Le rachat de Shine par Société Générale à la sortie du confinement, ou en tout cas son annonce, pour 100 millions d'euros selon des informations de presse, est l'illustration d'un mouvement observé depuis trois ans et qui devrait se renforcer avec la crise : la consolidation dans le secteur des Fintechs françaises. Entre 2015 et 2019, il y aurait eu 20 opérations de fusions-acquisitions selon un décompte de l'observatoire de la fintech. Outre Shine, on peut citer Compte Nickel par BNP Paribas, KissKissBankBank par La Banque Postale, Pumpkin par Crédit Mutuel ou encore l'acquisition par la startup IbanFirst de deux entreprises en Allemagne et aux Pays-Bas.
"Dans le climat d’incertitude actuel, les investisseurs vont continuer à concentrer leurs investissements du second semestre 2020 sur les opérations en phase avancée. Les Fintechs moins matures pourraient donc rencontrer des difficultés pour lever des fonds. Les investissements opportunistes, de la part d'entreprises et de sociétés spécialisées en capital-investissement à la recherche de bonnes affaires, vont sûrement se multiplier", explique Fabrice Odent, associé, responsable du secteur Banque chez KPMG France, cité dans le rapport Pulse of Fintech du cabinet d'audit et de conseil.
Le secteur demeure attractif du point de vue des rendements. Mais dans la période actuelle, les fonds devraient délaisser les paris faits sur les jeunes pousses pour se tourner naturellement vers les entreprises ayant développé une expertise technologique et/ou des revenus récurrents. Ainsi, les startups plus matures devraient capter dès lors une plus grande partie des capitaux, estime le rapport. Paiement, néo-banques et établissements de crédits, qui intègrent déjà les nouveaux enjeux de la gestion des données internes et externes, sont les cibles préférées. "La maturité des investissements se traduira également par l'accélération des opérations de consolidation, par des Fintechs désireuses d’élargir leur offre de produits et/ou de services", ajoute Fabrice Odent, cité dans un communiqué.
On note qu'au niveau mondial, les investissements dans le domaine de la cyber-sécurité ont dépassé le record de 2019 (592,3 millions de dollars) pour atteindre 870,8 millions de dollars.
44% d'investissements en moins en France dans les Fintechs au premier semestre
La France est devenu un marché qui compte en Europe avec un écosystème qui a vu émerger de solides challengers (Alan, October, Lydia, Swile, Younited Credit, etc.) et ce, dans toutes les verticales : assurance, paiement, prêts aux entreprises et à la consommation... Pour rappel, en début d'année, Qonto a levé 104 millions d'euros auprès notamment de Tencent, intégrant ainsi le top 10 européen. Et October vient de collecter 258 millions d'euros, pas pour son développement, mais pour financer les PME européennes qui empruntent via la plateforme.
Rappelant les initiatives du gouvernement et de Bpifrance, en faveur du développement du secteur, KPMG indique que 343 millions d'euros ont été investis dans les Fintechs en France au premier semestre, via du capital-risque, du private equity ou des fusions-acquisitions. C'est près de deux fois moins qu'un an auparavant, à 619 millions d'euros. Les startups françaises ont surtout pâti de la pandémie avec un deuxième trimestre 2020 deux fois moins florissant que le premier.
Dans le monde, les investissements dits corporate dans les Fintechs sont restés soutenus mais en fort recul au premier semestre 2020, à 12,2 milliards de dollars. Cette tendance mondiale devrait se confirmer au second semestre. Par ailleurs, l'étude précise es activités de fusions-acquisitions ont en revanche chuté fortement dans toutes les régions du monde. Au premier semestre 2020, les opérations de fusions-acquisitions ont représenté 4 milliards de dollars au niveau mondial, contre 85,7 milliards de dollars au second semestre 2019.
En termes de méthodologie, les données et l'analyse sous-jacentes de ce rapport ont été fournies par PitchBook Data, Inc ("PitchBook") le 10 juillet 2020 et utilise leur méthodologie de recherche et de classification pour les transactions.