Le PIB français a dégringolé en 2020, sous le coup de l’épidémie de Covid-19. Selon l'Insee, la chute est de 8,3%, engendrant une récession massive de l’économie française. Le plongeon est cependant moins important que ce que prévoyait l’institut, qui tablait sur une chute de 9%. L’épidémie a mieux résiste au deuxième confinement, avec un recul du PIB de 1,3% sur le dernier trimestre, pénalisé surtout par la chute de la consommation des ménages tandis que l'investissement et le commerce extérieur se sont redressés.
Après une croissance de 1,5% en 2019, l'une des plus importantes de la zone euro, l'année 2020 sera celle d'une récession record pour la France depuis la Seconde Guerre mondiale. Jusqu'alors, le plus mauvais chiffre de croissance de la France, depuis 1945, datait de 2009, avec -2,9%, après la crise financière. "L'économie française a connu un choc tout a fait inédit, avec une mise en hibernation d'un certain nombre de secteurs d'activité, et la mise sous cloche de la production et de la consommation" , explique à l'AFP Emmanuel Jessua, économiste à l'institut Rexecode. Le gouvernement tablait lui sur une chute du PIB de 11% en 2020, même si le ministre de l'Economie reconnaissait qu'il s'agissait d'une prévision prudente.
Durant ce deuxième confinement, la perte d'activité a été "bien plus modérée que celle constatée lors du premier confinement de mars-mai 2020" et sur le dernier trimestre, le PIB "est inférieur de 5% à son niveau un an auparavant", souligne l’Insee. La consommation a ainsi de nouveau baissé "fortement" de 5,4% sur la période, en raison des fermetures de commerces, après un rebond de 18,2% au trimestre précédent. À l'inverse, l'investissement a poursuivi sa reprise, en hausse de 2,4%. Par ailleurs, les exportations ont augmenté davantage que les importations pour le deuxième trimestre consécutif (+4,8% pour les premières contre +1,3% pour les secondes), ce qui fait que le commerce extérieur contribue positivement à l'évolution du PIB au dernier trimestre.
La crainte d'un nouveau confinement
L'épidémie de Covid-19, en poussant le gouvernement à stopper ou restreindre fortement l'activité économique pour endiguer les contaminations, s'est notamment traduite par une chute de la consommation des ménages de 7,1% sur l'ensemble de l’année. L'investissement a lui reculé de 9,8%, quand les exportations ont plongé de 16,7% et les importations de 11,6%, au cours d'une crise qui a fortement perturbé les échanges commerciaux.
Pour tenter de contenir les effets de la crise sur les faillites et l'emploi, le gouvernement a mis en oeuvre un arsenal d'aides de plus de 300 milliards d'euros en 2020, mettant en musique le "quoi qu'il en coûte" intimé par le président de la République. Une mobilisation qui va se poursuivre cette année, car malgré l'arrivée progressive des vaccins, l'aggravation de l'épidémie avec l'arrivée de variants menaçants devrait contraindre le gouvernement à durcir les restrictions.
Dans ce cas, pour l'économie, "l'enjeu sera l'ouverture ou non des écoles" , juge Selin Ozyurt, économiste chez Euler Hermes, à l'AFP. Et "si le premier trimestre 2021 devait de nouveau connaître une diminution du PIB, cela serait particulièrement inquiétant dans la perspective d'un retour au niveau d'avant-crise d'ici la fin 2022" , estime-t-elle. "Le premier semestre 2021 va encore être un peu plombé par le durcissement probable des mesures sanitaires" , abonde Emmanuel Jessua, qui juge peu probable que la France puisse atteindre les 6% de croissance, comme le prévoit le gouvernement.