Crise ou reprise? Les données "à haute fréquence", indicateurs économiques en temps réel de plus en plus prisés en complément des statistiques officielles, montrent la réalité contrastée d'une économie qui rentre en convalescence.
Croissance et consommation
Côté macro-économie, l'indicateur de croissance du produit intérieur brut (PIB) édité en temps réel par la société Quantcube montre début juin un impact beaucoup plus fort de la crise sur les économies espagnoles et italiennes (chute d'environ 9% du PIB début juin sur un an) et française (-8%), par rapport à l'Allemagne (-4,28%).
En guise de comparaison, l'indicateur a établi une chute du PIB pour la Chine de 9,3% au premier trimestre, avec un plus bas à -10,2% mi-mars, d'ailleurs largement inférieur aux données officielles du bureau national des
statistiques chinois (-6,8%). La startup française calcule aussi un indice de la consommation. Descendu à -19,1% en France à la mi-avril, il est depuis remonté à -13,5%, toutefois bien moins vite qu'en Allemagne où l'indice est déjà revenu à la normale.
Emploi
Sur le marché de l'emploi, la société Trendeo, qui scrute dans les médias les investissements et désinvestissements des entreprises, notamment industrielles, a enregistré pendant le confinement une baisse de 38% des annonces d'embauches, et une forte accélération des suppressions de postes à la fin de la période de confinement.
"On voit 25% à 30% de ce qui se passe, mais ce pourcentage est plus fort dans l'industrie où c'est plus visible. Il est nettement moins bon dans les exploitations agricoles familiales, dans l'artisanat, ou la restauration qui sont les secteurs très touchés aujourd'hui", explique son créateur et gérant David Cousquer. Au total, "le solde net des créations d'emplois est en baisse de 51% par rapport à 2019, avec une forte dégradation à partir de la mi-mai", note la société. Pour Quantcube qui calcule un index journalier du marché de l'emploi, celui-ci s'affiche à 70 le 1er juin contre un indice 100 il y a un an, mais remonte après avoir touché un plus bas le 11 mai à 60 points.
Factures impayées
Signe de difficultés à venir, la société Sidetrade qui publie, en partenariat avec BFM Business, un pourcentage moyen de factures impayées 10 jours après leur date d'échéance, établit que celui-ci a bondi en France de 19,3% avant la pandémie à 36,5% fin mai. C'est la plus forte augmentation des pays européens analysés. La société revendique l'étude par des algorithmes de 26 millions de factures, 3,7 millions d'entreprises débitrices, pour un total de 54 milliards d'euros.
Indicateurs sectoriels
Côté sectoriel, beaucoup d'indicateurs se concentrent sur le tourisme. Selon le site AirDNA qui analyse les données de location touristique, notamment de la plateforme AirBnB, le nombre de réservations en France était remonté à 174 000 pour la semaine du 18 au 24 mai, après être tombé à 58 000 début avril. Le taux d'occupation reste toutefois largement inférieur à l'année dernière, 41% contre 55% en 2019 pour la première semaine de juin.
Selon le site Flightradar, seuls 84 vols avaient décollé des 5 principaux aéroports français le 1er juin, alors que ce chiffre atteignait 1 201 le 13 mars. Enfin, les données d'Apple montrent elles toujours une baisse de 52% des requêtes d'itinéraires piétons, mais de 9% seulement pour les itinéraires en voiture, alors que ces deux données avaient chuté de près de 90% au début du confinement.