Tribunes par Manuela Garampon
15 août 2020
15 août 2020
Temps de lecture : 5 minutes
5 min
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Freelances dans la tech : vous avez dit précarité ?

Le freelancing fait couler beaucoup d'encre. Bien souvent dépeint comme l'avenir du travail, le freelance n'est pourtant pas toujours le Graal du bien-être... et surtout pas dans la tech, domaine pourtant tellement porteur.
Temps de lecture : 5 minutes

Republication du 1er juillet 2019

Qui dit freelance dit souvent liberté, autonomie, métier de passion… Mais ne nous y trompons pas : la réalité est souvent bien loin de cet idéal ! Le statut d’indépendant est aussi synonyme de protection sociale limitée, d’activité fluctuante et d’une incontestable lourdeur administrative. Une réalité mitigée donc, et un statut pas toujours enviable. Qu’en est-il en particulier dans le domaine des technologies, du numérique et de la data, particulièrement dynamique et où le marché des talents est particulièrement tendu ? Les indépendants sont-ils à envier ou éprouvent-ils les mêmes difficultés ?

La tech, un secteur plutôt favorable aux freelances

Force est de constater que la situation y est plutôt meilleure que dans d’autres secteurs. À niveau d’expérience égal, un·e développeur·euse web freelance ou un·e consultant·e SAP éprouvera plutôt moins de difficultés à trouver des missions et sera mieux rémunéré·e qu’un·e photographe ou un·e consultant·e en communication indépendant·e.

D’abord, parce que la guerre des talents est particulièrement intense sur ces domaines de compétences, les entreprises se livrant bataille pour attirer et fidéliser les meilleurs profils. Ensuite, parce que dans la tech et le numérique, les entreprises travaillent souvent en " mode projet ". Un mode de fonctionnement qui se prête très bien au freelancing, avec des besoins en compétences ciblés et limités dans le temps.

Et cette tendance s’accélère : les entreprises s’ouvrent de plus en plus à l’idée de collaborer avec des freelances et se structurent pour une meilleure intégration de ce statut, qui allie flexibilité et expertise. Pourtant, à y regarder de plus près, la réalité est plus hétérogène qu’il n’y paraît.

Des situations hétéroclites

Comme dans tous les secteurs et domaines d’activité, il peut être difficile pour les consultant·e·s freelance de se rendre visibles auprès des entreprises. D’autant plus qu’ils·elle sont en concurrence avec les ESN (anciennement SSII) qui répondent souvent aux mêmes besoins.

Par ailleurs, la logique de l’offre et de la demande varie beaucoup selon le domaine et la fonction. Si un·e consultant·e expert·e du progiciel de gestion SAP, de surcroît spécialisé sur un module spécifique, pourra fixer un taux journalier moyen  entre 600 et 1000 euros, un·e webdesigner se contentera bien souvent d’une rémunération comprise entre 300 et 400 euros par jour travaillé.

Les débutants peuvent quant à eux éprouver des difficultés à se faire une place parmi les experts, les entreprises n’embauchant jamais un freelance pour le former. Et sur des missions à moindre niveau d’expertise, elles feront plus volontiers appel à des services offshore, moins coûteux.

A l’opposé, certain·e·s freelances tech présentent un profil de " Rockstar " : niveau d’expérience très élevé, compétences très pointues et recherchées, et excellentes références. Ces profils ont une situation particulièrement enviable car ils sont sur-sollicités par les recruteurs et agents, donc en position d’imposer des niveaux de rémunération très élevés et des conditions contractuelles particulièrement avantageuses.

Ces profils rares ne connaissent pas de période de latence entre deux missions, ont souvent des salaires plus élevés qu’en CDI, et la possibilité de choisir leurs missions en toute liberté. Tous les avantages du statut d’indépendant… sans les contraintes !

Freelances dans la tech : quelle est la recette du succès ?

D’abord, il n’y a pas de miracle : le succès est d’abord réservé à ceux qui font leurs preuves en matière de résultats et de performance dans le travail. La fiabilité et l’irréprochabilité sont fondamentales.

Et ce n’est pas tout. L’esprit entrepreneurial compte. Car travailler en freelance est un choix de vie qui ne convient pas à tout le monde. Il faut savoir gérer l’aspect relationnel et instaurer la confiance avec ses clients. Jongler entre savoir-faire et savoir-être. Et savoir faire les bons choix de carrière.

Que signifie faire les bons choix de carrière quand on est freelance dans la tech ? D’abord se spécialiser dans les domaines d’expertise et/ou les secteurs où le besoin est élevé. Parmi les profils très " cotés " du moment : les consultant·e·s SAP, les spécialistes des technologies Microsoft ou encore les expert·e·s en sécurité et infrastructure…

Il faut ensuite monter sans cesse en compétences et continuer à se former, se construire un bon CV avec des expériences solides, se tenir au courant et s’adapter aux évolutions technologiques. Enfin, savoir valoriser son profil et ses expériences, gérer sa visibilité et entretenir son réseau. Pas facile lorsqu’on est indépendant, et que l’on a souvent tendance à se focaliser souvent sur le présent ou l’avenir proche.

Mais bonne nouvelle, il est possible de se faire accompagner : les acteur·rice·s du recrutement et expert·e·s du sourcing dans le domaine de la tech sont bien placés pour guider les professionnel·le·s dans la gestion de leur évolution, ainsi que dans la valorisation présente et future de leurs compétences.

En résumé, si les freelances dans la technologie ont la chance d’évoluer sur un marché ultra dynamique, leur réussite repose sur le fait de savoir saisir les bonnes opportunités, tout en se positionnant sur les meilleures niches d’expertise. Et se constituer ainsi un profil de " Rockstar ".

Manuela Garampon est cofondatrice et COO de Club Freelance, société spécialisée dans le placement de consultants dans le domaine de l’informatique et de la technologie.

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