Dire que l’industrie de la mode est mauvaise pour la planète serait un doux euphémisme. Dans son rapport A new textiles economy : Redesigning fashion’s future de 2017, la Fondation Ellen MacArthur pointe ainsi du doigt que l’industrie textile représenterait 1,2 milliards de tonnes de CO2 émises dans le monde. Pourtant, nos habitudes de consommation n’évoluent pas aussi vite que le réclame la situation planétaire.
Pierre et Jean Forestier ont grandi dans les Pays de Loire. Tous deux souhaitent faire évoluer la consommation de vêtements des Français. Leur idée ? Proposer un vestiaire complet pour homme et femme qui soit plus respectueux de l’environnement et entièrement fabriqué en France. De quoi permettre de limiter les émissions de gaz à effet de serre engendrés par le transport à outrance des matériaux de production puis l’importation des produits finis.
C’est ainsi qu’est née Gratitude, une marque de vêtements proposant actuellement deux modèles de chemises unisexes, l’un classique et l’autre à col mao, disponibles en deux coloris : blanc et beige. Autre particularité, les chemises Gratitude sont intégralement confectionnées en lin. Cette matière est thermorégulatrice. En été, elle permet de ne pas avoir trop chaud et en hiver de conserver la chaleur.
Mais le lin offre surtout plusieurs avantages sur le plan écologique. Tout d’abord, la France est le premier producteur de lin au monde. Comme le soulignait en 2016 un rapport du ministère de l’agriculture et de l’alimentation, la France couvre entre 50 et 60% de la production mondiale de lin textile. Sa production est majoritairement concentrée dans les Hauts de France, là où les deux frères se fournissent. Autre aspect pratique ddu lin, celui-ci ne demande pas d’irrigation, contrairement au coton qui réclame, en moyenne, 10 000 litres d’eau pour un kilo. De plus, tout peut être utilisé dans la production de lin, ce qui permet de diminuer les déchets.
Pour rester dans le 100% made in France, le tissage est réalisé dans un atelier à Tours, les étiquettes (fabriquées en coton bio) sont produites dans le Sud de la France et les boutons (en nacre ou bois) sont produits dans le Jura.
Soutenir une production transparente
Pierre et Jean Forestier souhaitent lancer leur première collection de chemises cette année. Grâce à une campagne de financement participatif lancée sur Ulule, les premières livraisons pourront avoir lieu dès le mois de juin.
Afin d’être tout à fait transparents avec les contributeurs, les deux jeunes entrepreneurs mettent à leur disposition la répartition des coûts de production de leurs chemises. Ainsi, on peut apprendre que les matières premières reviennent à 22,25 euros, la production à 47,72 euros, le packaging à 3 euros, le transport à 5 euros. Au total, le coût de revient est donc de 73 euros, auxquels il faut ajouter 9 euros pour la communication de la marque iet 7 euros pour la campagne Ulule. D’où un prix de vente à 89 euros, auquel les chemises étaient vendues pour les tout premiers acheteurs. Désormais, le tarif est de 95 euros par chemise, bien en-deçà des 120 euros qu’elle coûtera après la campagne.
Le premier palier de cette campagne était de 3000 euros pour lancer la production. Celui-ci a été dépassé, tout comme celui de 6000 euros qui doit permettre le lancement d’une seconde collection avant la fin de l’année. Le nouveau palier, de 9000 euros, doit permettre d’organiser un événement de lancement à Angers durant lequel les premières livraisons auront lieu en main propre.
Pour participer à la campagne de financement, les contributeurs peuvent mettre de 1 à 359 euros. Les contreparties vont du remerciement à la réception d’une à plusieurs chemises (quatre maximum). La campagne prendra fin le 13 avril.