Née en décembre 2019, Ocseed a été créé par l’incubateur régional en Occitanie Nubbo, qui avait identifié le manque de solutions pour les acteurs qu’il accompagnait. "Nous sommes parti d’un constat simple, et particulièrement vrai dans notre région : celui de l’insuffisance de capital de proximité pour les jeunes sociétés innovantes en phase de démarrage, explique Anne-Laure Charbonnier, présidente de la société de capital-risque. Il y a un vrai trou dans la raquette dans la chaine de financement et de très bons dossiers de startups DeepTech naissent ici, mais peinent à décoller car elles ont des objectifs ambitieux et supposent une demande de capitaux élevés" .
L’entrepreneuse a donc imaginé un outil d’investissement dédié au capital-amorçage, spécialement adapté à cette phase critique pour une jeune entreprise. Ocseed a vocation à investir dans toute la région Occitanie et fait le bilan d’une première année satisfaisante, malgré le contexte de crise sanitaire. À ce jour, la structure a financé 11 jeunes entreprises -sur 51 dossiers étudiés par son comité de sélection- pour un montant total de 2,2 millions d’euros, avec des tickets allant 100 000 à 300 000 euros. Elle affiche un effet multiplicateur moyen de 5,53 pour les entreprises sélectionnées.
Des projets technologiques de pointe
"Nous voulons proposer un outil rapide et efficace, explique Thierry Merquiol, directeur général de la société d’investissement. La preuve en est : pour nos 11 investissements, il s’est passé à chaque fois moins de trois mois entre les premières discussions et le versement des fonds… Cette réactivité joue en faveur des entreprises" . Dotée d’un capital de 5 millions d’euros pour cinq ans, la société de capital-risque est financée pour moitié par la Région Occitanie et pour l’autre par quatre banques régionales : Banque Populaire Occitanie, Banque Populaire du Sud, la Caisse d’Epargne Languedoc-Roussillon et la Caisse d’Epargne de Midi-Pyrénées.
Ocseed oriente ses investissements vers des projets technologiques, particulièrement sur la DeepTech, secteur clé en Occitanie, et exclue le BtoC. "Nous trions les dossiers selon la loi des 6 M : marché, money, magie, management, management, management" , précise Anne-Laure Charbonnier. Parmi les projets qu’elle accompagne figure notamment Hinfact, une startup qui propose des solutions permettant de traiter les erreurs de monitoring des pilotes d’avion, qui sont à l’origine de la majorité des accidents et incidents aériens. "Il était logique pour nous de suivre des entreprises innovantes dans le secteur aéronautique pour accompagner les thématiques régionales. Cette jeune pousse permet, dans un endroit où le Covid a frappé de plein fouet les entreprises, de créer de l’emploi en embauchant plus de 30 personnes ultra qualifiées" , détaille Thierry Merquiol. La société d’investissement soutient aussi des BioTech, comme SmartCatch, qui développe des systèmes nanotechnologiques permettant de capturer les cellules tumorales qui circulent dans le flux sanguin, afin d'améliorer le diagnostic et le suivi des cancers. "Toutes nos startups sont à la pointe d’une expertise complexe, et nos porteurs de projets sont des surdoués" , s’enorgueillit le directeur d’Ocseed.
Un ADN d’incubateur
La plus-value de cette société de capital-risque réside aussi dans son ADN d’accompagnement. "Thierry et moi sommes mandataires sociaux non rémunérés pour notre activité sur Ocseed, en "mission d’intérêt général" pour l’incubateur Nubbo, dans lequel nous travaillons, explique Anne-Laure Charbonnier. Notre métier originel étant celui de l’accompagnement, cela nous amène à échanger avec les entrepreneurs sur leur stratégie, à les challenger et à être d’avantage dans une forme d’échange entrepreneurial plutôt que de check-list financière seulement" . Ocseed possède aussi les compétences d’aide et de conseil sur des aspects très pratiques comme le fait de choisir le moment opportun pour aller chercher les bons dispositifs ou les bonnes aides régionales par exemple.
Un bilan positif pour une première d’existence donc, que Thierry Merquiol résume ainsi : "Le pari de départ est devenu gagnant puisqu’il permet à des entreprises innovantes à fort potentiel de poursuivre leur développement. Chaque euro que nous avons investi a généré des investissements ultérieurs : c’était le but recherché" .