Assurer la maintenance de 30 000 kilomètres de rails, la circulation de 15 000 trains, l’accessibilité de 300 gares (on a plus de 3 000 gares…) et garantir une bonne expérience à la dizaine de millions d’utilisateurs et utilisatrices ayant téléchargé son application : voilà les enjeux auxquels doit faire face SNCF au quotidien. Conscient des atouts du digital pour faire évoluer ses différentes activités, le groupe SNCF a décidé en 2015 de lancer un vaste plan de digitalisation de son organisation et de lui allouer, en 2017, une enveloppe de 900 millions d’euros à dépenser sur trois ans.
Pour accompagner cette transformation auprès des collaborateurs et des clients, SNCF a créé les “maisons digitales 574”, en référence au record de vitesse atteint en 2007 par le TGV, 574km/h. Installées au plus près des équipes terrain, à Saint-Denis, Nantes, Lyon, Toulouse, ou encore Lille, elles ont pour objectif de se nourrir de l’innovation environnante. En cinq ans, les “574” se sont forgés une place de choix dans le développement des métiers des collaborateurs et collaboratrices du groupe, autant que dans les services proposés aux usagers. Grâce à l’IoT, la réalité virtuelle, les drones et les jumeaux numériques imaginés dans ses maisons digitales, le groupe SNCF s’est donné pour ambition d’imaginer et développer le futur de la mobilité.
Un fonctionnement calqué sur les startups
Ouvertes aux 270 000 collaborateurs et collaboratrices du groupe, les “maisons digitales 574” accueillent des équipes projets aux compétences transversales, des intrapreneur·e·s et de simples curieux·ses. Pour ces lieux implantés dans de nombreuses régions (Occitanie, Auvergne Rhône-Alpes, Ile-de-France, Hauts de France, etc) l'objectif est simple : favoriser une émulation des esprits. Pour y arriver, SNCF n'hésite pas à s’inspirer des codes et des méthodes des startups. “Espaces collectifs équipés d’écrans, murs d’écriture, mobilier facilitant la modularité et l’agilité, management collaboratif et design thinking sont utilisés pour favoriser la créativité” , explique Henri Pidault, directeur d’e.SNCF. Pour accélérer les projets, les équipes des “574” utilisent la méthode 3-3-3 : 3 jours pour passer de l’idée au projet, 3 semaines pour le cadrer et 3 mois pour le prototyper.
Les “574” hébergent également les “Fabs”, des centres d’expertise du groupe dédiés à l’IoT, au Big Data ou encore à l’internet industriel, ce qui leur permet de passer de l’idéation à la construction effective de solutions dans un même lieu. Grâce à ces dispositifs, le groupe crée les innovations directement avec les équipes métiers en permettant au public cible de tester à chaque étape et en conditions réelles les innovations imaginées pour eux. Leurs retours d’expérience permettent de faire évoluer les solutions créées et d’en vérifier la viabilité. Les projets hébergés sont choisis en fonction de leur transversalité (métiers, compétences) mais aussi “de leur capacité à être déployés sur le territoire”.
En s’installant loin des centres névralgiques du groupe, ces maisons cherchent à faire sortir les équipes du groupe de leur zone de confort.
La collaboration au cœur de cette stratégie
L’implantation des “maisons digitales 574” est stratégique. “Hormis Saint-Denis qui représente les différents sièges des Activités du groupe, le choix de Nantes, Toulouse, Lyon, Lille et bientôt Marseille s’inscrit dans la recherche de villes labellisées “French Tech” afin de travailler avec des écosystèmes innovants locaux” , explique Henri Pidault. L’un des principaux rôles des animateurs des “574” est également de sourcer toutes les structures (startups, grandes entreprises, écoles, centres de recherches) avec lesquelles le groupe pourrait collaborer.
La maison toulousaine a choisi de s’installer au sein de l’IoT Valley, un écosystème regroupant différents acteurs de l’IoT pour accompagner les entreprises dans leur innovation et transformation digitale. Cette place de choix la rapproche ainsi de partenaires potentiels. Cette immersion dans les territoires favorise clairement les interactions avec des startups et des entreprises qui possèdent une technologie ou un produit utile au groupe. Pour favoriser les échanges avec les territoires, les maisons digitales ont initié différents partenariats en vue d’accélérer les projets innovants utiles à SNCF. Le " 574 " Lyon met en œuvre des projets numériques avec, par exemple, des partenaires comme EDF, Bosh, Volvo/Renault Truck... réunis au sein de La Ruche industrielle autour de la thématique Usine 4.0
Le " 574 " Toulouse profite, de son côté, de la présence d’Airbus et du CNES pour échanger sur la stratégie d’open-innovation de SNCF. Les 574 organisent aussi des sessions de “Lunch & Pitch” au cours desquelles des startups issues des territoires viennent présenter leurs solutions aux équipes SNCF, toujours dans une approche d’open-innovation.
Entre acculturation et inspiration, les 574 imaginent le futur de SNCF
Les “574” sont également des lieux “d’acculturation des agents aux enjeux technologiques actuels” qui transforment déjà le travail au sein du groupe. Des conférences et des Ateliers 574 sont organisés pour sensibiliser l’ensemble des collaborateurs et collaboratrices SNCF, quel que soit leur métier : l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle, l’internet des objets et leur montrer les solutions en cours de développement. La recette semble marcher.
Depuis leur lancement, “chaque structure approche un taux d’occupation de 100%, nous devons même refuser du monde” , explique fièrement le patron d’e.SNCF. Plus de 12 000 personnes foulent chaque mois le sol de la maison Saint-Denis en plus des 500 collaborateurs et collaboratrices SNCF qui y travaillent à temps plein. Fort de ces premiers succès, le groupe entend déjà ouvrir une nouvelle entité à Marseille cette année et peut-être une autre dans le Grand-Est .
Si SNCF innove au sein des territoires, elle n'hésite pas à aller piocher l’inspiration à plusieurs milliers de kilomètres de là. En effet, le groupe dispose d’une maison digitale à San Francisco. Bureau d’analyse des tendances technologiques, ce “574” travaille avec “la Fab Open Innovation de SNCF, dont l’une des missions est d’alimenter les entités de SNCF sur les tendances numériques, les grands enjeux du digital et l’évolution des modes de consommation impactés par le numérique…” , indique Henri Pidault. Plus concrètement, le 574 San Francisco effectue un double travail de veille technologique et de mises en relation avec des startups prometteuses. Il scrute les innovations naissantes de la Silicon Valley et envoie des recommandations à la direction Innovation et Recherche du groupe. Il recense également des startups avec lesquelles SNCF pourrait collaborer.
Maddyness, partenaire média de SNCF