En février dernier, France Active et Bpifrance publiaient une enquête sur l'entrepreneuriat féminin soulignant l'envie, pour 30% des sondées, de créer leur propre entreprise à condition d'être bien accompagnées. "Les femmes font souvent face au syndrome de l'imposteur, ont tendance à se comparer aux hommes et sont plus prudentes et réfléchies ce qui les freinent parfois dans leur passage à l'acte" , reconnaît Sophie Courtin-Bernardo, co-fondatrice avec Dominique Descamps de L-Start, une entreprise qui accompagne les entrepreneuses dans leur projet. Après quatre années d'exercice et plus de 600 femmes soutenues, les deux fondatrices ont décidé de renouveler leur offre en proposant des parcours de A à Z aux participantes.
À la croisée des chemins entre la formation et de l'incubation
L-Start propose une formule d'accompagnement par abonnement. Pour 69 euros par mois, résiliable à tout moment, les entrepreneuses en herbe ou déjà aguerries ont accès à des ressources en ligne. Ce qui leur permet d'avancer à leur rythme, quand elles en ont le temps.
Une fois inscrite, l'entrepreneuse est invitée à remplir un formulaire utilisé par les fondatrices pour établir un diagnostic sur l'avancée de son projet. "Un tiers de nos clientes sont au stade de l'idéation et la moitié ont validé leur idée mais se trouvent au bas de la montagne, les autres sont plus avancées" , détaille Sophie Courtin-Bernardo. La startup leur propose alors un parcours dédié visant à faire évoluer leur projet et les transformer en véritable cheffe d'entreprise. "Si elles travaillent de manière soutenue sur leur projet, elles peuvent arriver au bout de leurs objectifs en trois mois" , promet la co-fondatrice qui reconnaît néanmoins que "cela n'arrive quasiment jamais, en général elle reste un an" . Les entrepreneuses qui préfèrent se focaliser sur une seule problématique, comme la visibilité de leur projet par exemple, peuvent simplement venir picorer les contenus qui les intéressent.
L'accompagnement proposé par L-Start comprend plusieurs briques dont une boite à outils regroupant des fiches pratiques et les démarches à suivre pour protéger sa propriété intellectuelle ou construire son budget annuel, par exemple... "Nous acceptons de vérifier leurs déclarations en cas de besoin" , rassure Sophie Courtin-Bernardo qui veut montrer que, malgré le caractère distanciel de leur solution, il y a de l'humain derrière.
En plus de ces outils, des ateliers de formations thématiques d'une heure et demi environ sont animées par des expertes, membre du réseau L-Start (60 heures disponibles en tout). "Notre choix s'est porté sur des femmes qui sont avocates, développeuses, expertes comptables..." , une manière de rassurer les participantes et leur montrer que la réussite est possible. Dix mentors féminins viennent compléter cette trentaine de spécialistes. Imaginée comme une communauté, L-Start mise également sur l'entraide des autres entrepreneuses en cas de difficulté.
Objectif : devenir leader de l'accompagnement féminin à distance
Les plus motivées peuvent demander à obtenir un coup de pouce supplémentaire grâce à quatre formules. "L'executive" permet de travailler pendant trois mois en petits groupes de 4 à 6 personnes tandis que la formule "platinium" propose un suivi individuel de trois mois pour accélérer son chiffre d'affaires et reprendre en main le pilotage de son business. "Les boosts" permettent de se focaliser pendant une heure sur un point très précis et "les schools" de suivre une formation sur une thématique particulière. Ces compléments sont payants, entre quelques centaines et un millier d'euros.
Depuis son lancement, L-Start a attiré environ 600 participantes dont "une centaine, très investie, forment le noyau dur" , admet Sophie Courtin-Bernardo. Si 60% se situent en France, 40% sont déjà à l'étranger.
Malgré une concurrence avéré, les deux associés sont confiantes et ambitionnent de multiplier par dix la part d'entrepreneuses hyper actives (soit mille) sur leur plateforme d'ici trois ans afin de devenir le leader de l'accompagnement féminin à distance. Pour se départager d'un Livementor, "qui propose une solution similaire à la nôtre", la co-fondatrice mise sur son expérience "beaucoup plus senior et qualifiée". Sophie Courtin-Bernardo a travaillé plus de dix ans dans l'export et dans une business unit dédiée aux cosmétiques. Dominique Descamps, de son côté, a oeuvré dans un cabinet d'audit avant de fonder une crèche parentale en Italie et de rejoindre un cabinet d'avocat pour aider les entreprises en difficulté. "Nos profils se complètent bien et permettent de travailler sur les difficultés et la croissance" , conclut la co-fondatrice.
Le contexte actuel, bien qu'économiquement compliqué, pourrait bien doper les créations d'entreprise d'ici quelques mois. Le Covid-19 pousse, en effet, certains Français·e·s à penser à une reconversion afin de trouver plus de "sens" dans leur emploi.