Les entrepreneur·euse·s vont-ils abandonner la voiture ? Pas pour leurs déplacements personnels - qu'importe qu'ils se déplacent en SUV ou en monocycle, non ? - mais pour leurs projets innovants. Avec les bouleversements induits par le confinement et la crise économique qui en a découlé, de nombreuses villes ont constaté des changements d'habitudes dans les déplacements quotidiens des Français·es, notamment une explosion des trajets à vélo. De quoi donner des idées aux Géo Trouvetou ?
Pour l'instant, pas encore. Via ID, qui dispose à la fois de l'accélérateur thématique le Moove Lab et d'un fonds d'investissement dédié, s'est de longue date positionné sur le créneau des mobilités douces et durables. Et ne constate pour l'instant pas de pic d'activité de son deal-flow. Néanmoins, souligne Maureen Le Baud, partner du fonds, "Il y a un engouement des entrepreneurs dans l'univers du vélo parce qu'ils ont de plus en plus envie d'avoir un impact sur l'environnement. C'était déjà le cas avant la crise mais la tendance se confirme" .
La voiture cristallise les innovations
Reste que les innovations autour de la mobilité se concentrent aujourd'hui autour de la voiture. Selon un panorama dressé en 2017 par Bpifrance, près de 90% des startups cherchent à "hacker" le transport routier, y compris dans des logiques de mobilité douce comme le covoiturage. Une véritable bascule peut-elle avoir lieu au profit des vélos, de la marche ou des transports en commun ? Pas tant que les usages resteront, eux aussi, concentrés sur le véhicule, fût-il électrique ou autonome : la dernière enquête de l'Insee sur cette question précise que 70% des déplacements quotidiens sont réalisés en voiture, contre 16% en transports en commun, 7% à pied et 4% en deux-roues... Le marché de la voiture étant davantage développé, les startups qui ont vocation à scaler se tournaient tout naturellement vers celui-ci.
La crise a cependant quelque peu bouleversé les vérités jusque-là établies. "Dans le cadre de la crise du Covid-19, les autorités publiques vont devoir redéfinir leurs politiques et orientations en matière de transport et de mobilité. De même, les entreprises du secteur devront nécessairement adapter leurs offres et leurs modèles opérationnels" , note ainsi le cabinet Deloitte dans une étude sortie au printemps sur les effets de la crise sur le secteur. Mais les effets seront-ils vraiment ceux que l'on croit ?
Micro-mobilité VS longue distance ?
En-dehors de la voiture, la micro-mobilité est l'un des principaux sujets plébiscités par les entrepreneur·euse·s. "C'est le deuxième secteur représenté dans notre portefeuille" , confirme Maureen Le Baud. Et le sujet a encore pris de l'ampleur durant la crise. "La micro-mobilité a fortement bénéficié de l’après-Covid, grâce à un push réglementaire, poursuit l'investisseuse. Les mutations avait déjà commencé mais se sont amplifiées et beaucoup d’opportunités vont se créer autour de cela." Le forfait vélo de 50 euros mis en place, et dont certaines villes envisagent d'en étendre la portée, a contribué à doper les usages.
Dans le même temps, "au-delà des impacts à court terme, la crise du Covid-19 devrait entraîner des changements importants pour le secteur, comme la démocratisation du télétravail" , note encore Deloitte. Ce qui pourrait, a contrario, favoriser à nouveau les transports longue distance... notamment la voiture, en raison du contexte sanitaire compliqué qui est en train de s'installer. Difficile, voire impossible donc, de prédire à quoi ressemblera la mobilité de demain et les innovations qui pourront la dessiner. Le cabinet a cependant esquissé plusieurs scénarios.
Les prochains mois seront cruciaux pour évoluer la portée à long terme de la crise : les Français·es changeront-ils durablement leurs habitudes ? Parviendront-ils à abandonner leur voiture ? Dans le même temps, les innovations qui verront le jour et les infrastructures développées seront-elles à même de favoriser une transition au-delà du véhicule personnel ? Les entrepreneur·euse·s planchent activement sur le sujet. À eux désormais de faire préférer le train, le vélo ou la marche aux Français·es !