"On ne le dit pas assez : les entreprises du numérique créent des emplois. Et dans tous les territoires !" Dans son adresse aux startups qui a eu lieu lundi soir à l'Élysée, Emmanuel Macron n'a eu de cesse de déclarer son amour à l'écosystème tech. Et de le justifier, notamment en soulignant qu'il constitue une réserve d'emplois. C'est l'un des leitmotivs des représentants de cet écosystème, France Digitale en tête : le numérique crée des emplois, qui plus est qualifiés, majoritairement en CDI et bien rémunérés. Il convient donc de chouchouter la filière dans la période de crise que nous traversons pour ne pas mettre en péril ses perspectives de croissance et donc de création d'emplois. Mais combien d'emplois pèse exactement la filière ?
Le numérique au sens large, c'est-à-dire bien au-delà des seules startups, pesait 510 000 emplois en 2018, selon le décompte de l'organisation professionnelle Syntec Numérique, à partir des chiffres de l'Acoss. Cette estimation prend en compte les entreprises de services numériques (ESN), les hébergeurs de données mais aussi les fabricants de logiciels. Le numérique pesait alors 2,6% de l'emploi salarié privé en France. Cette année-là, la filière avait créé 34 000 emplois, ce qui avait fait grimper le total d'emplois créés depuis 2009, soit post-crise financière, à 151 000.
Et les startups, dans tout ça ?
Sauf que les startups constituent un microcosme au sein de la filière numérique. Et possèdent autant de définitions que de représentants, ce qui rend leur recensement et celui des emplois qu'elles créent d'autant plus complexe. Mais différents acteurs structurants s'y essayent. C'est le cas de l'emblématique French Tech, dont le tableau de bord affiche 18 000 entreprises employant 353 000 salariés, soit une moyenne de 19 salariés par structure. Soit une part de 1,8% dans l'emploi salarié privé français. Notons que la définition de startup est prise ici au sens large : il s'agit des entreprises innovantes de moins de... 20 ans, bien loin donc des "jeunes pousses" qui ont généralement quelques années.
Surtout, l'écosystème startup reste très divers : au sein même du French Tech 120, qui recense les 123 entreprises les plus en vue de la French Tech, certaines culminent à plusieurs milliers de salarié·e·s - à l'instar de Veepee qui affiche plus de 2000 collaborateur·rice·s - tandis que d'autres, notamment parmi les Biotechs, ne se targuent que d'une poignée d'employé·e·s. Alors l'écosystème parviendra-t-il à créer 400 000 emplois d'ici 2022, comme le prédisait en 2018 une étude réalisée par le BCG et le groupement de structures d'accompagnement La Boussole ? Quelque 3000 postes sont aujourd'hui ouverts et recensés par France Digitale. Objectif du lobby ? Que les petits ruisseaux fassent les grandes rivières.