitalisé tout ce qui prend du temps dans la mise en place et le suivi d’un processus de mentorat : l’identification des besoins du jeune, des compétences des volontaires, le process de matching, les conditions de mise en relation…" , poursuit Benjamin Blavier. Une action qui, selon l’association, a permis de créer 3 000 binômes en quatre mois, "alors qu’on en avait jusqu’alors fait 2 000 en quinze ans…" .
"Aider les jeunes à trouver leur voie"
Désormais sortie du contexte d’urgence du début de la crise sanitaire, Article 1 apporte, grâce à son outil, une solution plus large aux jeunes après le Bac. La cible peut y trouver un soutien scolaire sur une matière, des conseils pour l’amélioration d’un CV ou encore découvrir un secteur professionnel qui le séduit. "Nous voulons faire appel à toute personne prête à investir un peu de temps pour un gamin qui n’a pas la chance d’avoir dans son entourage des gens pour l’aider sur ces questions. L'idée est de renforcer les liens de solidarité et d'aider ces jeunes à prendre confiance et trouver leur voie" , résume Benjamin Blavier, tout en précisant que la plateforme est totalement gratuite, pour les jeunes et les bénévoles.
Ne s’arrêtant pas seulement au matching des profils, la plate-forme assure aussi un suivi une fois la mise en relation établie. "Nous voulons nous assurer que le contact est bien pris et qu’il existe une continuité dans le travail du binôme : nous envoyons des demandes de suivi trois fois pendant le premier mois puis une fois par mois" , précise le président de l’association. L’ambition de Dema1n est de se charger d’une belle partie de l’objectif annuel du gouvernement, puisque la plateforme espère pouvoir rassembler 20 000 personnes d’ici fin 2021.