C'était l'événement de ce début d'année : 83 entreprises rejoignaient les 40 déjà sélectionnées pour le Next 40 pour former le FT120. L'indice devait non seulement permettre de mettre en valeur les scaleups françaises les plus performantes mais aussi de leur apporter des outils dédiés pour piloter au mieux leur hypercroissance. Mais ça, c'était avant. Avant la crise sanitaire qui s'est transformée en crise économique et a touché de plein fouet l'écosystème, comme le reste de l'économie française et mondiale.
Depuis quelques semaines, la plupart des startups ont d'autres préoccupations que leur croissance, à commencer par leur survie. "On est tous focalisés sur la gestion du cash, appuie Grégoire Pasquet, cofondateur du voyagiste sur-mesure Worldia. Les entreprises qui jouent leur survie en cherchent, celles qui ont levé récemment et ont de la trésorerie tentent de limiter leurs dépenses pour le conserver et celles dont l'activité décolle grâce à la crise doivent répondre à la demande avec des moyens financiers qui n'étaient pas pensés pour cela." Bref, plus que jamais, l'argent est le nerf de la guerre.
À ce titre, ce n'est finalement pas au dispositif FT120 que les scaleups ont le plus recours mais bien aux aides d'urgence pensées pour toutes les entreprises. "Aucun dispositif spécifique n’a été mis en place pour le FT120, reconnaît Kat Borlongan, directrice de la mission French Tech. C'est pour une raison simple : les difficultés économiques concernent l'ensemble des entreprises. Le choix de Cédric O a été de prendre des mesures spécifiquement destinées aux entrepreneurs et applicables à toutes les startups." Des mesures prises très rapidement et "adaptées à la situation" , se réjouit Grégoire Pasquet.
Préparer l'après-crise
Alors, inutile l'accompagnement dédié à l'élite de la startup nation ? Loin de là. "Faire partie du FT120 nous permet d’avoir une visibilité un peu supérieure sur la mise en place des mesures d'urgence" , atteste le cofondateur de Worldia. Et permet de donner un coup de pouce à certains dossiers, comme le raconte Jean Moreau, cofondateur de la Greentech Phenix : "le remboursement de notre CIR 2018 était en suspens depuis 18 mois et s'est débloqué en quelques jours après en avoir parlé avec notre référent" . Kat Borlongan dément des passe-droit mais souligne avoir "fait en sorte que les startup success managers dédiés aux scaleups du FT120 les accompagnent au mieux dans la mise en place des mesures" mais "sans pour autant créer de traitement de faveur" .
Et si Grégoire Pasquet et Jean Moreau soulignent tous deux la facilité des contacts qu'ils ont pu avoir avec les administrations, la directrice de la mission French Tech précise que c'est lié à la réorganisation de la French Tech et non à la constitution des indices. "Les startups, FT120 ou non, ont bénéficié du travail de fond mis en place par la Mission French Tech depuis plus d'un an sur la mise en place d'un réseau de correspondants French Tech dans les ministères, au niveau national et local. Les liens forts ont permis d'avoir rapidement des interlocuteurs au sein des administrations sensibilisés aux enjeux particuliers des startups."
Preuve que la French Tech s'attelle à soutenir l'ensemble de ses membres plutôt que de se concentrer sur ses porte-drapeaux, les membres du FT120 se sont vu conseiller de garder les trois "voeux" auxquels ils ont droit pour l'après-crise. En effet, toutes les startups membres de l'indice peuvent formuler trois souhaits auprès de leur référent qui les accompagnera pour les réaliser. Pas question néanmoins de les transformer en sésames pour obtenir des faveurs. D'autant qu'ils leur seront particulièrement utiles lors de la reprise. "L'outil que constitue le FT120 est très adapté pour l’ultra-croissance et les besoins spécifiques qui vont avec, estime Grégoire Pasquet. Nos voeux concernent des sujets de croissance et nous les utiliserons donc plutôt après la crise." C'est d'ailleurs dans l'optique de "répondre aux besoins de ces entreprises" que la French Tech a tenu à "poursuivre l'accompagnement des membres du FT120" en maintenant le kick-off du programme qui a eu lieu fin mars.