Avec une levée de plus de 300 millions d'euros en 2020, la startup du Next40 connue pour l'élevage d'insectes à destination de l'alimentation animale, a enfin les mains libres pour réaliser ses ambitions. Nouvelles usines, internationalisation, création de formations internes, recrutements et lancement dans l'alimentation humaine figurent sur le plan de développement d'Ÿnsect. Depuis ce matin, on peut aussi y ajouter l'acquisition, par rachat d'actions, de son concurrent néerlandais Protifarm, spécialisée dans l'élevage d'insectes à destination de la nourriture humaine. En plus de son accélération sur ce nouveau segment, l'intégration de cette troisième usine permettra aussi à Ÿnsect d'obtenir une place de choix pour ses exportations et d'augmenter sa production. À termes, une fois l'usine d'Amiens rodée, les capacités de production pourraient s'élever à 230 000 tonnes d'ingrédients par an selon le communiqué de presse de l'entreprise.
Apporter rapidement les insectes dans nos assiettes
Pendant longtemps, l'élevage d'insectes à destination de l'alimentation animale a été tolérée puis acceptée. Mais son autorisation dans nos assiettes aura pris bien du temps, comme en témoigne la bataille qui a opposé Jimini's à la France. C'est finalement un avis positif rendu par l’Autorité européenne de sécurité des aliments sur l’utilisation du scarabée Molitor, le 13 janvier dernier, qui a changé la donne. Ÿnsect, qui lorgnait sans doute sur ce secteur depuis quelques temps, n'a pas attendu pour annoncer son intention de se lancer sur cette nouvelle verticale avec sa protéine ŸnMeal. Mais cette décision implique de nouvelles règles car l'alimentation humaine est bien plus stricte et contrôlée et l'arrivée des insectes suscite encore de nombreuses questions. L'acquisition d'un acteur déjà performant sur cette verticale est "une étape clé, qui renforce la position de leader d'Ÿnsect sur le marché mondial et nous permet d’accélérer dans l'alimentation humaine et animale avec des produits complémentaires", reconnaît Antoine Hubert, cofondateur et PDG d'Ÿnsect dans un communiqué.
Tout comme Ÿnsect, Protifarm a également déposé un brevet devant l’EFSA pour la consommation de scarabée Buffalo, qui pourrait devenir la deuxième espèce de scarabée autorisée pour la consommation humaine par l’Union Européenne, et donner un temps d'avance à la société française.
Un avantage commercial à long terme
Protifarm restera implantée aux Pays-Bas pour de multiples raisons comme sa situation géographique et la proximité de ses universités dont celle de Wageningen, qui possède son propre département dédié à la recherche sur les insectes. L'entreprise néerlandaise partagera aussi ses multiples années d'expérience ainsi que ses brevets. Les deux entreprises travaillent sur deux insectes différents, le scarabée Molitor pour Ÿnsect et le scarabée Buffalo pour Protifarm.
Grâce à ce rapprochement et ses développements, Ÿnsect viserait un chiffre d'affaires d'au moins 500 millions d'euros d'ici cinq ans, le marché alimentaire représentant environ 5 à 10 %, rapporte le PDG de l'entreprise au site zonebourse.
Les ingrédients à base de scarabées Buffalo combinent quant à eux de nombreuses propriétés nutritionnelles (vitamines B1, B1, B2, B5, B6, B9, B12, potassium et calcium), une excellente solubilité, et un goût léger, qui les rendent particulièrement adaptés à la consommation quotidienne, détaille le communiqué de presse.
"La demande des consommateurs pour des produits répondant à ces besoins est ainsi amenée à croitre de manière exponentielle dans les années à venir. Le rapprochement des activités de Protifarm, leader dans l’alimentation humaine à base d’insectes et d’Ÿnsect, leader dans l’alimentation animale va nous permettre de répondre à cette demande à échelle mondiale" , commente Tom Morhmann, PDG de Protifarm.