Accélérer la transition agricole pour répondre aux défis du 21ème siècle : telle est l’ambition de Florian Breton derrière l’entreprise MiiMosa, lancée en 2015 après avoir travaillé plusieurs années au sein d’Orange et de M6. Après deux premières opérations cumulant 4 millions d’euros de financement, MiiMosa vient de lever 7,5 millions d’euros auprès de fonds à impact comme Alter Equity, Quadia, de la Fondation Daniel et Nina Carasso mais aussi d’Astanor Ventures, déjà au capital en France de La Ruche Qui Dit Oui et de la licorne Ÿnsect.
La pandémie accélère la transition agro-alimentaire
Le secteur agricole connaît des difficultés structurelles depuis longtemps en France, incitant les nouvelles générations d’entrepreneur·euse·s et d’agriculteur·trice·s à imaginer d’autres outils et d’autres manières de produire et cultiver. Si la transition agricole et alimentaire n’a pas attendu la crise pour entamer sa mue, il est clair, pour Florian Breton, qu’elle a accéléré une certaine prise de conscience. “L’agriculture est en train de gagner un combat, les citoyens ont compris qu’ils étaient déconnectés de leur assiette”, et veulent y remédier, estime le fondateur de la plateforme.
Cette “nouvelle” agriculture - qui touche à la fois le passage au circuit-court et au bio mais aussi le développement de nouvelles protéines ou d’outils pour capter des datas et améliorer les modes de culture - est en pleine croissance selon l’entrepreneur. Les projets sont ambitieux et les besoins des porteurs de projets tout autant. Pour répondre à ces nouveaux enjeux, MiiMosa veut faire grimper sa proposition de valeur d’un cran.
Augmenter encore davantage la taille des financements
À ses débuts, la plateforme proposait uniquement un financement participatif, sous forme de dons ou de contrepartie, comme Ulule ou KissKissBankBank, en s’adressant aux seuls particuliers. Ce qui permettait de financer des projets à hauteur de quelques dizaines de milliers d’euros. En 2018, l’entrepreneur décide de lancer un nouveau produit : les prêts rémunérés, afin de casser “le monopole des banques mutualistes qui détiennent 97% des emprunts réalisés par les agriculteurs”. L’enveloppe augmente pour les créateurs de projets qui peuvent alors récolter jusqu’à 300 000 euros avec, à la clé, un rendement autour des 4% pour les investisseurs.
Un an plus tard, en 2019, MiiMosa reçoit son agrément de conseiller en investissement participatif auprès de l’AMF - l’autorité des marchés financiers-, ce qui lui permet d’ouvrir les campagnes à des personnes morales et d’élever le montant des cagnottes à un million d’euros. Grâce à sa récente levée de fonds, Florian Breton souhaite “diversifier ses produits de financement à travers des obligations convertibles, de l’equity et la création d’un fonds en dette”. Et pour y arriver, il aura aussi besoin de bras, 25 recrutements sont en cours.
Une croissance de 500% en deux ans
La plateforme a déjà permis de financer 4000 projets en 6 ans pour un montant total de 50 millions d’euros avec une croissance annoncée de 500% en deux ans, avec 20 millions en 2020 .D’ici à 2024, son fondateur espère multiplier par 10 sa collecte pour atteindre le demi-milliard d’euros avec 10 000 projets financés. “Ce secteur génère 20 milliards d’euros de crédit par an, un demi-milliard ce n’est pas énorme par rapport à la profondeur du marché”, analyse Florian Breton. Avec cette somme, l’objectif n’est pas de faire exploser le compteur de projets financés mais plutôt d’augmenter les enveloppes. “Les gros projets sont ceux qui ont le plus d’impact sur la transition”, justifie-t-il. Parmi les projets financés par MiiMosa, on trouve la marque “C’est Qui Le Patron ?!” pour 600 000 euros, Poulehouse pour 300 000 euros ou encore la Pisciculture de l’Eure pour 800 000 euros.
Aujourd’hui, MiiMosa accompagne 130 projets par mois environ, dont 12 avec un financement par crédit, pour un financement moyen de 300 000 euros. Hors crédit, la plateforme annonce un taux de succès de 80% et de 100% pour les crédits. Des signes de bon augure pour la plateforme qui devra faire face à la difficulté de nombreuses entreprises en croissance : conserver d’aussi bons chiffres de croissance.