C'est historique : pour la première fois, le total semestriel des fonds levés par les startups françaises est en baisse d'une année sur l'autre. Alors qu'elles avaient levé plus de 2,6 milliards d'euros au premier semestre l'an dernier, elles n'en ont totalisé cette année que 2,285 milliards. Le nombre d'opérations est lui aussi en baisse, passant de 377 en 2019 à 308 sur les six derniers mois.
Le coupable est évidemment tout désigné : le coronavirus. En effet, le début d'année s'était révélé prometteur, avec près d'un milliard d'euros levés en janvier-février, contre à peine plus de 700 millions l'année dernière. Mais la dynamique s'est grippée au mois de mars, confinement oblige. Les startups ont alors levé 170 millions d'euros, soit moins de la moitié de ce qu'elles avaient réussi à engranger l'an dernier (383 millions). Au final, le premier trimestre a presque réussi à maintenir le niveau de collecte de l'année dernière (1,125 milliard d'euros contre 1,157 milliard en 2019).
On a cru un moment que le deuxième trimestre pourrait (déjà) être celui de la relance. Si en avril, le nombre d'opérations s'est révélé historiquement bas, le montant collecté laissait quelques espoirs (298 millions d'euros, soit une hausse de 75% par rapport à mars), confirmés en mai avec un niveau d'investissement inespéré pour un mois traditionnellement peu favorable aux startups - avec 566 millions d'euros collectés, l'écosystème signait alors une excellente performance. Las, le mois de juin a douché les rêves de grandeur de la French Tech. Avec 293,82 millions d'euros rassemblés, c'est le deuxième plus mauvais mois de l'année. Une situation d'autant plus critique que les investisseurs ont pourtant repris du service, comme en témoignent les 63 opérations recensées, la deuxième meilleure performance cette année après janvier.
La Fintech a le vent en poupe
Le grand gagnant de ce début d'année est l'investissement en amorçage : il concentre à lui seul un tiers des opérations, avec une nette percée en juin, où les levées de seed ont représenté 46% des opérations ! Preuve que la crise n'a pas rafraîchi les investisseurs hors VCs, toujours prompts à prendre des risques auprès des nouvelles pépites. Les VCs se sont eux aussi montré dynamiques, comme en témoignent les 131 opérations en série A, soit 42% des opérations recensées ces six derniers mois. A contrario, le late stage est resté timide en ce début d'année, avec seulement 7 opérations au-delà de la série C...
Du côté des secteurs, la Fintech s'impose comme le secteur le plus en vogue de cette première moitié d'année. Avec 301 millions d'euros levés, elle concentre plus de 13% des investissements, de loin le secteur le plus fructueux ! Avec 19 opérations, c'est aussi l'un des plus prolixes. Elle est suivie par les technologies marketing (242 millions d'euros) et les Greentech (178 millions d'euros). La Deeptech et les startups de la RH et du management (166 millions d'euros pour chaque secteur) ont elles aussi été très actives en ce début d'année. Surprise : les startups médicales - Biotech et Medtech - ont perdu de leur superbe depuis l'année dernière.
Enfin, Paris reste le centre névralgique de l'écosystème : avec 40% des opérations mais surtout 60% des fonds levés, la capitale cristallise l'essentiel des flux financiers. Le reste de l'Île-de-France bénéficie également de la concentration des investisseurs à Paris et la région Auvergne Rhône-Alpes reste la plus active, hors région parisienne, avec 15% des opérations et 10% des sommes levées.