Depuis des mois, nous rêvons toutes et tous de boire un café en terrasse, d’organiser un barbecue ou un apéro entre ami.es. Même nos déjeuners boulot nous manquent. Pourtant, à l’heure du déconfinement, l’inquiétude d’une éventuelle contamination demeure. Pour faciliter le retour à une vie sociale en toute sérénité, deux Françaises et un Belge ont inventé Bubbles.
Protéger et préserver ses proches
L’application permet de créer des " bulles " comprenant les personnes que nous croisons régulièrement : collègues de travail, nourrice, personnel de ménage, amis, famille…Chaque membre est ajouté manuellement et reçoit une invitation à télécharger Bubbles pour intègrer notre cercle de proches. En cas de suspicion de contamination ou de test positif à la Covid-19, une alerte est envoyée anonymement ou non, à l’ensemble des contacts de la bulle. Les personnes averties peuvent alors prendre leurs dispositions et choisir de se confiner, se faire dépister et rester particulièrement attentives au respect des gestes barrières.
Utilisable sur smartphone et sur ordinateur, Bubbles ne récupère pas les données personnelles de ses utilisateurs et utilisatrices. Une simple adresse mail suffit pour s’enregistrer.
Contrairement aux solutions de tracking proposées actuellement par les gouvernements et les géants du numérique, Bubbles n’utilise ni le GPS, ni la technologie Bluetooth pour suivre les déplacements de ses utilisateurs ou enregistrer leurs interactions. Le respect du RGPD et de la vie privée des citoyens figuraient parmi les contraintes imposées aux fondateurs de Bubbles lors de sa conception. L’application est, en effet, le fruit d’un hackathon spécial Covid-19 organisé mi-avril.
Une collaboration née du confinement
Lancé en Estonie pour trouver des solutions aux difficultés engendrées par le Covid-19, le mouvement Hack the Crisis s’est déployé dans plus de 50 pays. Son but était simple : transposer le principe du hackathon traditionnel dans le monde virtuel. En France, le concours a réuni plus de 1000 participants (étudiants, salariés, indépendants, designers, développeurs, scientifiques, gamers) autour de quatre thématiques que sont la santé, le lien social, l’économie et l’éducation.
Après avoir discuté sur l’application Discord des idées qu’ils souhaitaient développer, les participants ont constitué des équipes. C’est ainsi que Salomé Muqtadir, UX/UI Designer, Edouard Goossens, pilote de ligne, et Phonevilay Khent, consultante en immobilier d’entreprise, se sont retrouvés à travailler ensemble et à distance sur une application. Des workshops ont été organisés pour les aiguiller durant ces 48 heures aussi riches qu’intenses. Mais c’est surtout le soutien d’épidémiologistes, de designers, et d’experts qui a permis de faire émerger Bubbles.
Une réponse au milieu de celles des États
Depuis plusieurs semaines, les gouvernements se creusent la tête pour trouver les meilleures conditions de déconfinement possibles : port du masque, distanciation sociale... Pour enrayer une nouvelle vague épidémique, certains gouvernements comme la Chine obligent leurs citoyens à utiliser une application de tracking. Alipay Health Code enregistre les déplacements d’un individu grâce au GPS de son téléphone. Si celui-ci se rend dans une zone jugée à risque, son QR Code devient rouge. Il lui est alors interdit de prendre les transports en commun ou de réaliser certaines activités. Google et Apple se sont également lancés dans la course en développant leur propre API.
La solution retenue par les autorités françaises, Stop-Covid, utilise, comme celle de ses homologues singapouriens, la technologie Bluetooth pour enregistrer les contacts croisés par une personne. En cas de contamination d’un des individus rencontrés, une alerte est émise de manière anonyme. Encore en développement, l’application made in France suscite déjà débats et critiques sur l’utilisation des données et l’utilisation que pourrait en faire le gouvernement.
Si Bubbles se place en contrepied de ces deux types de solution en ne misant ni sur le GPS, ni sur le Bluetooth, elle rejoint pourtant l’application française sur un point : sans leur téléchargement massif, leur pouvoir sera nul.