L’absence de bureaux, la crise l’a bien montré, soulève pléthore de questions et de problèmes : comment maintenir la motivation de ses salarié·e·s, conserver les valeurs de son entreprise, réussir à instaurer de la confiance à distance, préserver l’esprit d’équipe, etc. Pour faire le point sur cette épineuse problématique, Maddyness a rencontré le Partech Shaker, campus d’innovation du fonds d’investissement Partech, afin d’avoir le regard d’un lieu de l’écosystème sur la question.
S’adapter pour endiguer l’abandon des bureaux
Le lieu de 2000 mètres carrés, inauguré en 2014, a bien entendu été impacté par la crise, à l’image de tous les acteurs immobiliers de l'écosystème. “Le Partech Shaker n’a pas fermé, nous avons dû adapter notre offre d'accueil pour les résidents, qui pour certains sont venus travailler durant les mois de confinement.” détaille Sarah Huet, General Manager du Partech Shaker. En termes de business et de conditions d’hygiène, il a fallu réagir vite, et bien. Pour cela, une fois toutes les mesures liées aux contraintes sanitaires adoptées, le Partech Shaker a fait preuve de souplesse à l’égard de ses résidents, notamment sur les délais de règlement des loyers. “Nous avons perdu quelques prospects, mais très vite, grâce aux discussions engagées avec de nombreux fondateurs de startups, nous avons su anticiper la tendance. Les bureaux sont au centre de toutes les discussions de cost-cutting, et la crise a apporté une vraie prise de conscience concernant le coût des bureaux pour une startup” , détaille Sarah Huet.
Pour conserver ses résidents et attirer de nouvelles pépites, l’équipe du lieu a dû repenser une offre sur-mesure, allant du “full remote” au “full physique”. En effet, en plus de bénéficier des avantages liés au réseau Partech en rejoignant le Partech Shaker, les nouveaux résidents pourront maintenant bénéficier d’une offre leur permettant d’allier bureaux physiques et personnel en télétravail avec un nombre de badges disponibles supérieurs au nombre de postes prévus. Par ailleurs, l’ensemble des espaces de réunion et espaces partagés sont actuellement revus pour offrir une offre digitalisée et adaptée aux nouveaux usages. Ainsi l’offre a été repensée pour proposer des bureaux fermés de 4 à 19 postes, des badges flex pour les employés en télétravail qui peuvent passer au Partech Shaker quand ils le souhaitent, la possibilité d’augmenter, diminuer, résilier d’un trimestre sur l'autre son abonnement ou encore réserver des espaces privatisables pour des événements, et ce à des tarifs que le Shaker souhaite compétitifs. L'immeuble, situé au cœur du Sentier dans un immeuble historique (ancien QG du Figaro), a souhaité offrir ces possibilités aux nouvelles startups résidentes, dans la continuité de l'écoute apportée à ces clients historiques.
Arthur Waller, CEO de PennyLane et anciennement co-fondateur de Pricematch (startup rachetée par Booking.com), en témoigne : après avoir lancé Pricematch au Partech Shaker, l’entrepreneur a récemment décidé de reprendre des bureaux au même endroit, et ce, malgré la crise du Covid-19. “La localisation est parfaite, le sentier est un vrai vivier de talents. Le grand point positif du Shaker, c’est la flexibilité : avec Pricematch, on avait pu ajouter des bureaux au fur et à mesure en fonction de la croissance des équipes. Et comme Partech était investisseur chez Pricematch et l’est aujourd’hui chez Pennylane, on a des contacts réguliers avec eux, ce qui est un avantage de poids. Enfin, on a la chance de pouvoir rencontrer toutes les startups et entreprises qui sont en lien avec le Partech Shaker lorsqu’ils passent au lieu, ce qui est top en termes de networking !”.
Les bureaux, un espace de sociabilisation irremplaçable ?
Pourtant, Sarah Huet, interrogée sur le retour à un plein temps en présentiel dans les bureaux, est catégorique : “Non, je ne crois pas à un retour au full présentiel. Le besoin de télétravail était déjà identifié bien avant la crise, et n’a fait que se confirmer ces derniers mois. Les géants des GAFAM l’ont déjà compris, les bureaux peuvent représenter un coût significatif sans compter le temps de transport et donc de travail perdu pour les collaborateurs." Un discours paradoxal de la part du loueur ? Pas tant que cela.
L’idée n’est pas de basculer en “full remote”, parce que, pour beaucoup de salariés, les bureaux conservent une réelle importance sociale - et presque émotionnelle. “Je ne crois pas à l'abandon des bureaux, parce qu’il y a de nombreux process qui sont très difficiles en remote, comme l’onboarding. À certains moments, il est également nécessaire de voir son équipe, pour partager sur le quotidien comme sur les axes stratégiques mais aussi désamorcer certaines situations” , explique-t-elle. Le présentiel fait jouer des codes implicites, qui constituent, selon le sociologue Durkheim, le terreau d’une forme de solidarité et de socialisation entre les membres d’une même entreprise. Le sociologue serait par là sûrement d’accord sur le fait que les apéros Zoom ne valent pas la convivialité de certaines pauses café. Et, il ne faut pas oublier que certaines personnes ne veulent pas faire du 100% télétravail, quelles que soient leurs raisons : lieux de vie, cadre familial, isolement, etc.
Arthur Waller, quant à lui, ne croit pas non plus au passage au full remote : “Il y bien sûr une partie des gens pour qui cela a du sens (chez nous, un tiers des salariés veut faire du full remote, en plus de l’équipe tech qui était déjà en télétravail), mais on a aussi des salariés qui sont dans des petits studios, et qui seraient malheureux et nous quitteraient s’ils ne pouvaient pas venir travailler.”
Alors, on l’a bien compris, côté entreprise comme côté campus de startups, l’heure est à la flexibilité des offres comme des usages. Le meilleur moyen d’appréhender les futures habitudes salariales ?
Maddyness, partenaire média du Partech Shaker