Face aux enjeux de la transition énergétique, le biométhane joue les bons élèves : produit à partir de biomasse et de déchets (agricoles, ménagers, de la restauration collective ou de l’industrie agro-alimentaires), il évite de puiser un peu plus dans les ressources naturelles de la planète ; et comme il possède les mêmes propriétés que le gaz naturel - qui est, lui, une énergie fossile - il peut emprunter les mêmes réseaux de distribution. Serait-ce la solution miracle pour permettre aux bientôt 7 milliards d’humains de se chauffer, cuisiner ou se déplacer sans faire exploser notre planète ?
Peut-être bien mais la route est encore longue jusqu’à pouvoir couvrir en biométhane l’ensemble de nos besoins. “La filière biométhane est une industrie en devenir : les premiers tarifs d’achat ont été publiés fin 2011 et la France compte aujourd’hui 140 unités de production. C’est une filière qui se structure et s’industrialise et dont la courbe d’expérience progresse rapidement”, indique Xavier Passemard, directeur biométhane chez GRDF.
Optimiser la production de biométhane
Pour accompagner le développement de la filière, GRDF lance un appel à projets dédié aux “dispositifs physiques et logiciels pour une supervision intelligente des installations de production de biométhane”. Le distributeur de gaz souhaite ainsi recenser les technologies et innovations capables d’aider les acteurs du biométhane à mieux exploiter leurs unités et à optimiser leur production. “Comment produire à des coûts plus compétitifs, interroge Xavier Passemard. C’est l’une des clés du succès de la chaîne de valeur du biométhane.”
La marge de progression est importante sur de nombreux sujets : de l’augmentation des capacités de production à la prévention des pertes techniques de gaz en passant par l’automatisation des process, le champ des possibles est vaste et la filière constitue un terrain de jeu idéal pour les acteurs de l’IoT et du SaaS. La méthanisation réside dans l’utilisation d’organismes vivants au cours du processus de transformation des déchets . Ce sont en effet des microbes qui, au contact de la matière organique, digèrent la matière en produisant un mélange de CO2, de biométhane et un résidu, le digestat. ”Le problème, c’est qu’on sait ce qu’on met dans le méthaniseur et ce qui en sort mais nous avons parfois trop peu d’informations sur ce qu’il se passe à l’intérieur, au cœur du processus de méthanisation”, explique le directeur biométhane de GRDF. Il faudrait donc utiliser des capteurs capables de s’adapter aux contraintes imposées par les micro-organismes présents dans la cuve afin d’améliorer nos connaissances sur le procédé et pouvoir ainsi l’améliorer.
Mais l’appel à projets ne se limite pas aux capteurs. Les technologies liées à la maintenance prédictive, nécessaires pour minimiser les pertes techniques de gaz et rationaliser ainsi les volumes produits sont également bienvenues. Tout comme les innovations en matière de monitoring qui permettraient d’accroitre la production de biométhane, un levier majeur afin de réduire les coûts de production du biogaz.
Rendre la filière viable économiquement
L’appel à projets est ouvert aux innovations spécifiquement dédiées au biométhane mais aussi celles pensées pour d’autres industries qui pourraient être également appliquées à la filière. Car l’enjeu est loin d’être seulement technique ou technologique, comme le rappelle Xavier Passemard. “Parfois, l’innovation frugale permet de mettre au point des instruments économiquement intéressants qui s’adapteront à l’économie de la filière.” Pas question néanmoins de n’ouvrir l’appel à projets qu’à des solutions qui ont déjà trouvé leur modèle économique. “La filière a besoin de faire émerger des technologies et procédés, qui ne sont pas forcément viables économiquement pour l’instant. Mais il faut se donner collectivement les moyens de les accompagner pour qu’elles puissent le devenir” et ainsi faire du biométhane une énergie aussi incontournable en matière d’écologie que d’économie.
A la clé pour la ou les startups qui sauront répondre à ces nombreuses problématiques : une enveloppe de 35 000 euros et la possibilité de travailler avec les partenaires en R&D de GRDF (l’INRAE ou l’INSA Toulouse, par exemple). Le distributeur de gaz, lui, se chargera d’aider les startups à mieux appréhender les enjeux de la filière dans leurs discussions avec leurs partenaires existants ou potentiels. Les lauréats auront également la possibilité de se faire accompagner par un cabinet de conseil en stratégie. Et, peut-être, d’inventer l’énergie verte de demain ?
Maddyness, partenaire média de GRDF.