26 février 2021
26 février 2021
Temps de lecture : 5 minutes
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Les Bureaux du coeur ouvrent leurs portes à des personnes en grande précarité

Fondateur et dirigeant de l'agence de communication Nobilito, Pierre-Yves Loäec décide en 2018 de se lancer dans un projet un peu fou : héberger des personnes en grande précarité au sein des entreprises lorsqu'elles sont inutilisées. Quinze entreprises l'ont rejoint dans sa démarche.
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Une fois la journée terminée, les bureaux ferment leurs portes et se transforment en un parc immobilier endormi, chauffé et pourtant vide. Pierre-Yves Loaëc, président fondateur de Nobilito, a décidé de leur donner une seconde utilité. Au sein de l'association, Les Bureaux du coeur, il développe un projet : offrir un espace de repos, chauffé et sécurisé, au sein des entreprises, à des personnes en grande situation de précarité. Grâce au soutien de l'association Saint-Benoît Larbre et d'une dizaines de dirigeants, il a structuré un projet qui a déjà permis d'accueillir sept personnes.

Ouvrir un peu de son entreprise sur le reste du monde

Le concept des Bureaux du coeur est simple : ouvrir un espace limité, à l'intérieur de ses bureaux, à une personne en situation de grande difficulté, lorsque les salariés n'y sont pas, c'est-à-dire, le soir, la nuit et les week-end. L'objectif n'est pas de donner les clés à un invité et lui laisser un accès libre à toute l'entreprise. Chez Nobilito, "nous leur offrons un espace comprenant l'accès à une salle de réunion, une pièce où dormir avec une armoire fermée à clé pour leurs affaires, l'accès au sanitaire, à la douche et à une kitchenette pour qu'ils puissent cuisiner. Ils ont aussi un accès à la télévision" , détaille Pierre-Yves Loaëc. En règle générale, l'espace proposé par les entreprise varie entre 30 ou 40 m2. Le reste de l'entreprise n'est pas accessible.

À l'heure où les bureaux ouvrent leurs portes, les membres de l'équipe croisent l'invité, partagent avec lui quelques mots ou un café et commencent leur journée. De son côté, l'invité part rejoindre l'association où il suit un programme de réinsertion.

"Nous avons réalisé quelques travaux d'aménagement pour mettre en place la cuisine mais ça ne nous a pas coûté grand chose" , précise l'entrepreneur qui chiffre à moins d'un millier d'euros le coût moyen des travaux pour les sociétés qui se sont lancées. Un investissement assez faible à ses yeux. Une quinzaine d'entreprises ont déjà été séduites et ont répondu à l'appel comme ACM Ingénierie. Et sept personnes ont été accueillies. Les invités peuvent rester six mois maximum, renouvelables. Ils ne sont pas choisis au hasard mais par l'association Saint-Benoît Larbre. "Nous n'accueillons pas de personnes avec des problèmes psychiques, nous ne sommes pas travailleurs sociaux" , souligne Pierre-Yves Loaëc.

Un cheminement collectif

Existe t-il des contraintes réglementaires ou législatives ? Les assurances suivront-elles ? Comment développer un tel projet ? Existe t-il des contraintes réglementaires ou législatives ? Les assurances nous suivront-elles ? Les équipes accepteront-elles ce projet ? Toutes ces questions, le fondateur de Nobilito se les est posées.

"Nous n'avons pas vraiment rencontré de difficultés pour monter ce projet mais plutôt des doutes" , confie Pierre-Yves Loaëc. Le premier d'entre eux consistait à savoir si notre idée était légale et si les bailleurs accepteraient une telle situation. "Au départ, les premiers dirigeants étant propriétaire des murs, ils ont simplement eu à faire un avenant au bail" . Mais pour convaincre davantage d'entrepreneurs et de bailleurs, il fallait absolument les rassurer. Un des collaborateurs de Pierre-Yves Loaëc s'est chargé de trouver une assurance qui accepterait d'assurer l'invitation d'une personne externe à l'entreprise la nuit et le week-end. "Il a trouvé. J'ai alors fait joué la concurrence avec ma propre assurance. J'ai un surplus à payer de quelques dizaines d'euros par an, ce n'est pas grand chose" , estime le fondateur de Nobilito.

Le reste du projet se construit petit à petit, en collaboration avec une dizaine de membre du CJD, un mouvement d'entrepreneurs engagés, et l'association Saint-Benoît de Larbre. "Être épaulé par une association est essentielle. Nous ne sommes pas des travailleurs sociaux, nous ne sommes pas là pour nous occuper des personnes invitées dans nos locaux. Si un problème survient, il faut qu'une personne expérimentée puisse intervenir" , détaille l'entrepreneur, heureux de voir que jusqu'ici aucun problème n'est advenu.

Un sas pour se retrouver

Sept personnes ont déjà profité de ce service, pour deux mois ou plus. "Toutes ont une meilleur situation aujourd'hui. Elles ont retrouvé de la dignité, un meilleur hébergement ou ont avancé dans leur programme de réinsertion. La mécanique me semble bonne, détaille Pierre-Yves Loaëc. Il faut de la sécurité et de l'intimité pour s'en sortir. Il faut se connaître et se retrouver avec soi. Nous leur offrons un sas vers la réinsertion." 

Cette belle initiative fait des émules. Plus d'une centaine d'entrepreneurs ont contacté l'association pour partager, eux aussi, une partie de leur espace avec des personnes en grande précarité. "Ce qui nous surprend, c'est que jusqu'ici nous étions surtout contactés par des PME mais maintenant, des grandes entreprises nous contactent aussi" , se réjouit l'entrepreneur. Pour le moment, une quinzaine d'entre elles ont réussi l'audit nécessaire - vérification de la qualité de l'espace offert aux invités - pour être labellisé Bureaux du coeur. En parallèle, l'association nantaise se structure grâce à l'engagement de ses membres, tous bénévoles.

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Légende photo :
Souleymane Diarra, invité avec Pierre-Yves Loaëc