Et si on remplaçait les traditionnelles Smartbox et Wonderbox par des coffrets cadeaux solidaires? C’est ce que propose la startup Solikend, née à Biarritz, récompensée par les Palmes du tourisme durable 2020, qui promeuvent des "solutions touristiques innovantes post épidémie Covid-19 " . L’idée ? proposer des "cartes cadeaux", qu’on peut aussi s’offrir à soi-même, pour réserver des chambres, mises à disposition par des hôteliers aux périodes creuses, dont le paiment est intégralement reversé à l’association de son choix (Médecins du monde, Amnesty International, Zero Waste, Cheer up!, l’Arche…).
Mais quel intérêt en tirent les hôtels qui jouent le jeu puisqu'ils n’en perçoivent pas de rémunération? Une question d’autant plus importante que le chiffre d’affaires du secteur a chuté de 60% de janvier à novembre dernier, selon le cabinet MKG Consulting. "Cela permet de valoriser des chambres à des périodes où l'on sait que de toute façon on ne remplira pas l'hôtel" , explique à l'AFP Solenne Devys, directrice générale adjointe du groupe familial Okko Hôtels, dont les dix établissements - à Grenoble, Lyon, Strasbourg, Toulon, Cannes...- proposent chacun vingt nuitées par an.
Fidéliser une nouvelle clientèle
"Nous ne prenons en charge que le ménage... c'est quasiment indolore" , précise-t-elle. "Et cela nous fait connaître auprès d'une catégorie de clients qui n'auraient pas forcément pensé à venir chez nous, et découvrent qu'on est un hôtel solidaire, qui mise sur le développement durable" , poursuit-elle. De plus, les clients à qui la nuitée a été offerte vont souvent "s'offrir des petits extras" : petit déjeuner, coupe de champagne, gel douche ou bougie au parfum de l'hôtel... et parfois, revenir. Après avoir testé le concept à Bayonne, le groupe Okko a vu "certains clients revenir pour un petit week-end dans l'hôtel Okko de leur choix", se réjouit Solenne Devys, qui a "trouvé l'idée assez géniale" .
L'hôtel bénéficie en outre d'une déduction fiscale, tandis que l'association perçoit un don d'un montant significatif. Solikend, de son côté, se rémunère via une contribution de 5 à 25% au choix du client sur le montant de la réservation, et un abonnement semestriel plafonné à 15% des dons, pour les associations. L'objectif est "d'arriver progressivement à un modèle gratuit" pour celles-ci, explique le co-fondateur, Yoann Magnin, ingénieur de formation installé au Pays-Basque depuis sept ans. "Nous avons tous types d'hôtels, du 2 au 5 étoiles et espérons passer à 300 ou 400 établissements sur la plateforme dès 2021".
"C'est une super idée" , estime Nicolas Delattre, gérant de l'hôtel de charme 4 étoiles Adèle et Jules, à Paris. "On est dans une époque où on doit tous faire des petits gestes... et en retour, cela nous permet de développer une petite notoriété auprès de clients français, sachant que notre clientèle est à 80% étrangère" hors crise sanitaire. "Evidemment, nous sommes une entreprise à but commercial et on ne souhaite pas que l'ensemble de nos réservations passent par là parce qu'il faut quand même qu'on vive, qu'on paie nos salaires et nos charges... mais si un petit pourcentage de réservations arrivent par ce biais, c'est une jolie contribution" , conclut-il.
Des débuts difficiles
Comme les autres hôtels parisiens, l'établissement affiche un taux d'occupation catastrophique d'environ 10% et le premier semestre 2021 s'annonce "encore très difficile" . Mais l'hôtelier se dit confiant à moyen terme, "une fois que les frontières vont rouvrir et que la situation sanitaire va se clarifier" , l'été ayant montré que "les gens ont soif de voyages".
Soutenu par la région Nouvelle Aquitaine, Solikend a connu un démarrage fortement ralenti par neuf mois de crise sanitaire, puisque qu’un tiers des 119 hôtels partenaires sont aujourd’hui fermés, faute de clients. Mais la startup mise désormais sur sa collaboration avec des entreprises désireuses d'offrir des récompenses à leurs salariés dans le cadre de programmes de motivation.