24 février 2021
24 février 2021
Temps de lecture : 4 minutes
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Le Covid-19 renforce l'entre-soi dans la Tech européenne

Mouvement né aux Etats-Unis, "Black Lives Matter" a tout de même permis de mettre en lumière le manque d’inclusion sur la scène tech européenne. Mais le nouveau rapport annuel "State of European Tech" d’Atomico révèle l'impact néfaste de la crise sanitaire sur la diversité.
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Republication d'un article du 8 décembre 2020

La crise liée au Covid19 est un coup dur pour les fondateurs de startups même si les Français ont pu bénéficier des aides publiques pour faire preuve de résilience et continuer à lever massivement des fonds. Mais tous les acteurs de l’écosystème sont-ils touchés de la même manière? Non, répond, chiffres à l’appui, le nouveau rapport 2020 "State of European Tech" publié par le fonds Atomico, ce mardi 8 décembre. Ainsi, en étudiant la diversité des profils, 62% des fondateurs dits sous-représentés ont déclaré avoir eu plus de difficultés à trouver des financements cette année - un bond de 31% par rapport à 2019 - contre 54% des fondateurs blancs. La définition d’Atomico de la sous-représentation comprend le genre perçu, l’appartenance ethnique, l’orientation sexuelle (LGBTQ+), le handicap et le milieu socio-économique (y compris l’éducation).

En matière de diversité des genres, les progrès sont au point mort en 2020 selon Atomico : toutes les équipes masculines ont capté 90,8% des capitaux européens levés (90,3% en 2019). Le problème est "systémique" explique le rapport, qui chiffre à 59% le taux de femmes et personnes noires ayant subi une discrimination au cours des douze derniers mois. "Le Covid19 a freiné des changements indispensables, et plus d’actions sont nécessaires si l’Europe veut arrêter de gaspiller ses talents et sa valeur" , soulignent les auteurs de l’étude.

Un manque de données ethniques

Depuis 2018, Atomico tente de dresser un bilan annuel de la scène tech en matière de diversité et d’inclusion, en s’intéressant aux questions de genre, d’âge, de nationalité, d’orientation sexuelle, de milieu socio-économique, d’ethnicité et de neurodiversité. Et si le mouvement américain Black Lives Matter a notamment permis de démocratiser la réflexion autour de l’inclusion des personnes non-blanches dans le secteur, les données manquent au niveau français et européen.

Dans la composition des fondateurs ayant répondu à l’enquête, 83% se sont identifiés comme blancs, et seulement 2% comme noirs. Quand on a demandé aux participants s’ils trouvaient l’écosystème juste pour les personnes de tous horizons et couches démographiques, la plupart ont répondu par la négative, exprimant leurs préoccupations quant aux inégalités prégnantes dans la tech. Si 41% d’hommes blancs estiment que l’égalité des chances est accessible à tous, seules 19% de femmes partagent ce sentiment. 77% des participants noirs, eux, réfutent cette affirmation.

"En tant que fondatrice ghanéenne-allemande, je pense que le plus difficile est d'être prise au sérieux, pointe Nana Addison, fondatrice et directrice de CURL. Comme la plupart des VC sont des hommes blancs de 40 ans et plus, ils ne saisissent souvent pas les idées, les produits ou les opportunités au sein de la communauté des fondatrices et ne comprennent pas du tout ces marchés et leur potentiel de croissance".

Principal problème mis en avant : les inégalités face à l’investissement. Le rapport estime que pour un dollar investi dans le capital-risque au cours des dix dernières années, seulement deux centimes sont allés vers des équipes diversifiées ethniquement. Si le débat sur la possibilité de créer des statistiques ethniques en France fait rage, les données sur l’ethnicité au niveau européen ne sont pas beaucoup plus nombreuses, à l’exception de celles du Royaume-Uni, qui fournissent à elles-seules une preuve flagrante du manque de diversité dans le domaine.

"Nous avons fait de grands progrès dans la recherche d’une plus grande équité entre les sexes, mais pourtant, tant pour les femmes que pour d’autres groupes négligés, il existe toujours d’énormes écarts d’inclusion, s’attriste Ashleigh Ainsley, cofondateur de Colorintech. Encore trop de fonds n’ont pas d’équipes d’investissement diversifiées ".

L’étude souligne que beaucoup de participants estiment être mieux informés et plus habilités à prendre des mesures inclusives pour plus de diversité, mais nombre de personnes sous-représentées pensent toujours que l’industrie est loin de parvenir à créer un environnement où règne l’égalité des chances. Pour 72% des personnes noires et 52% de femmes, leur origine ou leur identité rend leur réussite dans le secteur de la technologie plus compliqué.

Le plus dur reste à faire. "Jusqu'à ce que nous voyions le changement que nous voulons voir, nous devons considérer cela comme une injection dans l'ADN, la réécriture de l'algorithme, et non comme un add-on par souci de diversité" , conclut Nora Bavey, associée chez Unconventional Ventures. 

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