Si la pandémie actuelle a renforcé l'intérêt des investisseurs pour le numérique et particulièrement les solutions de télétravail et téléconférence, le secteur de la santé n'est pas en reste. La semaine dernière, le fonds Octopus Venture annonçait avoir levé 100 millions de livres sterling pour investir dans la santé. Aujourd'hui, c'est au tour du fonds Lauxera Capital Partners, créé l'an dernier à Paris et San Francisco par Pierre Moustial, Samuel Levy et Alex Slack, de faire une annonce similaire. Parmi les investisseurs, on trouve Bpifrance, Covea, Tethys , la Compagnie Nationale à Portefeuille, Financière Dassault et Candriam. Cette enveloppe sera destinée à financer des startups européennes et américaines dans le secteur de la healthtech.
La pandémie renforce l'attrait des healthtechs
Même si les hôpitaux ont tenté de gérer au mieux la pandémie, celle-ci a mis en exergue des difficultés déjà bien connues dans le milieu médical. "Une des principales révélations qui a émergé de la crise du coronavirus est la fragilité de nos systèmes de santé, confie Samuel Levy à nos confrères de Sifted, nous sommes donc très intéressés par l'identification de solutions qui peuvent rendre les hôpitaux et la prestation de soins plus efficaces." Le fonds prévoit également d'investir dans toutes les autres verticales touchant à la santé qui pourrait permettre de réduire les durées d'hospitalisation comme les chirurgies très peu invasives.
Le fonds investira des tickets entre 10 et 25 millions d'euros dans des startups rentables ou non en tant qu'actionnaire minoritaire ou majoritaire. Dans certains cas, il pourrait même racheter certaines sociétés.
Rattraper le retard européen
Malgré une année 2020 plutôt positive pour le secteur - les technologies médicales ont levé 271,1 millions d’euros grâce à 44 opérations - l'Europe reste en retard sur les États-Unis.
"L'Europe innove trois fois plus que les États-Unis dans la healthtech par million d'habitants, mais ses sociétés obtiennent neuf fois moins d'investissements. Il y a donc un énorme besoin pour toutes ces pépites à fort potentiel, dont les innovations sont vitales pour l'efficience des systèmes de santé avec des dépenses qui croissent beaucoup plus vite que le PIB" , analysent les trois associés dans un entretien aux Échos.
Les biotechs françaises, et plus généralement la deeptech, réussissent généralement à financer leurs débuts mais peinent souvent à récolter les fonds nécessaires pour changer d'échelle. Bien que très innovants, ces secteurs requièrent des investissements extrêmement importants pour un modèle de développement technologique souvent très long, ce qui ne séduit pas toujours les VCs.
Grâce à cette nouvelle enveloppe, le jeune fonds cherche donc à réduire la fracture entre l'Europe et les États-Unis, en se concentrant sur les pépites européennes qui recevront 80% des investissements, les 20% restant seront consacrés aux sociétés américaines et israéliennes.