Republication du 14 avril 2020
Depuis le début de la crise, c'est une véritable course qui s'est engagée. Contre la montre pour lutter face au coronavirus, évidemment. Mais aussi pour sortir le plus rapidement possible des plateformes et des applications facilitant cette lutte. Tout cela avec des moyens limités : de nombreuses entreprises ont fait appel au dispositif d'activité partielle et les membres de la société civile ont beaucoup d'idées mais pas toujours les compétences en code qui leur permettent de les réaliser.
La solution est toute trouvée : utiliser un outil no-code ou, plus exactement, low-code. Il s'agit de plateformes de programmation visuelle qui permettent à tout un chacun de s'improviser développeur ou développeuse sans écrire une seule ligne de code ; et ainsi de créer rapidement et facilement des sites ou applications. "Il s'agit d'environnements de programmation assez simple, avec une logique de modélisation visuelle. En quelques clics, il est possible de les déployer sur le web ou les stores applicatifs" , précise Thomas Groc, cofondateur de l'agence dédiée au low-code Cube. Idéal lorsque les besoins sont légion et que le temps comme les ressources disponibles sont contraints. Comme pendant la crise, par exemple.
La crise comme caisse de résonance
"Nous avons clairement vu une augmentation de l'utilisation de Bubble : depuis mi-mars, les éditions d'applications ont augmenté de 50%, précise Emmanuel Straschnov, cofondateur de la plateforme de programmation visuelle. C'est très ciblé sur les solutions liées au coronavirus, d'autant que nous avons rendu notre service gratuit pour les applications liées à la crise." Pierre Launay, cofondateur de Cube, confirme : "il y a effectivement un sursaut numérique avec la crise. C'est assez inédit : la crise fait resurgir tous les symptômes du low-code : l'urgence et le besoin de solutions rapides" .
Le low-code a donc gagné ses lettres de noblesse en un temps record, comme en témoigne le succès de l'application SupportLocal, créée grâce à Bubble puis rachetée et propulsée à l'échelle nationale par le média américain USA Today. Elle permet tout simplement d'acheter des bons cadeau chez des commerçants de proximité, à utiliser après la crise, afin de renflouer leur trésorerie. "On constate un effet viral : certaines applications, créées avec des outils low-code, marchent bien. Cela suscite l'intérêt et les utilisateurs ont du temps pour apprendre à maîtriser ces technologies" , analyse Emmanuel Straschnov pour expliquer l'engouement soudain autour du low-code. "La crise accélère une tendance qui était en train de débuter mais n'était pas encore très visible."
Réinventer la programmation
Pour Pierre Launay, la crise permet aux citizen developers - des salariés qui ont "une casquette business mais une culture produit" - de se révéler. Et pose les bases d'une petite révolution en matière de développement. "Les technologies low-code adressent le coeur de la transformation numérique et rapprochent les équipes métier et IT. La demande en applications va exploser dans un futur proche et il faudra trouver des moyens d'absorber cette demande."
Pas question pour autant de jeter le code avec l'eau du bain. Mais cette période inédite peut aider les équipes de développement à envisager une nouvelle répartition de leur temps. "Le low-code permet d’automatiser des tâches et que les développeurs se concentrent sur des tâches à forte valeur ajoutée, explique Thomas Groc. Le low-code peut facilement s’interfacer avec les équipes actuelles de développement." Si la crise a d'ailleurs contribué à mettre en valeur des projets créés par des non-développeurs, elle pourrait ainsi modifier durablement le profil des utilisateurs des technologies low-code, comme l'illustre Emmanuel Straschnov. "Au départ, les utilisateurs étaient à 100% des profils non techniques, parce que les produits créés par des plateformes low-code n'étaient pas assez bons par rapport à ce qu’on pouvait faire avec du code. Aujourd’hui, ce sont des outils que des codeurs peuvent utiliser."