Avec 444,6 millions d'euros levés en 2020 et 84 millions d'euros il y a quelques jours grâce à Indy et Alma, on peut dire que les fintechs se portent plutôt bien. Dominé par les banques classiques et des sociétés de crédit pendant des années, le secteur de la finance est aujourd'hui chamboulé par l'arrivée de nouvelles technologies et de nouveaux usages. C'est sur ce segment que les fondateurs d'eFounders, Thibaud Elzière et Quentin Nickmans, et Camille Tyan, fondateur de PayPlug revendue à Natixis, entendent s'attaquer avec le startup studio dédié aux fintechs qu'ils viennent de monter, le Logic Founders.
Révolutionner la banque
Jusqu'ici, les startups ont surtout repris ce que les banques traditionnelles faisaient en améliorant le service client ou l'interface mais "on observe encore peu d'innovations au niveau des services de paiement, des prêts ou du schéma de distribution" , constate Camille Tyan. "Aujourd'hui, nous entrons dans une nouvelle ère où les services financiers ne seront plus distribués par les banques mais intégrés nativement dans les logiciels, créant ainsi de nouvelles possibilités." Logic Founders développera donc des startups dont le produit principal sera une API qui devra répondre à un des enjeux suivants : l'orchestration des paiements, la titrisation des actifs, les API de prêt, l'identité B2B, la blockchain et les réseaux de crypto. En somme, leur objectif sera de simplifier et sécuriser les échanges financiers.
Les trois associés travaillent déjà sur une première idée concernant le cash management. "Nous avons déjà des conversations assez avancées sur une problématique qui touche les entreprises qui communiquent avec leur banque pour déclencher des prélèvements à grande échelle comme les assureurs. Aujourd'hui, tous les logiciels et outils mis à disposition par les banques se basent sur des systèmes informatiques anciens avec des formats de données et des connexions spécifiques à chaque banque."
Résultat, pour réaliser des virements depuis trois banques différentes, il faut s'identifier à trois reprises. Logic Founders cherche à "développer une plateforme centralisée qui permettrait de communiquer par API avec l'ensemble de ces solutions bancaires et de gérer ces transactions" depuis seul et même espace.
La recette eFounders pour la fintech
Avec 27 startups à son actif - dont 4 fintech (Spendesk, Upflow, Swan et Multis), qui emploie un milieu de personnes et génèrent collectivement plus de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires, eFounders a fait les preuves de sa méthode. C'est aussi pour cette raison que Camille Tyan, à l'initiative du projet, s'est rapproché de l'entreprise.
Le studio sera à l'origine des idées qu'il développera avec deux entrepreneur·euse·s, un·e CEO et un·e CCO. "Nous les intégrerons le plus rapidement au projet, avant même la première ligne de code car ce sera leur société" , souligne Camille Tyan. L'équipe fondatrice bénéficiera ensuite des ressources d'eFounders pour développer la société - designer, business model, growth hacking, juridique - et d'une enveloppe oscillant entre 500 et 800 000 euros suivant les projets, provenant des fonds d'eFounders et de Camille Tyan. Celle-ci servira à la production des premiers produits, aux tests et aux recrutements effectués au cours des 12 à 18 mois d'accompagnement prévus. Au final, chaque startup devrait compter entre 10 et 15 salarié·e·s hors fondateur·rice·s à la fin de cette période. La dernière étape dans laquelle Logic Founders apportera son soutien sera la levée de fonds. Une fois celle-ci réalisée, "nous resterons actionnaires et nous prendrons une place au conseil d'administration mais nous ne les assisterons plus."
Pour sa première année d'existence, le startup studio espère donner naissance à une ou deux jeunes pousses pour atteindre, petit à petit, le rythme de croisière d'eFounders, soit 4 à 6 startups créées annuellement. Si au départ, eFounders et Logic Founders partageront leurs ressources internes, à termes, "nous devrons peut-être recruter un ou deux profils financier très précis mais rien est encore sûr".
Le projet, dévoilé publiquement aujourd'hui mais en ligne depuis la semaine dernière, suscite déjà l'intérêt des entrepreneur·euse·s selon ses instigateurs. "Nous avons reçu plus d'une centaine de candidatures. Contrairement aux idées reçues, avoir une expérience dans la finance n'est pas un pré-requis, nous voulons surtout des entrepreneur·euse·s avec une vision et de la motivation."